Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pologne (suite)

Organisation judiciaire

Elle est modelée sur la division administrative du pays. À la tête des organes judiciaires se trouve la Cour suprême, composée de quatre chambres (civile, pénale, militaire, du travail et des assurances sociales), dont les membres sont élus pour cinq ans par le Conseil d’État. Les conseils du peuple élisent pour trois ans des assesseurs populaires révocables. Il existe en outre des tribunaux d’assurances sociales, des tribunaux militaires et des organes d’arbitrage économique. Un ensemble de Codes est en cours d’élaboration depuis 1945.


Les libertés publiques

Depuis 1952, l’article 71 de la Constitution garantit les libertés inhérentes à tout régime démocratique, dont ne bénéficiaient pas auparavant les opposants au régime. La Déclaration universelle de droits de l’homme est acceptée. Mais la « vigilance à l’égard des ennemis du peuple » (art. 79), situés par rapport à la ligne générale du parti, engendre fatalement des restrictions à ces libertés.


Un grand dynamisme de développement


Une voie originale pour l’agriculture

En 1944, la suppression de la grande et moyenne propriété au profit du prolétariat agricole vise d’abord à rallier les masses populaires au régime qui s’instaure. L’expulsion des Allemands donne à la réforme un caractère nationaliste. L’expropriation des biens fonciers au-dessus de 50 ha et la « prise de possession » des terres occidentales permettent de distribuer 6 070 000 ha : on crée 814 000 exploitations nouvelles de 5 à 12 ha, on en agrandit 254 000 ; 440 000 familles « repolonisent » les terres recouvrées. Un tiers des terres devenues disponibles est réservé cependant, surtout à l’ouest, au secteur nationalisé « d’essai », qui représente 14 p. 100 des terres cultivées.

Le plan sexennal (1950-1955) prescrit la collectivisation. Accompagnée de mesures autoritaires, celle-ci se heurte à une sourde résistance et n’obtient que de faibles résultats : 10 510 « coopératives de production » cultivant en 1956 9,2 p. 100 des terres. La lutte a eu des répercussions sur la production et l’approvisionnement.

Le « printemps d’Octobre » 1956 met fin à la contrainte collectiviste. Cependant le « gomulkisme » ne renonce pas à la socialisation future, librement consentie, des campagnes : les « cercles agricoles » proposent de nouvelles formes de coopération volontaire pour la possession en commun des tracteurs et machines. De 47 p. 100 en 1950, la population agricole passe à 29,5 p. 100 en 1970 : l’exode massif de la jeune main-d’œuvre rurale vers les villes met en difficulté les exploitations familiales et favorise l’extension du secteur étatisé, qui est prioritaire dans les investissements nationaux. La paysannerie souffre de la politique des prix, de la pénurie des investissements, des livraisons obligatoires. La progression trop lente de la production (24 p. 100 en vingt ans) ne couvre pas les besoins du pays, obligé d’importer des céréales. La crise latente de l’agriculture est aggravée par les intempéries de 1968-1970. Le plan 1971-1975 essaie de corriger les déséquilibres. À partir du 1er janvier 1972, des achats aux prix du marché remplacent les livraisons obligatoires.


Un effort exceptionnel d’industrialisation

Après le succès de la reconstruction (1947-1949) dans le cadre d’une économie nationalisée dès 1946, le parti mobilise les énergies en vue de la création accélérée d’une société industrielle moderne dans le cadre de plans à long terme (six, puis cinq ans). L’effort d’industrialisation se marque par l’installation de nouveaux centres métallurgiques et de villes nouvelles telles que Nowa Huta (1950) près de Cracovie ou Nowe Tychy (1952) près de Katowice, la création de puissants chantiers navals, la modernisation des structures existantes. Les deux tiers de la production industrielle proviennent d’établissements construits ou radicalement transformés depuis vingt-cinq ans. La production industrielle (indice de référence = 100 en 1938) atteint 208 en 1950, 704 en 1960, 1 579 en 1970, faisant de la Pologne la dixième puissance industrielle au monde. La part de l’industrie dans le revenu national passe de 45 p. 100 en 1950 à 67 p. 100 en 1970.

Mais ces résultats ont été atteints au prix d’une restriction sévère de la consommation. Après la libéralisation des premières années qui ont suivi le retour au pouvoir de Gomułka, la gestion économique s’est ressentie du dogmatisme autoritaire des dirigeants, attachés à la réalisation rigide des plans, de l’emprise du modèle soviétique, de l’hostilité inquiète du régime à l’égard des initiatives et de l’insuffisance notoire des salaires. Il en est résulté une grave crise économique au cours du dernier plan quinquennal (1966-1970). Le redressement, sensible en 1972, s’inscrit dans l’orientation nouvelle du plan 1971-1975 : produire mieux, produire pour la consommation.


L’enseignement démocratique

La démocratisation de la culture et la multiplication des établissements d’enseignement sont des traits communs à toutes les démocraties populaires. L’effort de la Pologne dans ce domaine est d’autant plus remarquable que l’occupant avait anéanti son réseau scolaire, décimé le personnel enseignant, détruit les bibliothèques ; or, les progrès par rapport à l’avant-guerre sont considérables. Les séquelles d’analphabétisme ont disparu. L’ouverture aux masses de l’instruction gratuite à tous les degrés (la réforme d’octobre 1973 instaure l’école de 10 ans) fait que 85 p. 100 des jeunes passent par les écoles du second degré ou l’enseignement professionnel et technique ; un quart de la population s’instruit (système complet de cours pour travailleurs). La sélection à l’entrée de l’université, qui compte 350 000 étudiants, est très stricte. La vie scientifique et culturelle est organisée autour de l’Académie des sciences (1952). Bibliothèques, théâtres, éditions nombreuses et à bas prix, loisirs organisés contribuent à l’élévation culturelle des masses.