Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Protistes (suite)

Ils se reproduisent généralement par scission binaire. Une telle multiplication sans noyau différencié ne nécessite pas de processus mitotique. L’A. D. N. fibrillaire, porteur de l’information génétique, se dédouble et se répartit en deux masses distinctes dans la cellule, qui s’étire et se clive en son milieu. Les nouvelles cellules obtenues se séparent ; elles peuvent également demeurer fixées bout à bout et constituer ainsi des filaments chez les Algues bleues et chez certaines Eubactéries. Une sexualité rudimentaire, se manifestant par des transferts de fragments d’A. D. N. d’un individu à l’autre, est connue chez les Bactéries.


Nutrition, métabolisme et absorption des aliments

Certains Protistes inférieurs sont autotrophes ; ils fabriquent leurs matériaux cellulaires à partir d’éléments simples tels que le carbone, l’oxygène, l’azote et diverses substances minérales. D’autres, dits hétérotrophes, ne peuvent effectuer leurs synthèses qu’à partir de substances organiques préexistantes et se nourrissent d’autotrophes ayant effectué pour eux les synthèses préliminaires.

Chez les Algues bleues et les Bactéries autotrophes, qui, comme les végétaux, fabriquent des substances organiques à partir de l’eau et de l’anhydride carbonique (CO2), l’énergie provient des réactions effectuées au cours de la photosynthèse*. Dans ce processus, l’énergie lumineuse arrache des électrons à la chlorophylle, qui les remplace par des phosphates libres d’origine alimentaire. Ces groupements phosphatés sont transférés ultérieurement aux molécules d’A. D. P. pour reformer l’A. T. P.

Les hétérotrophes, uni- et pluricellulaires (animaux), sont chimiosynthétiques. En milieu oxygéné, leur énergie est entretenue par la respiration. Des substances particulières, les cytochromes, sont le siège de transferts d’électrons. Ceux-ci, captés par l’oxygène respiratoire, sont remplacés par des groupements phosphatés transférables à l’A. D. P.

En l’absence d’oxygène, il y a fermentation. Les cytochromes sont remplacés par des substances organiques, des sucres par exemple, qui perdent de l’hydrogène et le remplacent par des phosphates ; ceux-ci, comme dans les processus précédents, seront transférés à l’A. D. P. Chez de nombreuses Bactéries et Levures, la respiration fait place à la fermentation en l’absence d’oxygène. Il existe en outre des Bactéries non photosynthétiques, mais autotrophes, capables d’utiliser directement le CO2 comme unique source de carbone et d’oxygène. L’énergie nécessaire aux synthèses provient alors de l’oxydation de substances telles que le soufre (Sulfobactéries), l’ammoniac ou les nitrates (Bactéries nitrifiantes), éventuellement le fer (Ferrobactéries).

La pénétration des substances nutritives s’effectue selon divers procédés chez les Protistes inférieurs. Dans tous les cas, la membrane cellulaire doit être franchie ; l’enveloppe externe des Bactéries, étant poreuse, ne constitue pas un obstacle à la pénétration des aliments.

Les petites molécules et les substances dissoutes pénètrent soit passivement par simple diffusion, soit activement. Elles sont, en ce cas, introduites dans la cellule par un processus de pompage assuré par des substances nommées perméases.

Les grosses molécules organiques qui ne peuvent franchir la membrane cellulaire sont fractionnées en éléments plus petits par une digestion préliminaire. Cette digestion est effectuée par des enzymes sécrétées dans le milieu extérieur par les Bactéries hétérotrophes. Ces enzymes sont variées et spécifiques ; c’est ainsi que les lipases décomposent les lipides ; la cellulase et la chitinase fractionnent respectivement la cellulose végétale et la chitine du tégument des Insectes. Il existe également des hydrolases, des amylases, des enzymes protéolytiques, etc. Selon leur équipement enzymatique, les Bactéries attaquent et absorbent des catégories d’aliments bien définies.


Les Protistes inférieurs et la biosphère

Par leur prolifération rapide en milieu favorable et la diversité des processus métaboliques qui leur permettent de vivre dans des milieux variés, aérobies ou anaérobies, les micro-organismes constituent qualitativement et quantitativement un élément de premier ordre dans le maintien et l’équilibre de la biosphère.

Certains, photosynthétiques, transforment et utilisent à la façon des plantes l’énergie solaire ; d’autres récupèrent des éléments minéraux produits par la décomposition des organismes morts et les transforment en composés de nouveau assimilables par les êtres vivants. Ces éléments parcourent en quelque sorte, par l’intermédiaire des Bactéries, un cycle les faisant passer du monde minéral inanimé à la matière vivante organisée. Citons par exemple le cas du soufre et de l’azote, inutilisables à l’état pur par les êtres vivants.

Le soufre organique est réduit en hydrogène sulfuré (SH2) par certaines Bactéries à la mort des organismes ; il est alors récupéré par les Sulfobactéries et transformé en sulfate assimilable par les plantes et d’autres micro-organismes. De même, l’azote des organismes en décomposition est transformé en ammoniac, puis métabolisé par deux groupes de Bactéries nitrifiantes successives, nitrosantes puis nitratantes, et ainsi transformé en nitrate utilisable par les plantes.


Relations entre les Protistes inférieurs et les Métazoaires

Ces relations sont de deux sortes. Elles sont dites symbiotiques lorsque les participants associés en tirent un bénéfice réciproque. Elles deviennent parasitaires lorsque l’un des individus se développe au détriment de l’autre.

Les relations symbiotiques s’établissent avec les végétaux comme avec les animaux. Citons le cas des Légumineuses, qui fixent l’azote atmosphérique grâce aux Bactéries présentes dans leurs racines, et celui des Ruminants herbivores, qui ne possèdent pas l’équipement enzymatique nécessaire à la digestion de la cellulose. Leur panse constitue un véritable bouillon de culture où prolifère une énorme population de Bactéries libres ou hébergées par des Protozoaires susceptibles de dégrader la cellulose en éléments assimilables. Toutes les affections microbiennes peuvent être considérées comme parasitaires.