Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Poznań (suite)

Le 27 décembre 1918, la ville se libère ; après avoir pu espérer un moment devenir la capitale de la Pologne restaurée, elle se contente de poursuivre avec réalisme sa politique traditionnelle de croissance économique et culturelle (mai 1919 ; fondation de l’université). La population d’origine allemande diminue fortement ; elle ne comprend plus que 3,2 p. 100 des 250 000 habitants de 1930. En septembre 1939, la ville est occupée par les Allemands après quelques bombardements ; elle devient la capitale du Reichsgau de Wartheland ; les Allemands expulsent les habitants, font périr les élites intellectuelles et politiques, et installent leurs compatriotes arrivés des pays baltes.

Libérée par les Russes en février 1945, Poznań se reconstruit. En juin 1956 éclatent de graves troubles, qui préludent à une libéralisation du régime politique en Pologne.

J. B. N.


La ville actuelle

Les fonctions de Poznań ont bien varié. Située avant la Première Guerre mondiale aux confins de l’Allemagne, la ville subit alors la concurrence de Berlin et de l’industrie allemande. Elle est alimentée en produits agricoles par l’arrière-pays et elle devient une ville de minoteries, de brasseries, d’industries textiles. Entre les deux guerres mondiales, elle occupe toujours une position périphérique au sein de l’État polonais, mais de nouvelles industries s’y installent (matériel ferroviaire et chimie) et elle devient le siège d’une exposition internationale. L’occupation allemande la détruit à 26 p. 100 totalement et à 55 p. 100 partiellement. Mais, dans la nouvelle Pologne, la ville n’est plus située aux frontières, et sa fonction industrielle s’accroît rapidement. La mécanique domine, occupant près de la moitié du total des salariés industriels (cinq fois plus qu’en 1938). L’alimentation est particulièrement développée (notamment la confiserie). Il existe en outre une importante fabrique de machines agricoles, une usine de pneumatiques, des fabriques de superphosphates et d’acide sulfurique, des papeteries et de la confection, si bien que l’influence de la ville dépasse désormais le cadre de la voïvodie. Enfin, Poznań connaît, un brillant rayonnement culturel grâce à son université, à ses écoles supérieures, à son institut de recherches sur les relations germano-slaves, à ses imprimeries et à ses maisons d’édition. La Foire internationale a acquis une grande place dans la présentation et l’exportation de ses produits, et elle est fréquentée par des firmes occidentales nombreuses, surtout allemandes et françaises. Elle attire plusieurs centaines de milliers de visiteurs chaque année.

La vieille ville est demeurée la même ; on y revoit encore les traces des combats et des destructions de 1945. Mais, comme à Varsovie, les opérations de restauration lui ont permis de retrouver son ancienne physionomie. Autour du Stary Rynek (la « vieille place », ou « marché ») se disposent des commerces de luxe, l’hôtel de ville, d’anciennes maisons de la Renaissance polonaise. L’ensemble forme la Stare Miasto, à l’ouest de la Warta. Les quartiers résidentiels, à structure plus lâche, agrémentés par de nombreux lacs, rivières et parcs, se situent en partie sur la rive droite de la Warta (Nowe Miasto) et de façon plus systématique (selon des plans orthogonaux ou radiaux) sur la rive gauche (quartiers résidentiels de Wilda au sud et de Grunwald à l’ouest, de Winogrady et de Jezyce au nord). Les grands ensembles neufs se composent de maisons préfabriquées, à quatre étages en moyenne. Plus de 30 000 logements nouveaux ont été construits depuis la Libération. Poznań offre donc le type d’une ville « recentrée » à l’intérieur du nouvel État.

A. B.

 G. Rhode (sous la dir. de), Geschichte der Stadt Posen (Leipzig, 1953).

Prague

En tchèque Praha, capit. de la Tchécoslovaquie.
Bien qu’à la tête d’un des deux États les plus industrialisés du monde socialiste, c’est une des moins importantes, par le nombre des habitants et le rythme d’accroissement de sa population, des capitales de l’Europe socialiste. Le million d’habitants a été récemment atteint.



Prague, ville historique

Sa situation géographique est excellente : à peu près au centre de la Bohême, le « toit de l’Europe ». Prague est avant tout historiquement la capitale de cette région. Elle s’est étendue depuis le haut Moyen Âge en amont du confluent de la Vltava et de la Labe (Elbe allemand), là où se termine le pays de Bdry (collines), qui provoque la formation d’un relief accidenté de barres de quartzites sur la rive gauche de la Vltava. Les dernières barres entraînant un rétrécissement de la rivière, des gués et des rapides ont favorisé la construction de ponts. Comme beaucoup de capitales de l’Europe centrale, Prague oppose une rive gauche escarpée au relief tourmenté par de petits affluents (Hradčany et Malá Strana) à une rive droite qui s’étale largement et où se trouvent l’« ancienne » et la « nouvelle » ville (Staré et Nové Město), et tous les quartiers construits au xixe s. autour des Champs-Élysées de Prague, le Václavské náměsti (la place Venceslas). La ville se trouve à proximité des riches plaines du Polabí (plaines de la Labe), aux collines et aux terrasses couvertes de lœss, qui lui fournissent une partie de son ravitaillement.

Elle acquiert un caractère de grande cité dès le haut Moyen Âge ; elle est en relation avec des marchands allemands et de Vienne, et elle devient la place de transit de denrées entre l’ouest et l’est de l’Europe. Juifs (il resta un ghetto fort tard dans la ville de la rive droite, Josefov), Turcs et musulmans la fréquentent. Prague se développe par acquisition et défrichements de forêts, la forteresse de Hradčany protégeant le marché. Le clergé y est attiré, ainsi que la bourgeoisie industrielle et commerçante. La cité obtient le statut de ville royale, son territoire s’étendant plus au nord en direction des pays polonais et germaniques. Sous la dynastie des Přemyslides, son rôle se développe dans l’ensemble de l’Empire romain germanique. Lorsque Charles IV de Luxembourg est élu empereur (1355-1378), la ville devient non seulement une résidence impériale, mais la capitale d’une vaste région historique. L’université y est fondée et le célèbre pont Charles y est construit. En 1490, la couronne de Bohême est réunie à celle de Hongrie (comprenant le territoire actuel de la Slovaquie). Ferdinand Ier élu roi de Bohême en 1526, celle-ci forme avec l’Autriche et la Hongrie les trois États qui constituent le territoire des Habsbourg. Prague profite alors du commerce avec Vienne, des relations avec les marchands germaniques, des liaisons avec l’Ouest et l’Est. Durant les guerres contre l’Empire ottoman, elle reste une ville retirée et calme.