Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

prison (suite)

Les revendications des surveillants

D’abord quantitatives, les revendications reposent essentiellement sur le désir d’obtenir la parité avec la policé. Puis les surveillants posent également le problème d’une revalorisation qualitative de leur métier.

La réforme

La réforme vise à humaniser les conditions de détention, faciliter les contacts avec l’extérieur : assouplissement du contrôle de la correspondance, possibilité de recevoir livres et journaux, aménager les conditions de visite des familles ;
— sur le plan social, un projet de loi visant à permettre au détenu de cotiser à l’assurance vieillesse va être déposé, un autre tendant à faire bénéficier les familles de l’ensemble des prestations sociales sera élaboré ; enfin un décret doit permettre aux détenus de bénéficier à leur libération de l’assurance chômage et de recourir à l’agence nationale pour l’emploi ;
— sur le plan du travail, la rémunération sera augmentée, les retenues du Trésor plafonnées. Le plafond applicable au pécule de réserve sera réévalué et les sommes épargnées placées sur un livret de Caisse d’épargne ;
— le casier judiciaire : les détenus qui travaillent recevront à leur libération un certificat de travail qui ne comportera pas le cachet de l’Administration pénitentiaire et ne mentionnera pas le temps de détention.

Un projet de loi doit être élaboré afin de supprimer l’interdiction de séjour. Un autre doit éviter que la communication des peines légères ne soit faite par l’extrait de casier judiciaire.

L’ensemble de ces mesures devrait favoriser le reclassement social des condamnés et éviter ainsi la récidive.

Le personnel pénitentiaire quant à lui a obtenu la satisfaction partielle de ses revendications : la parité avec la police a été obtenue jusqu’au 7e échelon de surveillant ; pour l’ensemble du personnel la prime de risque a été augmentée.

De plus une commission, présidée par Mme Hélène Dorlhac, secrétaire d’État à la condition pénitentiaire, a été créée afin d’étudier les problèmes posés par la profession elle-même.

J.-M. C.

➙ Pénologie.

 P. Cannat, la Prison-école (Sirey, 1955). / R. Schmelck et G. Picca, Pénologie et droit pénitentiaire (Cujas, 1967). / J. Léauté, les Prisons (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1968) ; Criminologie et science pénitentiaire (P. U. F., 1972). / J. Pinatel, la Société criminogène (Calmann-Lévy, 1971). / Enquête dans vingt prisons (Champ libre, 1971). / R. Cross, Punishment, Prison and the Public (Londres, 1972). / M. Kunstlé et C. Vincent, le Crépuscule des prisons (Julliard, 1972). / C. Martineau et J.-P. Carasso, le Travail dans les prisons (Champ libre, 1972). / M. Le Clère, la Vie quotidienne dans les bagnes, 1748-1953 (Hachette, 1973). / A. Armazet, les Prisons (Filipacchi, 1973). / S. Livrozet, De la prison à la révolte (Mercure de France, 1974).

prix

Valeur vénale d’une chose, relativement à sa vente ou à son achat.


Depuis la publication des premiers travaux sur la « concurrence imparfaite », tels que ceux de Edward H. Chamberlin (1933) et de Joan Robinson (1933), la théorie économique en matière de prix et de marché* s’est constamment efforcée de présenter des modèles d’explication ayant un cachet de réalisme plus poussé que les modèles, extrêmes et antithétiques, de la « concurrence pure et parfaite » ou du monopole simple, que l’on affectionnait jusqu’alors.


Des schémas irréalistes : concurrence parfaite et monopole

Jusqu’à la période 1920-1930, la formalisation traditionnelle était animée par l’idée que le régime de la concurrence parfaite (celui où règne le grand nombre dans les deux camps de l’offre et de la demande) et celui du monopole (celui où règne le grand nombre dans le camp des seuls demandeurs, ayant en face d’eux, dans le camp des offreurs, un sujet unique) représentaient les deux modèles de référence et les deux cas limites entre lesquels s’incarnait la réalité : L. Walras* et A. Cournot* symbolisaient essentiellement cette position. Quand on s’inspirait de Walras — et c’était le cas le plus fréquent —, on considérait la concurrence comme le point de départ pour aller vers des situations « impures » (ou imparfaites). Quand on se référait à Cournot, on changeait de point de départ ; c’était du monopole que l’on partait, pour se rapprocher éventuellement d’une réalité plus concrète et moins tranchée.

Ces modèles ont donné lieu à des critiques. Comme a pu le faire remarquer Henri Guitton, « le modèle de la concurrence parfaite est un modèle de résignation et d’adaptation irénique aux conditions extérieures du marché ». Il est singulièrement éloigné, au fond, de l’idée d’une course avec émulation et désir de dépasser l’autre. Il aurait été plus juste de l’appeler le régime de l’adaptation (Henri Guitton souligne même qu’il y a une curieuse ressemblance, quasi paradoxale, entre l’adaptation d’un sujet à un prix fixé par l’autorité d’une économie centralisée et l’adaptation d’un sujet à un prix qui résulte de la communauté de tous les autres). Le monopole, quant à lui, ne doit pas être identifié à une théorie de la domination, même si les apparences le laissent supposer. En effet, on s’aperçoit que, du fait de l’existence d’un grand nombre dans le camp de la demande, le monopoleur est, lui aussi, un sujet économique qui s’adapte à ce qui s’impose à lui de l’extérieur. Quand il choisit le prix, les autres, en réalité, lui imposent la quantité. Quand il choisit la quantité, les autres lui imposent le prix... À la suite de ces critiques, la théorie a cherché à analyser et à formaliser des situations intermédiaires. Elle s’est orientée vers les voies, presque voisines, de la concurrence monopolistique et de l’oligopole.


Le schéma de la concurrence monopolistique

La dénomination de concurrence monopolistique, que l’on doit à E. H. Chamberlin, suggère qu’il s’agit d’une situation intermédiaire entre la concurrence parfaite et le monopole. Le produit y apparaît offert à la vente par de nombreux producteurs, mais n’est pas homogène. Les produits proposés par une entreprise* sont assez différenciés de ceux qui proviennent des autres firmes pour ne pas être interchangeables, comme ce serait le cas en concurrence parfaite. Deux catégories de facteurs contribuent à permettre la différenciation des produits : les uns trouvent leur origine dans la routine des acheteurs, qui préfèrent s’approvisionner auprès de tel producteur parce qu’il est proche de leur domicile ou de leur lieu de travail (commodité de localisation) ou parce qu’il a bonne réputation, ou, tout simplement, par habitude ; les autres sont dus à une politique délibérée du vendeur, qui appose sa marque sur le produit présenté de façon séduisante, lance des campagnes publicitaires pour en vanter les mérites, etc. Cette différenciation peut, en réalité, être illusoire, les acheteurs croyant que le produit vendu par A rend de meilleurs services que le produit vendu par B, alors même que les deux sont identiques ou très voisins l’un de l’autre. La politique de chaque producteur consiste, précisément, à entretenir et à renforcer cette illusion afin de s’attacher une partie des acheteurs qui constituent alors sa clientèle, notion qui serait dénuée de sens en concurrence parfaite.