Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Poissons (suite)

Le système nerveux

Bien que les Poissons constituent le niveau le plus primitif de l’ensemble des Vertébrés, leur système nerveux est fort complexe, et seuls les Mollusques Céphalopodes, parmi les Invertébrés, supportent la comparaison. Outre les organes des sens, que nous venons de voir, le système nerveux comprend les nerfs cérébro-spinaux, rachidiens et crâniens, le système nerveux autonome et le névraxe lui-même.

La moelle épinière est un centre de réflexes élémentaires relativement autonome, beaucoup plus qu’un ensemble de voies de conduction cérébro-spinales et spino-cérébrales. Il en part les nerfs rachidiens, à racines dorsales sensitives et ventrales motrices. L’encéphale lui-même est encore peu développé et n’occupe jamais la totalité de la capacité crânienne. Sa portion antérieure, ou télencéphale, comporte à la fois les centres olfactifs, ou paléopallium, une zone qui s’édifie comme un centre de corrélation, l’archipallium, ainsi que les corps striés, aux fonctions motrices. Alors que le télencéphale des Poissons cartilagineux est inversé, comme celui des autres Vertébrés, celui des Actinoptérygiens, éversé, a une organisation toute différente, qui rend plus difficiles les homologies de ses parties constituantes. Le diencéphale comporte l’épithalamus dorsal, qui conserve parfois des fonctions sensorielles (œil pinéal), et l’hypothalamus ventral, voisin de l’hypophyse et qui représente un centre viscéral important. Le mésencéphale, ou toit optique, constitue souvent la partie la plus volumineuse du cerveau ; c’est à la fois le centre de projection optique et un centre de corrélation, qui joue un peu chez les Poissons le rôle que jouent les hémisphères cérébraux chez les Mammifères. Le cervelet, ou métencéphale, est toujours bien développé, ce qui est normal chez des animaux évoluant dans un milieu tridimensionnel. Parviennent dans le cervelet les fibres nerveuses issues de l’oreille (centre de l’équilibration) et de l’organe acousticolatéral. Le cervelet forme, notamment chez les Téléostéens, une évagination vers le toit optique, la valvule cérébelleuse ; cette dernière devient énorme chez les Poissons possédant des électrorécepteurs. Le tronc cérébral, enfin, comporte les noyaux de la plupart des nerfs crâniens, notamment les nerfs moteurs oculaires et les nerfs branchiaux, ainsi, parfois, que des zones de projection sensorielle : c’est notamment le cas des noyaux gustatifs, qui forment, chez des Poissons comme la Carpe, des centres bulbaires hypertrophiés.

Les Poissons répondent bien au conditionnement des réflexes et sont capables d’apprentissage.


La reproduction des Poissons

Les Poissons sont des animaux à sexes séparés ; la plupart d’entre eux sont ovipares, et certains effectuent, pour se reproduire, des migrations de grande amplitude qui peuvent même les conduire des eaux douces aux eaux salées ou inversement.

Ovaire et testicule proviennent, comme chez tous les Vertébrés, de l’évolution de la crête génitale mésodermique, que viennent peupler les gonocytes primordiaux. Les testicules sont formés de cystes au sein desquels la spermatogenèse s’effectue simultanément. Les spermatozoïdes sont évacués par le canal de Wolff, ou uretère primaire, sauf chez les Téléostéens, chez lesquels se mettent en place des spermiductes spéciaux, qui aboutissent à un pore génital distinct.

Dans l’ovaire, les ovocytes évoluent entourés de cellules folliculeuses qui assurent la vitellogenèse. La voie d’évacuation des œufs est l’oviducte, ou canal de Muller, qui aboutit au cloaque, sauf chez les Téléostéens, où, comme celles des mâles, les voies génitales femelles ne sont pas homologues de celles des autres Vertébrés. Chez quelques Téléostéens primitifs, les œufs sont libérés dans la cavité générale et expulsés au-dehors par des pores abdominaux.


Espèces ovipares et vivipares

Chez de nombreuses espèces, la fécondation des gamètes se produit dans l’eau après que mâle et femelle ont émis leurs produits génitaux ; le développement commence aussitôt et aboutit à une éclosion plus ou moins rapide selon la teneur de l’ovocyte en vitellus. Dans d’autres cas, les mâles possèdent des organes d’intromission, et la fécondation a lieu au sein des voies génitales femelles. Chez les Poissons cartilagineux, c’est une partie des nageoires pelviennes qui fournit les deux ptérygopodes. Chez quelques Téléostéens, notamment les Pœciliidés, le gonopode du mâle provient de la transformation de la partie antérieure de la nageoire anale.

Certains des Poissons à fécondation interne restent ovipares, notamment quelques Requins et les Raies du genre Raja ; chez eux, toutefois, les œufs, de grande taille, sont pondus en petit nombre, enveloppés de coques protectrices. Il en éclôt des jeunes déjà bien développés. Dans d’autres cas, les œufs fécondés sont retenus dans les voies génitales femelles, où ils trouvent protection. On dit qu’il y a incubation ; la femelle assure aux œufs qu’elle garde ainsi dans ce « nid vivant » l’oxygène et l’eau nécessaires à leur développement ; citons parmi les espèces vivipares incubantes la plupart des Raies venimeuses ainsi que les petits Guppys de nos aquariums. Si la femelle produit en outre une structure anatomique appelée placenta, par l’intermédiaire de laquelle s’effectue les échanges respiratoires et nutritifs, il y a alors gestation. Il existe des Requins vivipares gestants, comme l’Émissole ou le Requin-Marteau.


La nidification

Les vivipares ne sont pas les seules espèces à offrir leur protection aux œufs avant l’éclosion. Certaines espèces ovipares bâtissent des nids où elles pondent leurs œufs, qu’elles gardent ensuite avec vigilance. C’est souvent le mâle seul qui a ce comportement, comme l’Épinoche, qui construit un nid en manchon, puis aère les œufs jusqu’à leur éclosion. Bon nombre de Téléostéens d’eau douce ont un comportement analogue. D’autres préfèrent des « nids vivants » à ces nids fabriqués. Ainsi, les Syngnathes et les Hippocampes abritent leurs œufs sous le ventre ou dans un marsupium, et les Tilapies pratiquent l’incubation buccale.