Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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projectile (suite)

On distingue les fusées percutantes, qui fonctionnent à l’impact sur une cible ou sur le terrain, et les fusées à temps, qui agissent au bout d’une certaine durée. Celle-ci est déterminée soit en réglant la longueur d’un tube chargé d’une composition pyrotechnique à combustion lente (c’est le cas des fusées fusantes les plus anciennes), soit grâce à un dispositif chronométrique (ce sont les fusées horlogères, qui seules subsistent aujourd’hui pour le réglage des tirs d’artillerie par coups fusant haut). On associe le plus souvent un dispositif percutant à ce dernier type de fusées, qui sont dites alors « à double effet ».

La troisième catégorie de fusées, apparue durant la Seconde Guerre mondiale, est celle des fusées dites « de proximité » ou « à influence », qui fonctionnent au voisinage de l’objectif grâce à un dispositif radioélectrique formé par un petit émetteur d’ondes métriques entretenues et par un récepteur qui capte l’onde réfléchie par l’objectif. Le battement entre les deux ondes par effet Doppler fait fonctionner la fusée lorsqu’il atteint une intensité suffisante, fonction de la distance de l’objectif et de son pouvoir réflecteur (nature du terrain, type d’aéronef...). Un dispositif électronique met alors le feu à une amorce électrique.

Les fusées armant les projectiles de petit calibre pour canon d’avion ou antiaérien comportent un dispositif d’autodestruction destiné à éviter la retombée au sol de munitions actives.

Sur les mines marines et sur certaines mines antichars, on emploie des fusées (ou allumeurs) agissant par influence, le champ magnétique terrestre étant perturbé par la présence de masses métalliques dans le voisinage.

Fonctionnement de la fusée-détonateur

Une fusée incorpore une amorce mécanique ou électrique chargée en explosif primaire, une succession de relais et, sauf exception, un détonateur chargé en explosif secondaire moins sensible : l’ensemble forme une chaîne pyrotechnique qui mérite le nom de fusée-détonateur. Celle-ci fonctionne quand un percuteur vient frapper l’amorce, soit à l’impact du projectile (agissant en tête par refoulement ou par inertie), soit parce qu’un ressort de percussion est libéré par un système horloger, soit encore lorsque la flamme d’un dispositif fusant (lui-même allumé au départ du coup par un concuteur) atteint l’extrémité de son canal, soit enfin par amorçage électrique. La sécurité au stockage, à la manipulation et dans l’âme du canon exige que la chaîne pyrotechnique des fusées puisse être interrompue. Cette interruption est réalisée de diverses manières : ainsi, pour les fusées destinées à des projectiles tournants, un volet percé d’un orifice et surmontant le détonateur se déplace au départ du coup sous l’effet de la force centrifuge. La durée d’armement doit être telle que le projectile soit alors sorti du canon. Dans les fusées pour obus empennés, on utilise de même l’inertie de translation, et, sur les missiles antichars, un emprunt de gaz prélevé sur le propulseur. Sur les bombes d’avion, l’armement peut être assuré au moyen d’un moulinet entraîné par la résistance de l’air.

Fusées instantanées, à court et à long retard

Une fusée est dite « instantanée » lorsque son temps de fonctionnement se chiffre en millisecondes (dispositif à refoulement) ; elle est dite « à court retard » pour quelques centièmes de seconde (dispositif à inertie complété sur les fusées d’artillerie par un retard pyrotechnique de cinq centièmes de seconde ; ces fusées possèdent un double réglage, instantané et à retard). Les fusées à long retard, pour obus de rupture et projectile antibéton, ont pratiquement disparu.

Sur les projectiles à charge creuse, on emploie des fusées électriques dont le temps de fonctionnement se chiffre en dizaines de microsecondes ; elles comportent un élément de tête, relié par des fils conducteurs isolés, passant à travers le chargement, à une amorce électrique qui actionne le détonateur placé à l’arrière de la charge explosive. Sur les missiles téléguidés, un contacteur de tête, situé à la pointe de l’ogive, ferme au moment de l’impact le circuit d’une pile amorçable (activée au départ) sur l’amorce électrique. Sur les obus à charge creuse, tournants ou non, on utilise une tête piézoélectrique surmontée d’un contacteur : l’intensité du choc suffit pour créer une décharge électrique qui passe dans l’amorce électrique du détonateur de culot. Ce dernier type d’amorce doit être d’une grande sensibilité. À l’interruption de la chaîne pyrotechnique s’ajoute une interruption du circuit électrique, qui n’est établi qu’après le départ du projectile.

R. S.

➙ Arme / Artillerie / Autopropulsé (projectile) / Bombe nucléaire / Canon / Explosif / Missile / Nucléaire (arme).

 J. Darpas, Cours de projectiles (École nat. sup. du génie maritime, 1944). / P. Defrance, Conférences sur les fusées (Mémorial de l’artillerie française, 1963). / R. Sutterlin, les Projectiles (Mémorial de l’artillerie française, 1966-67).

projection (système de)

Système de représentation plane d’une partie ou de la totalité de la surface terrestre.


C’est seulement pour des zones peu étendues que cette surface peut être sensiblement assimilée à un plan ; en dehors de ce cas exceptionnel, force est de recourir à la représentation d’un modèle mathématique de la Terre (ellipsoïde ou sphère). Bien que consacré par l’usage en cartographie, le terme de projection est en général impropre : seule peut être légitimement appelée projection la représentation perspective d’un modèle sphérique.


Étude des déformations

Si on désigne par φ et λ la latitude et la longitude d’un point a du modèle terrestre, par X et Y les coordonnées cartésiennes et par ℛ et γ les coordonnées polaires du point correspondant A (image de a dans le plan), une représentation plane est définie

Le choix des fonctions de φ et de λ étant arbitraire, le nombre de représentations planes est théoriquement illimité ; pour les besoins de la cartographie, on utilise des fonctions continues et respectant les relations de voisinage.