Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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prospection pétrolière (suite)

• Les diagraphies. On appelle ainsi les well logs électriques qui sont les représentations graphiques des mesures précédentes. L’informatique permet de rassembler, de transmettre et d’interpréter les données obtenues par carottage : les mesures, enregistrées sur bande magnétique par le laboratoire de géophysique installé sur la plate-forme de forage même, sont transmises par radiotéléphone ou par satellite de communications à un centre de traitement où elles sont transformées en diagraphies représentant une vingtaine de paramètres. Des exemplaires des diagraphies sont imprimés simultanément, par restitution optique, au siège de la compagnie qui procède au forage. L’ordinateur est de nouveau utilisé, car les renseignements contenus dans les diagraphies sont tellement nombreux et variés qu’il était, naguère, impossible de les exploiter à fond. D’autre part, l’analyse de ces renseignements permet non seulement de guider la prospection pétrolière, mais, en cas de découverte, de calculer les caractéristiques du gisement, telles que sa porosité ou sa perméabilité, et d’en déterminer les conditions d’exploitation optimales.

Enfin, la géochimie, qui est une approche scientifique pour essayer d’élucider des phénomènes fondamentaux comme la formation des dépôts sédimentaires, la transformation de la matière organique et l’accumulation des hydrocarbures dans le sous-sol, est alimentée par toutes ces informations obtenues en cours de forage sur la nature physique, chimique et minéralogique des gîtes souterrains.

La plus grande partie du pétrole qui reste à découvrir se trouvant plus profondément enfoui sous la terre ou sous les mers, hors de portée des moyens de recherche employés initialement, la prospection de surface ne peut plus la déceler, d’où l’importance considérable prise par les méthodes de sondage-carottage.


Prospection pétrolière dans le monde

L’exploration des divers continents et de leur prolongement sous-marin, ou plateau continental, varie énormément suivant les conditions géographiques et suivant la politique choisie par chaque pays.


États-Unis et Canada

Le bassin appalachien de Pennsylvanie orientale fut prospecté intensivement après la découverte de Drake en 1859 et resta jusqu’en 1900 la principale région productrice des États-Unis. Stimulée par une législation libérale et une demande insatiable, la recherche pétrolière s’étendit rapidement à tous les bassins sédimentaires du pays, où il se forait 50 000 puits chaque année. Même aujourd’hui, malgré le coût très accru de l’exploration, ce chiffre reste supérieur à 30 000, dépassant largement l’ensemble des autres pays. Les zones les plus fructueuses sont, dans l’ordre, le Texas, la Louisiane, la Californie et l’Oklahoma ; la recherche s’oriente de plus en plus loin en mer, notamment dans le golfe du Mexique, peu profond et riche en pétrole off shore.

En 1968, une découverte très importante au nord de l’Alaska fut faite dans une des régions les plus inhospitalières du monde : comme il est presque impossible de se déplacer sur la toundra marécageuse après le dégel, c’est en hiver par – 40 °C que s’effectuent les campagnes de géophysique, le matériel et le ravitaillement étant acheminés par avion.

Au Canada, les régions les plus favorables à explorer se sont révélées être dans l’Alberta, sur le versant est des montagnes Rocheuses, mais il est probable que le Grand Nord et les archipels arctiques sont pétrolifères au même titre que l’Alaska ou la Sibérie.


Union soviétique

Dans cet immense territoire de plus de 22 millions de kilomètres carrés qui se caractérise par de vastes terrains sédimentaires, les régions intéressant la prospection pétrolière ne représentent pas moins de 10 millions de kilomètres carrés.

Historiquement, la province de Bakou, sur la rive occidentale de la mer Caspienne au pied du Caucase, recèle le plus ancien gisement connu, ses feux éternels étant un lieu de pèlerinage 2 000 ans avant que Marco Polo, au xiiie s., ne décrive, après Hérodote, sa grande fontaine de naphte. Vers 1900, la célèbre péninsule d’Apcheron était perforée de 1 700 puits, implantés à moins de 100 m les uns des autres, qui avaient extrait plus de la moitié du pétrole produit dans le monde à cette date. Ce riche gisement, situé à seulement 300 m de profondeur, est aujourd’hui presque épuisé, mais la structure pétrolifère se poursuit jusqu’à l’autre rive de la mer Caspienne, dont la profondeur ne dépasse que rarement 500 m.

Le gisement s’étendant entre Volga et Oural, baptisé « Second-Bakou », fournit depuis 1945 la plus grande partie du pétrole et du gaz soviétiques à partir de gisements du Paléozoïque : grès du Dévonien, calcaires du Carbonifère et du Permien. Son prolongement septentrional, à l’ouest de l’Oural, commence à être prospecté à son tour et à révéler des possibilités gazières notables.

Mais les réserves de gaz naturel les plus importantes du monde sont presque certainement en Sibérie arctique, notamment dans les sables du Cénomanien (Crétacé supérieur) de l’Ob inférieur : l’absence d’huile de ces gisements, qui se prolongent sous l’océan Arctique, s’expliquerait par leur faible profondeur (1 500 m) et une maturation incomplète de la matière organique.

La province de l’Ob moyen, en Sibérie occidentale, prospectée depuis 1960, est considérée comme le grand réservoir de pétrole soviétique : plus de 30 champs ont déjà été découverts dans les sables du Jurassique et du Crétacé inférieur, entre 2 000 et 3 000 m.

L’Union soviétique dispose encore de vastes gisements de pétrole et de gaz en Ukraine ainsi qu’en Asie centrale, et la plus grande partie de ses bassins sédimentaires, notamment en Sibérie, est à peine reconnue, encore moins explorée.


Moyen-Orient

Il y a 2 500 ans que fut creusé le premier puits de pétrole, à Suse en Iran, sous le règne de Darios. Non loin de là, en 1908, après sept ans de recherches infructueuses, les prospecteurs britanniques atteignaient à 360 m de profondeur, dans les calcaires du Miocène inférieur, le premier des riches gisements du Moyen-Orient à être découvert.