Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

poumon (suite)

Le cancer bronchique primitif vient au premier rang des tumeurs masculines. Il touche surtout l’homme de la cinquantaine, et sa fréquence est en constante progression. En France, la mortalité par cancer bronchique est passée d’environ 4 000 en 1955 à 10 000 en 1965. Certaines substances (comme l’arsenic ou l’amiante) augmentent sa fréquence. Les polluants atmosphériques jouent sûrement un rôle important. Le rôle du tabac est l’objet de nombreuses discussions. Il est démontré que ce cancer est plus fréquent chez les fumeurs que chez les non-fumeurs et encore plus fréquent chez les grands fumeurs. Une statistique américaine montre que le taux de mortalité par cancer du poumon pour 100 000 individus est de 3,4 pour les non-fumeurs, de 54,3 pour les fumeurs de 10 à 20 cigarettes quotidiennement, de 134 pour les fumeurs de 20 à 40 cigarettes, de 200 pour les fumeurs de plus de 40 cigarettes.

Les signes cliniques du cancer bronchique sont frustes : toux, expectoration, douleurs thoraciques. Dans près de la moitié des cas, c’est la survenue d’une hémoptysie (crachats sanglants) qui attire l’attention. Ailleurs, le cancer est découvert à l’occasion d’une infection bronchique récidivante, d’une altération de l’état général. Cela conduit à l’examen radiologique, qui montre l’opacité tumorale près du hile ou, au contraire, en plein parenchyme, l’existence ou non de ganglions, de troubles de la ventilation. Le diagnostic de certitude est apporté par la bronchoscopie, avec biopsie de la tumeur lorsque celle-ci est accessible. Les techniques cytologiques (aspiration, biopsie, cytologie de l’expectoration) servent pour le diagnostic des carcinomes profonds, inaccessibles à la bronchoscopie. La scintigraphie pulmonaire au mercure apporte des indications sur la forme et la situation de la tumeur. Histologiquement, on distingue des cancers épidermoïdes (de 50 à 60 p. 100), les cancers anaplasiques (de 25 à 30 p. 100), les adénocarciriomes (de 10 à 15 p. 100), les carcinoïdes et les cancers bronchiolo-alvéolaires.

Les moyens thérapeutiques opposés à l’affection sont l’exérèse chirurgicale, dont l’efficacité dépend de la précocité du diagnostic, la radiothérapie, l’immunothérapie et la chimiothérapie.

Le carcinome alvéolaire est rare (de 2 à 3 p. 100 de l’ensemble des cancers broncho-pulmonaires). Il s’agit de l’atteinte même des cellules de l’alvéole pulmonaire, soit unique, soit diffuse et bilatérale.

Les autres tumeurs sont des adénomes bronchiques, ou épistomes. Revêtant diverses allures histologiques (carcinoïde, cylindrome, mixte, à cellules myoépithéliales), les épistomes possèdent un potentiel évolutif malin. Ils touchent les deux sexes avec la même fréquence. Le traitement consiste en l’exérèse chirurgicale de la tumeur et, éventuellement, du parenchyme voisin.

Les cancers secondaires du poumon proviennent de cancers de la peau, du sein, de la prostate, du testicule, du rein, etc. Leur diagnostic repose sur une image radiologique particulière, dite « en lâcher de ballons ». Survenant au cours de l’évolution d’une tumeur connue ou, au contraire, apparaissant comme première manifestation de la maladie, leur pronostic est sombre, et la thérapeutique se limite au soulagement des symptômes.

• Œdème aigu du poumon. C’est la brusque inondation des alvéoles du poumon par la sérosité du plasma sanguin, entraînant un état asphyxique aigu. De survenue brutale, souvent nocturne, il surprend le malade, qui suffoque et se cyanose. Rapidement apparaît une expectoration rosée, riche en albumine. Le traitement d’un tel accès nécessite la saignée, des opiacées (morphine), des tonicardiaques, des diurétiques et l’oxygénothérapie. L’œdème aigu du poumon se voit chez l’hypertendu, chez les insuffisants cardiaques, chez les malades atteints de rétrécissement mitral, chez ceux qui souffrent de myocardiopathie, chez les insuffisants rénaux. Il se rencontre dans certains états infectieux aigus (pneumonies, grippe maligne), au cours d’intoxications par les gaz toxiques (gaz de combat, chlore, phosgène, oxyde de carbone). Une forme particulière se rencontre chez certains sujets exposés rapidement à la haute altitude.

• Embolie pulmonaire. C’est l’oblitération d’une branche ou d’un tronc de l’artère pulmonaire par un ou plusieurs emboles (caillots). Complication fréquente des phlébites, elle revêt souvent une forme insidieuse. Mais, parfois, le début, brutal, est marqué par une douleur thoracique, une dyspnée et des signes d’insuffisance cardiaque. Le traitement doit être immédiat, fondé sur des anticoagulants (héparine). Dans les jours qui suivent peut survenir une hémoptysie minime, signant l’affection. La radiographie pulmonaire faite à ce moment peut montrer une image particulière, triangulaire, correspondant à un infarctus pulmonaire. L’embolie pulmonaire se voit également chez certains cardiaques (rétrécissement mitral).

• Infarctus pulmonaire. C’est la destruction d’une zone pulmonaire privée d’irrigation. L’embolie en est la cause principale, mais on peut le voir au cours de maladies infectieuses (grippe), de leucémies, d’intoxications. La complication était autrefois la surinfection.

• Atélectasie. C’est la conséquence d’une obstruction bronchique (corps étranger, bouchon muqueux, caillot, tuberculose, cancer bronchique). Il en résulte une perte d’activité du parenchyme pulmonaire correspondant à la bronche obstruée, conduisant à un syndrome de condensation pulmonaire. Les signes varient en fonction du volume de parenchyme atteint. La radiographie ne permet pas de déceler la cause. Il faut, pour cela, faire appel à la bronchoscopie, qui peut également être un geste curatif en permettant la désobstruction.

• Emphysème pulmonaire. C’est la distension et la perte d’élasticité des alvéoles pulmonaires, aboutissant à la rupture de leurs parois. L’emphysème peut être généralisé ou localisé. Généralisé, il représente la complication d’affections pulmonaires chroniques : asthme, bronchite, sclérose pulmonaire. Dans ce cas, les signes principaux sont la gêne respiratoire et l’insuffisance cardiaque. Localisé, l’emphysème pulmonaire est le plus souvent huileux. Les complications des emphysèmes sont mécaniques (pneumothorax spontané) et infectieuses (bronchites).

• Mycoses pulmonaires. Les mycoses* pulmonaires sont parmi les plus fréquentes mycoses profondes. Les principales sont l’actinomycose, l’aspergillose et la sporotrichose.