Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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prison (suite)

Environ 900 détenus sont employés dans une quinzaine d’ateliers, soit seulement 3 p. 100 de la population pénale. Les activités sont assez diversifiées : imprimerie à la maison centrale de Melun, fabriques de meubles métalliques dans les maisons centrales de Melun, de Toul et de Clairvaux, confection de vêtements (uniforme des surveillants et costume pénal) à la maison centrale de Nîmes, de chaussures à la maison centrale de Clairvaux, d’articles de sellerie au centre pénitentiaire de Saint-Martin-de-Ré, sans oublier les activités agricoles du centre pénitentiaire de Casabianda. Les rémunérations sont variables selon les activités.

Les produits fabriqués dans les ateliers ne peuvent être vendus qu’aux administrations publiques (même régime d’appel d’offres que pour les entreprises privées). De ce fait, elle doit pratiquer des prix compétitifs.


La concession de main-d’œuvre pénale

La concession de main-d’œuvre pénale est un contrat par lequel l’administration met un certain nombre de détenus à la disposition d’un employeur privé, à charge pour lui de rétribuer un travail selon un tarif fixé en accord avec l’administration. Environ 12 000 détenus sont employés selon cette formule. La plupart des travaux consistent en des pliages ou en des collages et sont payés à la pièce (pliage de cartes routières, fabrication d’épingles à linge, de fleurs artificielles, etc.).

Il existe toutefois quelques ateliers à caractère plus industriel : ateliers de polissage de pare-chocs à la maison centrale de Toul et à la maison d’arrêt de Fresnes, ateliers d’électronique à la maison centrale de Muret et surtout ateliers de paillage de chaises dans les maisons centrales de Clairvaux, de Toul et de Saint-Martin-de-Ré. Les rémunérations que procurent ces travaux sont en général plus élevées que dans les ateliers en régie.


Protection du travail, rémunération, pécule

Les ateliers sont soumis aux visites des inspecteurs du travail : ceux -ci ont accès en toute liberté aux établissements pénitentiaires, et les instructions qu’ils peuvent donner ont un caractère impératif pour l’administration ou pour les concessionnaires.

Néanmoins, deux problèmes importants liés au travail n’ont toujours pas reçu de solution. Il s’agit, d’une part, de l’attribution du certificat de travail, nécessaire pour retrouver une activité lors de la libération, et, d’autre part, de l’affiliation à la sécurité sociale de la famille du détenu. En effet, dès la condamnation, la famille se voit retirer pour elle-même le bénéfice de la sécurité sociale.

Les revenus que tirent le détenu de son travail sont souvent très faibles et cela d’autant plus qu’encore l’État perçoit des dixièmes. En effet, le détenu ne bénéficie pas de son salaire brut : lorsqu’il est prévenu, trois dixièmes de ce salaire, et, lorsqu’il est condamné, cinq dixièmes sont reversés à l’État. Quant au reste, destiné au détenu, il est redivisé en trois parts (entre les trois pécules) : pécule disponible, que le détenu peut utiliser ; pécule de garantie, réservé aux frais de justice et à l’indemnisation des victimes ; pécule de réserve, en prévision de la libération.


Enseignement scolaire et formation professionnelle

Pour faciliter la réinsertion sociale, l’administration dispose également de l’enseignement scolaire et de la formation professionnelle. Il s’agit, dans cette perspective, de profiter du temps d’emprisonnement pour compléter la formation générale et professionnelle des détenus, ce qui leur permettra, lors de leur retour à la vie libre, d’être mieux armés pour vaincre les difficultés.


Les relations avec l’extérieur

Ces dernières années, de très gros efforts ont été faits par l’administration pénitentiaire française dans ce domaine. C’est ainsi qu’une circulaire en date du 5 août 1971 autorise l’achat et la lecture des journaux dans toutes les prisons. Elle invite également à l’utilisation d’autres moyens d’information (radio, télévision, conférences) lorsque les installations le permettent.

Une semblable évolution se remarque également à l’égard des relations personnelles : les règles relatives aux visites et à la correspondance ont été assouplies en 1972.

Toutefois, la disposition nouvelle la plus remarquable concerne l’institution d’une permission de sortir « en vue du maintien des liens familiaux et de la préparation de la réinsertion sociale ». La permission peut atteindre une durée de trois jours et être accordée pour tout lieu situé sur le territoire national. En raison de ces conditions très larges, seuls peuvent bénéficier d’une telle autorisation les condamnés qui ont exécuté la moitié de leur peine et qui n’ont plus à subir qu’un temps de détention inférieur à trois ans. Cette permission est attribuée par le juge de l’application des peines sur avis de la commission d’application des peines. Il semble, bien qu’aucun chiffre ne soit encore publié, que l’application de cette réforme se fasse actuellement d’une façon très libérale.


L’inadaptation à la prison

L’inadaptation à la vie carcérale se manifeste par la volonté de sortir de prison à tout prix (évasion) ou par des comportements agressifs vis-à-vis d’autrui ou de soi-même.

S’évader d’un établissement pénitentiaire est devenu presque impossible : en 1972, on n’a dénombré que 15 évasions intéressant 27 détenus ; tous ont été repris, sauf un, qui a été tué à Marseille. Il ne s’agit pas là de chiffres exceptionnels ; les mêmes statistiques ont été enregistrées depuis une dizaine d’années. Ces résultats s’expliquent par le renforcement de la sécurité au sein des établissements pénitentiaires et par l’habileté du personnel, puisque, pour la même période, 81 tentatives ont été déjouées.

Les comportements agressifs vis-à-vis d’autrui sont beaucoup plus fréquents et sont en constante augmentation. Ils s’exercent tout d’abord à l’encontre des autres détenus. En 1972, en France, 5 prisonniers ont été blessés grièvement et 34 moins sérieusement au cours de bagarres. On constate également de nombreuses violences à l’égard du personnel. Pour la période considérée, on a pu constater 74 agressions au cours desquelles 25 surveillants ont été gravement blessés.