Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

pollution (suite)

Les nuisances et les pollutions dues à l’exploitation pétrolière

Le forage et la mise en service des puits de pétrole présentent toujours un certain risque d’éruption incontrôlée, avec ou sans incendie, qui peut être une source de pollution, particulièrement dans le cas d’installations off shore. À cette cause de pollution de la mer, qui conduit à éviter de forer trop près de certains rivages protégés, s’ajoutent les collisions et naufrages de navires pétroliers. Plus importants encore sont les rejets en haute mer de déchets pétroliers, provenant du nettoyage de leurs citernes, pratiqués par toutes les flottes marchandes et estimés à plusieurs mégatonnes chaque année.

La plus grande partie de ces déversements est absorbée et biodégradée par le milieu marin, mais la pollution des plages par des paquets de mazout et même par des marées noires serait de plus en plus fréquente si l’on ne prenait des mesures énergiques dont les principales sont les suivantes :
— procédé de load-on-top, par lequel les pétroliers retiennent à bord les résidus de lavage et de déballastage pour les mélanger à la cargaison suivante ;
— récupération des nappes répandues à la surface de l’eau en les cernant à l’aide de barrages flottants gonflables et en les ramenant à bord par une pompe aspirante ;
— dispersion des nappes en les attaquant avec divers produits détergents, tensio-actifs, adsorbants comme certaines craies ou certains sables ;
— destruction par ignition ;
— accord d’assurance mutuelle entre armateurs, depuis 1969, pour remédier aux conséquences des pollutions causées par leurs navires et rembourser les dépenses engagées par les opérations de nettoyage.

Considérées par l’opinion publique comme particulièrement polluantes, à tel point que leur implantation et même leur extension soulèvent des difficultés dans la plupart des pays, les raffineries de pétrole sont une source de nuisances diverses : bruit, odeurs, fumées, torches et rejet d’effluents. Au fur et à mesure que la technologie de l’antipollution s’est développée, trouvant des remèdes successivement à toutes les contaminations et aggressions de l’environnement, il a été possible de promulguer de sévères règles administratives pour limiter les émissions polluantes.

• Les eaux rejetées en rivière et en mer devront être exemptes de tout composant toxique et ne contenir que des traces d’hydrocarbures indétectables (5 parties par million) grâce à une épuration poussée.

• Les fumées des fours et chaudières seront dispersées par des cheminées de hauteur suffisante (100 m), et la pollution atmosphérique des alentours sera contrôlée par enregistrement de la teneur sulfureuse de l’air, qui ne devra pas dépasser celle de Paris : 0,2 mg/m3 de dioxyde de soufre SO2.

• Les odeurs ne devront pas dépasser les limites de l’usine, pas plus que les bruits des machines tournantes et des brûleurs (rayon de 500 m).

Un pourcentage de 10 p. 100 environ du coût d’une raffinerie neuve doit être consacré aux équipements complémentaires antinuisances. En contrepartie, la disparition progressive des vieilles installations polluantes périmées se traduit par une amélioration de la protection de l’environnement.


Les nuisances dues à l’utilisation du pétrole

L’industrie pétrolière joue un rôle très important dans la lutte contre les pollutions qui se manifestent lors de la consommation des carburants et des combustibles, sous forme de contamination de l’eau et, surtout, de l’atmosphère.

• La pollution des cours d’eau est due, pour une part notable, à la vidange des huiles usées des véhicules, qui doivent être recueillies, rassemblées et ramenées dans les raffineries pour y être soit régénérées, soit détruites. Ce problème est atténué dans la mesure où l’on réussit maintenant à fabriquer des huiles lubrifiantes « longue durée » espaçant les vidanges.

• La limitation de la pollution de l’atmosphère est plus complexe, car elle revêt de nombreux aspects.
1. Les fumées industrielles, auxquelles les raffineries ne contribuent que pour une faible part en comparaison des centrales thermiques ou des complexes sidérurgiques, contiennent des éléments malodorants et nocifs, parmi lesquels le dioxyde de soufre est pris comme critère de nuisance quoiqu’il ne soit pas en lui-même toxique comme les oxydes de carbone et d’azote. La limitation de la teneur en SO2 des fumées est obtenue de deux manières, également onéreuses : la désulfuration des combustibles (fuel-oils) ou celle des fumées elles-mêmes.
2. Les fumées des foyers domestiques et des chaufferies urbaines sont non seulement désagréables, mais corrosives pour les toitures, voire toxiques par la présence d’imbrûlés : il y a donc lieu de leur fournir un fuel-oil domestique très désulfuré et d’assurer le réglage et l’entretien des chaudières non surveillées.
3. Les gaz d’échappement des véhicules sont dangereusement délétères par le fait de la présence de monoxyde de carbone (CO) et d’autres corps très toxiques ; ils contribuent également de façon prépondérante à la formation de brouillards irritants (smog).

La lutte contre ces fléaux modernes passe par l’adjonction, sur l’échappement des véhicules, de pots d’épuration contenant un catalyseur d’oxydation. Malheureusement, celui-ci est empoisonné, c’est-à-dire très vite neutralisé par le plomb tétraéthyle qui est l’additif antidétonant incorporé dans tous les carburants pour en améliorer l’indice d’octane.

En dépit de l’augmentation prodigieuse des tonnages d’hydrocarbures utilisés dans le monde moderne, les efforts de l’industrie du pétrole doivent aboutir à une diminution non seulement relative, mais absolue de la pollution qu’elle provoque. Toutefois, la rentabilisation de ces efforts se traduira par un renchérissement non négligeable des produits consommés.

A.-H. S.

➙ Additif / Désulfuration / Off shore / Pétrole / Pétrolier / Raffinage.