Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Poule (suite)

Le consommateur s’intéresse surtout à la couleur du jaune, qui dépend uniquement de la teneur de la ration en pigments caroténoïdes (lutéine, zéaxanthine). Les goûts anormaux sont enregistrés dans les conditions relatées à propos de la viande de poulet, mais il faut signaler que les produits stockés au voisinage des œufs peuvent communiquer leurs odeurs, à travers les coquilles, aux lipides, dont le jaune est richement pourvu. La présence de deux jaunes dans le même œuf est une anomalie passagère liée à une entrée en ponte trop précoce, cependant que les inclusions, taches de sang ou de viande, n’offrent pas d’autre inconvénient que de déprécier fortement la présentation du produit. Les sélectionneurs, tout en s’intéressant à la qualité de l’œuf produit, ont surtout cherché à obtenir des variétés de pondeuses économiques, donc de format réduit, entrant en ponte de façon précoce et donnant une production intense et prolongée.

Par rapport aux anciennes populations exploitées, qui se caractérisaient par une certaine hétérogénéité, les lots mis en place de nos jours ont un potentiel génétique homogène. Le producteur achète de jeunes poussins d’un jour femelles, dont les frères, sans intérêt économique, sont sacrifiés à l’éclosion.

La phase d’élevage de la poulette se prolonge jusqu’à 19 semaines d’âge environ. L’objectif poursuivi, très différent de celui de la production du poulet de chair, consiste à amener l’animal jusqu’à l’âge de la ponte dans des conditions économiques, mais surtout en préservant l’intégrité de ses fonctions. Jusqu’à l’âge de 8 semaines, l’élevage est comparable à celui du poulet, mais on se satisfait d’un contrôle moins rigoureux de l’environnement. Au-delà, les lots de faible importance sont parfois élevés sur parcours, en plein air, ou dans des poulaillers, abris largement aérés. Toutefois, l’importance des lots mis en place, entraînant la nécessité de mécaniser les opérations, et le souci de se mettre à l’abri des aléas biologiques ont incité les éleveurs à concevoir des bâtiments d’élevage très élaborés. La tendance à la spécialisation a aussi amené les accouveurs ou les responsables de groupement à « démarrer » les poulettes et à livrer aux producteurs des animaux prêts à pondre. À la ration pour poussins, qui est calculée sur la base des besoins moyens de 0 à 8 semaines, succède une ration pour poulettes dont les caractéristiques ou dont la limitation quantitative permettent, le cas échéant, de retarder l’entrée en ponte et d’avoir d’emblée de plus gros œufs, mais surtout d’obtenir une performance d’ensemble de l’animal en ponte supérieure. Cette phase reste dominée par la mise en œuvre d’un plan de prophylaxie complexe qui vise à contrôler le développement des coccidies tout en permettant l’acquisition par l’animal d’une certaine immunité, et à prévenir par la vaccination des atteintes virales ; maladie de Newcastle (pseudo-peste avaire), bronchite infectieuse, variole. L’idéal est de pouvoir se dispenser de toute intervention sur les animaux en ponte. L’entrée en ponte est progressive, un délai de 3 semaines s’écoulant entre l’âge moyen au premier œuf et un taux de ponte de 10 p. 100. Un taux de 50 p. 100 est atteint une quinzaine de jours plus tard, et, après avoir culminé à environ 85 p. 100, la courbe qui retrace l’évolution de ce taux redescend régulièrement pour retrouver le niveau 50 p. 100 au bout de 10 à 14 mois. Le taux de ponte est le quotient, en pourcentage, du nombre d’œufs pondus par la somme des effectifs journaliers sur la période considérée. Il se calcule le plus souvent hebdomadairement ; 50 p. 100 correspond sensiblement à un seuil de rentabilité en deçà duquel les frais variables d’entretien des pondeuses ne sont plus couverts par le produit de la vente des œufs. Ce seuil de rentabilité est évidemment influencé par le cours des œufs à ce stade. L’aviculteur cherche à conduire son troupeau jusqu’à ce point optimal, car la marge de rentabilité est étroite, et tout ce qui écarte la courbe de ponte de son profil optimal (accident d’élevage, problème sanitaire) est gros de conséquence. Une production de 240 à 260 œufs par pondeuse mise en poulailler est un objectif à atteindre, sachant que le taux d’élimination des animaux ne devrait pas dépasser 1 p. 100 par mois de ponte. Comme dans la production du poulet, le réglage des installations pour leur fonctionnement continu, la surveillance des animaux et le contrôle de la performance retiennent en permanence l’attention de l’éleveur. Après un premier cycle de ponte, le troupeau est réformé et cède la place à un nouveau lot mis en élevage en temps opportun (5 mois auparavant).

Le marché de la poule de réforme intéresse surtout les régions industrielles et principalement la population immigrée.

L’exploitation des pondeuses pour un second cycle de ponte est peu fréquente ; elle n’est envisageable qu’en fonction du contexte économique. Le second cycle présente la même physionomie que le premier, mais son bilan général reste inférieur et les aléas sont plus grands. Pour un comportement plus homogène du troupeau, on provoque à la fin du premier cycle la mue forcée des animaux.

Dans la conception de l’aménagement du poulailler de ponte, deux techniques s’opposent : la production au sol et la production en cage. Au sol, les trois quarts de la surface du poulailler sont occupés par une fosse à déjections surmontée d’un caillebotis ; abreuvoirs et chaînes d’alimentation y sont disposés ; à l’intérieur, les déjections s’accumulent sur une cinquantaine de centimètres tout au long de l’exploitation du troupeau. Le reste de la surface, en litière, sert de promenoir aux animaux. Le ramassage des œufs, difficilement mécanisable, se fait à la main. Les pondoirs sont le plus souvent aménagés de telle sorte que les œufs, pondus sur grillage à fines mailles, se regroupent dans une gouttière de ramassage et soient ainsi soustraits au contact des animaux. Ce dispositif ne permet pas d’entretenir plus de 6 à 7 poules au mètre carré, limite la mécanisation et requiert une surveillance plus attentive des animaux.