Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Précambrien (suite)

Le bouclier canadien s’étend sur toute la partie occidentale du Canada, séparé du bouclier groenlandais par la mer du Labrador. Il se poursuit sous la plate-forme américaine, entre les chaînes paléozoïques des Appalaches (qui se prolongent au Groenland oriental) et les chaînes plus récentes de l’Ouest américain. De plus, le socle précambrien apparaît localement en plusieurs régions, notamment dans le Colorado, où il forme le terme inférieur de la coupe célèbre du Grand Cañon.

C’est au Canada que la stratigraphie du Précambrien a été pour la première fois esquissée ; mais de profondes modifications ont été apportées aux schémas classiques par les données géochronologiques (C. H. Stockwell, 1962). Quatre grands cycles orogéniques au moins sont maintenant distingués, se développant dans différentes provinces : kénorien (de 2 700 à 2 350 MA), hudsonien (1 700 MA), elsonien (1 400 MA), grenville (950 MA), antérieurs au Protérozoïque supérieur (keweenawien) non affecté par l’orogenèse.

Le Groenland, en majeure partie recouvert par un inlandsis, montre en bordure un Précambrien dans lequel on a retrouvé une succession assez comparable : Kétilides (de 2 700 à 2 300 MA), Nagssugtoqides (de 1 650 à 1 500 MA), cycle de Gardar (de 1 400 à 1 000 MA).

En Europe, le bouclier baltique constitue l’affleurement majeur du Précambrien ; masqué sous la plate-forme russe, il réapparaît largement en Ukraine. Ce vaste ensemble est bordé à l’est par les chaînes de l’Oural, à l’Ouest par la chaîne calédonienne ; au sud, il est repris par les chaînes varisque et alpine. Cependant, des fragments isolés de matériel précambrien sont incorporés dans des chaînes plus jeunes, en Écosse, en Bohême, dans le Massif armoricain, dans les Vosges, dans le Massif central, peut-être dans les Pyrénées, et enfin en Espagne. Dans les différentes régions, plusieurs cycles orogéniques ont été distingués, mais leurs relations sont encore obscures.

En Finlande, on a mis en évidence l’existence d’un vieux craton antérieur à 2 800 MA, constitué par un complexe granulitique et des plutonites, s’étendant au nord et à l’est. Il est bordé à l’ouest par les ensembles plissés des Svécofennides et des Carélides, que l’on considère tantôt comme des chaînes distinctes, tantôt comme des zones différentes d’un même orogène qui se placerait vers 1 800 MA. Puis vient la mise en place des granites « rapakiwis » (1 650 MA), suivie par le dépôt des sédiments détritiques du Jotnien (1 300 MA). En Suède et en Norvège méridionale, il existe aussi un complexe de base repris dans la chaîne des Gothides ; celle-ci serait comparable aux Carélides et plus jeune que les Svécofennides ; les grès du Dalslandien, analogues au Jotnien, sont suivis par la série de la Sparagmite, elle-même antérieure au Cambrien.

Le Précambrien de l’U. R. S. S. montre des traits analogues : le prolongement du craton archéen correspond aux Saamides, renfermant des roches datées à 3 500 MA. Puis viennent les Belomorides (de 2 100 à 1 950 MA), les Svécofennides et Carélides (de 1 870 à 1 640 MA), suivies par la mise en place de granites rapakiwis, les Gothides (de 1 400 à 1 260 MA), enfin le Riphéen représentant des formations de 1 125 à 665 MA antérieures aux Calédonides.

Quant aux affleurements du Précambrien français, ils sont isolés et repris dans la chaîne varisque. Dans le Massif armoricain, il est possible de distinguer une série ancienne, le Pentévrien, suivie par le Briovérien, qui correspondrait au Riphéen.

Bien plus à l’est, la plate-forme sibérienne est séparée de la plate-forme russe par une vaste zone plissée paléozoïque à laquelle appartient l’Oural ; elle est limitée au sud par le grand ensemble plissé du lac Baïkal, daté du Paléozoïque inférieur. Le Précambrien affleure dans le bouclier de l’Anabar au nord, et surtout dans le bouclier de l’Aldan au sud-est.

Un autre groupe de boucliers précambriens apparaît au sud des précédents, dont ils sont séparés par les chaînes plissées alpines. Mais ils ne sont pas isolés les uns des autres par des chaînes phanérozoïques ; ils apparaissent comme des éléments disjoints d’un craton unique, auquel on a donné le nom de Gondwana, disloqué au Permo-Trias par l’ouverture des océans Atlantique Sud, Indien et Antarctique.

Les boucliers guyanais et brésilien appartiennent à un vaste ensemble qui occupe toute la partie orientale du continent sud-américain, à l’est de la chaîne des Andes. Les analogies avec le Précambrien africain, soulignées depuis longtemps par A. L. du Toit, ont été confirmées par les déterminations d’âge radiométrique.

La plate-forme africaine occupe la quasi-totalité du continent et la péninsule arabique à l’exception des chaînes alpines de la Berbérie au nord et de celles, paléozoïques, des Mauritanides au Nord-Ouest et d’Afrique du Sud. Le socle précambrien affleure largement dans les boucliers sahariens (Mauritanie, Hoggar, Tibesti, chaîne arabique) isolés les uns des autres, mais est presque continu plus au sud. Dans la moitié nord-occidentale, on a mis en évidence l’existence d’un vieux craton antérieur à 2 600 MA, dont on retrouve le prolongement en Amérique du Sud ; d’autres cratons analogues apparaissent en Afrique centrale et australe. Ces cratons sont séparés par de larges zones allongées correspondant à plusieurs chaînes plissées qui souvent se recoupent : les unes ont plus de 1 000 MA, et les plus récentes ont fourni des âges montant jusque dans le Cambrien. Mais il n’est pas encore possible d’établir des raccords entre les différentes chaînes, d’âges différents selon les régions, souvent difficiles à distinguer par suite des complications structurales et des granitisations successives.

Le socle précambrien forme encore le bouclier indien, qui occupe toute la partie méridionale de la péninsule, le bouclier australien, s’étendant sur tout le continent à l’exception des chaînes paléozoïques de l’Est, enfin le bouclier antarctique, presque entièrement recouvert par l’inlandsis. Dans chacun de ces boucliers, on distingue aussi des chaînes successives qui se superposent, mais il n’est pas possible d’esquisser ici leur disposition.