armement (suite)
Dans l’établissement de ces programmes, on étudie en détail les moyens nécessaires à chaque système d’armes depuis l’origine de la recherche jusqu’à sa mise en service, y compris les frais de personnel et d’entretien correspondants. On exprime non seulement le coût total, mais aussi le coût marginal devant une autre solution concurrente (on confronte par exemple, pour une mission déterminée, un type d’avion piloté et un missile téléguidé).
On est ainsi conduit à des études de coût-efficacité ; une commande de très faible importance risque de conduire à un coût élevé, parce que les frais d’études sont amortis sur un petit nombre de matériels. Mais, si son volume augmente, il arrive un moment où le résultat obtenu ne croît plus proportionnellement au nombre de matériels. On atteint ainsi une certaine saturation et on se prive, dans une enveloppe budgétaire déterminée, d’autres types d’armes également souhaitables.
Ainsi apparaissent dans toute leur complexité l’ensemble des problèmes impliqués dans la conception et la réalisation des armements modernes. Si la planification, dont les principes viennent d’être sommairement exposés, s’impose maintenant, elle est loin de résoudre toutes les difficultés des choix qui incombent aux pouvoirs publics. On peut toutefois constater que seules des puissances politiques et économiques du niveau des États-Unis et de l’U. R. S. S. peuvent conduire une telle entreprise de façon autonome. En 1969, leurs dépenses globales d’armement sont estimées respectivement à 80 et 40 milliards de dollars sur un total mondial de 165 milliards de dollars, non compris la Chine ; encore hésitent-elles à s’engager à fond dans certaines voies, comme celle de la défense antimissile (v. aérienne [défense]). De telles options ne semblent pas être à l’échelle de puissances moyennes comme la France. Seule une Europe parvenue à une certaine forme d’unité et dont les membres se décideront à normaliser leurs programmes d’armement pourra acquérir une efficacité comparable.
R. S.
A. Basset, Histoire des fabrications d’armement en France (Impr. nationale, 1935). / J. F. C. Fuller, Armement and History (Londres, 1946 ; trad. fr. l’Influence de l’armement sur l’histoire, des guerres médiques à la Seconde Guerre mondiale, Payot, 1948). / C. Ailleret, Histoire de l’armement (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1948). / Revue historique de l’armée (numéros spéciaux 1956, IV, et 1964, II). / N. Calder, les Armements modernes (Flammarion, 1970).