Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

presse [d’imprimerie] (suite)

• Dans les presses à déroulement de cylindre, marbre et cylindre se déplacent verticalement en sens inverse l’un de l’autre. Le cylindre ne tourne que pendant son mouvement de bas en haut, tandis que le papier s’imprime. La vitesse atteint 5 000 feuilles à l’heure pour un format de 35 × 41 cm. Ces presses, qui impriment un seul côté du papier, sont dites presses en blanc. D’autres, qui impriment simultanément les deux côtés, sont les presses à retiration, constituées pratiquement par deux presses deux tours accolées. D’autres impriment deux couleurs. Les machines actuelles retiration et deux couleurs sont toutes du type rotatif.

• Les premières presses mécaniques à platine fonctionnaient au moyen d’une pédale actionnée par l’ouvrier, d’où le nom de pédale donné aux platines légères, dont le succès fut considérable lorsque, après 1870, le métier d’imprimer put s’exercer librement. Vers 1900 apparurent les platines lourdes, à moteur, plus robustes et plus rapides, très utilisées encore aujourd’hui pour les travaux de commerce, les tirages soignés de petit format, le découpage et le gaufrage. Leur vitesse théorique atteint 4 500 feuilles à l’heure, et leur format 56 × 76 cm.


Margeurs automatiques

Marger les feuilles de papier, c’est les introduire une à une dans la presse et les mettre en position pour que l’impression s’y place toujours identiquement avec une précision de l’ordre de quelques centièmes de millimètre s’il s’agit d’impression en couleurs. Autrefois, la vitesse de la marge à la main ne dépassait guère 1 500 feuilles à l’heure. Actuellement, les margeurs automatiques fonctionnent à l’allure de 10 000 feuilles à l’heure pour les petits formats. La prise de la feuille et sa séparation du restant de la pile sont obtenues soit mécaniquement, soit par succion. Dans les margeurs à pile plane, pour prendre la feuille du dessus de la pile, une roulette frotte sur un coin, comme un doigt qui va tourner une page ; à l’endroit où ce frottement a fait soulever le papier, une ventouse aspire celui-ci et le lève ; une buse de soufflage envoie sous la feuille un jet d’air qui la sépare de la pile pendant qu’un pied appuie sur les feuilles suivantes pour les maintenir en place ; une rangée de ventouses prend la feuille par son bord avant et la livre à des organes transporteurs qui la font descendre sur la table de marge. Sur cette table inclinée, elle est entraînée par des roulettes, maintenue par des tringles, freinée à son arrivée en bas. Elle vient buter, à vitesse très ralentie, sur les deux taquets de front de la machine. Elle est saisie par le rectificateur, qui la déplace latéralement de quelques millimètres et vient l’appliquer contre le taquet de côté. Elle est ainsi amenée en position de repérage précis en trois points. Lorsqu’elle doit être prise par un cylindre en mouvement rapide, sur une presse typographique deux tours ou une presse offset, un intermédiaire, le balancier, la prend à l’arrêt contre les taquets, qui s’effacent, et la transmet aux pinces du cylindre à la vitesse de celui-ci. La feuille est solidement maintenue pendant son impression par la rangée de pinces du cylindre.

Pour réduire la durée des arrêts nécessaires à l’approvisionnement en papier, on construit des margeurs à haute pile, 1,25 m, ce qui correspond à 12 000 ou 15 000 feuilles. Le plateau portant la pile s’élève automatiquement à mesure que les feuilles sont prises. Sur les margeurs offset, un dispositif permet la marche continue, le placement de la nouvelle pile se faisant avant la fin de la pile en cours. Des organes de sécurité arrêtent automatiquement marge et impression si une feuille se présente mal aux taquets, la machine continuant à tourner à vide.


Sorties de machines

Les feuilles imprimées sur machines typographiques à arrêt de cylindre sortent impression en dessous ; les anciennes machines avaient un système de retournement de feuilles constitué par des raquettes, dispositif que conservent les machines de petit format ; d’autres ont un cylindre supplémentaire ou un tambour auxiliaire. Dans les sorties à chaînes, la feuille imprimée est détachée du cylindre par un système de pinces montées sur des chaînes sans fin, qui la retournent en bout de sortie et la déposent sur la pile de réception ; c’est le système des presses offset, adopté par des presses typo.

La sortie se fait vers l’arrière ou vers l’avant de la machine ; dans ce dernier cas, c’est une sortie frontale. Pour obtenir une plus grande hauteur de pile, on place la réception en dehors de la presse, ce qui permet en outre de sortir la pile sans interrompre le tirage. Dans le même but, il existe des réceptions à deux piles.

À la cadence des presses actuelles, la compression des feuilles dans la pile de réception risque de produire des salissures dues à l’encre non sèche. Pour empêcher le contact intime des feuilles entre elles, on dépose à leur surface une fine poussière ; à l’arrivée du papier sur la pile de réception, des pulvérisateurs antimaculage y projettent une poudre calibrée, végétale (amidon) ou minérale (carbonate de calcium). Les presses offset à feuilles commencent à utiliser les encres spéciales et les dispositifs de séchage par évaporation qui ont fait leurs preuves sur les rotatives à bobines.


Mécanismes d’encrage

Le mécanisme d’encrage d’une presse typo ou d’une presse offset, qui emploient des encres relativement visqueuses, comprend :
— un bac à encre, ou encrier, fermé par un rouleau d’acier qui tourne en entraînant à sa surface une pellicule d’encre dont l’épaisseur est réglable par l’action d’une rangée de vis sur une lame d’acier ;
— un rouleau preneur, qui prend l’encre sur le rouleau d’encrier et la transmet aux distributeurs, la prise d’encre étant réglable ;
— un système de rouleaux distributeurs, de rouleaux chargeurs, qui appuient dessus, de rouleaux baladeurs, animés d’un mouvement longitudinal de va-et-vient, et de tables métalliques (selon que ces dernières, sur les presses typo, sont des marbres plans ou des cylindres ou une combinaison des deux, on dit que l’encrage est plat, cylindrique ou mixte ; sur les presses offset, l’encrage est toujours cylindrique. Le rôle des rouleaux et des tables est de répartir régulièrement, en la broyant, l’encre qui sera transférée aux toucheurs) ;
— des rouleaux toucheurs, ou encreurs, au nombre de deux, trois ou quatre, qui encrent la forme.