Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

propagande (suite)

Mais il n’y a pas seulement les conditions pour que la propagande soit possible, pour qu’elle réussisse, il faut aussi une certaine prédisposition de l’individu. L’idée centrale est qu’il n’y a de réussite de la propagande que par la complicité du propagandé. Toutefois, il faut faire attention au fait qu’il ne s’agit pas là de la réussite de telle propagande (ayant tel contenu déterminé), mais bien du fait même de la propagande (quels que soient son orientation ou son contenu). Il faut que l’homme ait besoin de propagande pour qu’elle réussisse. Cela se produit lorsque les cadres sociaux et idéologiques sont fortement ébranlés et mis en question, lorsque le corps social demande à l’individu des efforts ou des sacrifices considérables, lorsque l’individu se sent perdu dans une situation désespérée ou incompréhensible. L’une de ces situations, très courante, est l’excès d’information. L’homme est assailli par des milliers d’informations, dont il ne comprend pas le plus grand nombre et qui sont généralement inquiétantes ou traumatisantes : il a absolument besoin d’être rassuré, éclairé, d’avoir une explication globale et satisfaisante, un cadre dans lequel les informations peuvent se situer ; or, c’est typiquement la propagande qui lui fournit délibérément cette interprétation satisfaisante. De même, l’individu se sent minorisé, il a besoin d’une affirmation sociale sur sa validité, son efficacité, son identité : là encore, ce sera exactement le rôle de la propagande, qui vient attester à l’individu d’une part que son adhésion est essentielle, qu’il a donc un grand prix aux yeux de tel parti, d’autre part que tout peut changer s’il adhère à tel mouvement. Tels sont les éléments les plus sommaires du « besoin de propagande ». Quant à savoir quelle propagande va réussir, c’est une affaire de technique et de circonstances.


Les moyens de la propagande

Il faut tenir compte d’une part des moyens matériels, les supports, et d’autre part des moyens intellectuels, les techniques. Les supports sont l’ensemble des mass media et l’organisation. Il ne peut plus y avoir de propagande sans une organisation centrale capable d’ordonner l’utilisation des médias, de calculer une campagne de propagande, d’inventer les thèmes et d’enregistrer les résultats. Mais cela suppose aussi des organisations de base, groupes destinés soit à pénétrer la masse pour y produire de l’agitation, soit à recevoir les adhérents et à les encadrer. De plus, l’utilisation des médias, si l’on veut faire une propagande moderne, doit être continue (et non pas accidentelle, comme lors d’une campagne électorale) et combinée (si tel média peut atteindre telle catégorie de personnes, ou obtenir tel résultat, il faut le combiner avec un autre qui obtient d’autres effets et atteint autrement les groupes). D’ailleurs, il faut tenir compte de la différence entre l’effet spécifique du média et l’effet du message qu’il porte. (Ainsi, la télévision comporte toujours certains effets psychiques et sociologiques, indépendamment du message, que le propagandiste doit interpréter dans son appréciation.)

En ce qui concerne les techniques de propagande proprement dites, elles se situent au niveau psychologique et au niveau sociologique. Découvertes d’abord intuitivement, elles se sont affirmées dans des directions différentes en Allemagne hitlérienne (application de concepts psychanalytiques), en U. R. S. S. (application de la biopsychologie) et aux États-Unis (en conséquence du béhaviorisme). Elles sont contestées par beaucoup de psychologues, qui estiment que ce ne sont que des « trucs » et nullement des techniques précises. Elles se développent actuellement en fonction des recherches sur les motivations et sur la dynamique de groupe.

J. E.

➙ Communications de masse / Groupe / Information / Opinion publique / Publicité / Relations publiques.

 L. W. Dobb, Propaganda, its Psychology and Technique (New York, 1935 ; 2e éd., 1944). / S. Tchakhotine, le Viol des foules par la propagande politique (Gallimard, 1939 ; 2e éd., 1952). / P. F. Lazarsfeld, The People’s Choice (New York, 1944). / J.-M. Domenach, la Propagande politique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1950 ; 7e éd., 1973). / J. Driencourt, la Propagande, nouvelle force politique (A. Colin, 1950). / D. Lerner, Propaganda in War and Crisis (New York, 1951). / A. Miotto, Psycologia della propaganda (Florence, 1953). / W. A. Belson, The Effects of Television upon Family Life (Londres, 1957) ; The Impact of Television (Hamden, Connect., 1967). / V. O. Packard, The Hidden Persuaders (New York, 1957 ; trad. fr. la Persuasion clandestine, Calmann-Lévy, 1958). / M. Megret, l’Action psychologique (Fayard, 1959). / J. Ellul, Propagandes (A. Colin, 1962) ; l’Illusion politique (Laffont, 1965) ; Histoire de la propagande (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1967). / M. McLuhan, The Gutenberg Galaxy (Londres et Toronto, 1962 ; trad. fr. la Galaxie Gutenberg, HMH, Montréal et Mame, Tours, 1967). / J. Cazeneuve, les Pouvoirs de la télévision (Gallimard, 1970) ; la Société de l’ubiquité (Gonthier, 1972). / D. Victoroff, Psychosociologie de la publicité (P. U. F., 1970). / F. Balle, Institutions et publics des moyens d’information (Montchrestien, 1973).

propergol

Matière ou association de matières dont la réaction chimique fournit les gaz nécessaires au fonctionnement d’un moteur-fusée.



Classification

D’après leur état physique, on peut ranger les propergols en trois classes.


Propergols liquides

Les uns, appelés monergols, ne sont constitués que par un liquide, par exemple le nitrométhane. Les autres, appelés diergols, sont formés par l’association de deux liquides ou ergols. Ces liquides peuvent être soit des liquides au sens vulgaire du mot, soit des gaz liquéfiés, c’est-à-dire des corps qui ne sont maintenus à l’état liquide que parce qu’ils sont enfermés dans des récipients à une pression supérieure à la pression atmosphérique ou maintenus à une très basse température.