Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

prostate (suite)

Structure

La glande prostatique est constituée par deux portions crâniale et caudale. La portion crâniale, sus-montanale et périurétrale, associe des glandulaires et un fort support conjonctive-musculaire ; elle n’apparaît qu’au 7e mois de la vie embryonnaire. La portion caudale, en cône évidé, emboîte la glande crâniale ; c’est donc la partie périphérique de la prostate ; sa structure est alvéolaire, exclusivement glandulaire ; elle se développe à partir du 3e mois intra-utérin. L’intérêt pratique de cette dualité est que le cancer prostatique naît dans la glande caudale alors que l’adénome naît dans la glande crâniale.


Physiologie

La prostate est essentiellement une glande à sécrétion externe : sa fonction est de sécréter le liquide prostatique. Celui-ci est utile à la dilution du sperme lors de l’éjaculation (il constitue 26 p. 100 du volume de l’éjaculation), à la mobilité des spermatozoïdes, à la conservation de leur vitalité et à la neutralisation (son pH est de 6,6) de l’acidité uro-vaginale. Bref, il a une action importante dans le processus de la fécondation. Par contre, la glande prostatique ne joue aucun rôle dans la virilité proprement dite.

Les prostaglandines

Ces substances, présentes en grande quantité dans le liquide séminal (de 200 à 500 mg/ml), se retrouvent en plus faible proportion dans la plupart des tissus, où elles semblent jouer un rôle hormonal. On a isolé plus de 16 prostaglandines différentes, toutes dérivées de l’acide prostanoïque.

Elles agissent sur la contraction des muscles lisses (qu’elles provoquent ou inhibent), sur la pression artérielle, l’ovaire, le rein, le système nerveux.

Elles sont utilisées en gynécologie pour provoquer l’avortement ou déclencher l’accouchement ; d’autres sont expérimentées dans le traitement de l’hypertension, du coryza, de l’asthme, etc.

J. B.


Maladies prostatiques

On croit communément que la pathologie de la prostate se résume à l’« hypertrophie », facteur de troubles mictionnels (difficulté d’uriner) et apparaissant vers la soixantaine. En réalité, elle est beaucoup plus diversifiée et peut intéresser par des manifestations infectieuses tous les âges de la vie. Deux types d’affection doivent être retenus : les infections et les tumeurs. Comme la prostate est branchée sur le trajet de la voie excrétrice de l’urine, sa pathologie sera dominée par des signes urinaires, et le pronostic par les conséquences du retentissement rénal éventuel des maladies prostatiques.


Infections prostatiques ou prostatites

La localisation microbienne au niveau de la prostate se fait à partir d’une porte d’entrée locorégionale (urétrite, infection urinaire) ou lointaine par voie sanguine (furoncle, angine, sinusite). Deux types de prostatite sont d’individualisation précise, la prostatite aiguë et la prostatite chronique.

• Prostatite aiguë. La fièvre, la cystite, la dysurie (parfois rétention vésicale complète) et les douleurs pelvipérinales caractérisent son tableau clinique. Au toucher rectal, la prostate est hypertrophiée, dure et douloureuse. Il faut rechercher une porte d’entrée. Le germe responsable est souvent le staphylocoque ou le gonocoque. L’évolution sous antibiothérapie est en général régressive. Faute de traitement, elle peut conduire à un abcès prostatique, qui doit être drainé dès qu’il est collecté ; sinon, il se fistulise dans l’urètre ou dans le rectum, ce qui peut être un mode de guérison spontané, mais peut aussi constituer un drainage insuffisant et favoriser le passage à la chronicité.

• Prostatite chronique. Elle est rarement la séquelle d’une prostatite aiguë. C’est plutôt une complication des urétrites chroniques, des rétrécissements, des infections urinaires négligées et en particulier de la tuberculose rénale. Parfois, elle s’accompagne de lithiase prostatique (calculs). Le tableau clinique est fait de dysurie, de pollakiurie. Il y a des filaments purulents dans les urines. La prostate est dure et irrégulière au toucher rectal, parfois au contraire molle et comme évidée. Ce qu’il faut retenir de cette affection que le traitement tempère est qu’elle peut se compliquer d’une sclérose du col vésical, facteur de rétention vésicale incomplète et de retentissement rénal. La résection endoscopique ou l’évidement transvésical de la prostate doit prévenir ou traiter à temps celui-ci.

Les autres prostatites sont souvent à évolution subaiguë. Si certaines sont d’origine ou de symptomatologie infectieuses évidentes, la plupart évoluent sans pus dans les urines, sans fièvre et se caractérisent par une sensation de malaise ou de douleurs périnéales tenaces et déprimantes.


Tumeurs prostatiques

• L’adénome. C’est une tumeur bénigne, encapsulée et clivale, qui s’observe à partir de la soixantaine. Il est constitué par deux lobes latéraux entourant la partie sus-montanale de l’urètre en dehors du sphincter lisse. En avant, les lobes latéraux sont réunis par une mince commissure antérieure ; en arrière peut se développer un troisième lobe, dit « médian ». L’adénome refoule la capsule prostatique, laissant persister un plan de clivage : c’est lui qui permet l’énucléation chirurgicale.

L’adénome se révèle par des troubles mictionnels à développement insidieux (pollakiurie nocturne, dysurie) ou par accident évolutif (rétention vésicale complète, incontinence par rétention vésicale incomplète [miction automatique avec « globe vésical »], hématurie, complication infectieuse : cystite, épididymite, adénomite, lithiase vésicale, insuffisance rénale). La prostate est globuleuse, lisse, régulière, de consistance élastique au toucher rectal.

Il est indispensable de faire une urographie intraveineuse pour juger du retentissement éventuel de l’adénome sur le haut appareil urinaire, du résidu vésical après la miction, d’une lésion associée (calcul, diverticule vésicaux). Le danger de l’adénome négligé est le retentissement rénal : stase ou dilatation des uretères pelviens refoulés ou comprimés par l’adénome, dilatation calicielle, avec ou sans insuffisance rénale, qui peut s’établir à bas bruit. On opère l’adénome s’il gêne la vie du malade ou s’il menace la fonction rénale. Si les reins sont urographiquement muets, il est utile de mettre une sonde à demeure pour drainer les cavités rénales et juger si l’altération rénale est réversible ou non. Dans ce cas, le risque opératoire est grand, et la sonde à demeure constitue un palliatif parfois préférable.