plutonium (suite)
Fabrication et usages du plutonium
Plutonium 239
Le principe de fabrication est le suivant.
On part de l’uranium naturel, que l’on soumet dans un réacteur nucléaire à un flux de neutrons ; l’isotope 238 (proportion 99,3 p. 100) se transforme en U 239 ; cet isotope est radioactif : par émission bêta, il se transforme en neptunium 239, lequel est également radioactif, et se transforme finalement en plutonium 239 :
On sépare le plutonium de l’uranium par des traitements chimiques délicats.
Le plutonium 239 sert à fabriquer des bombes de fission ; la bombe de Nagasaki ainsi que nos engins de première génération transportés par des « Mirage IV » étaient au plutonium 239.
Sur le plan des applications civiles, cet élément constitue le meilleur combustible fissile pour alimenter les réacteurs surrégénérateurs à neutrons rapides, dans lesquels on utilise la conversion intégrale de l’uranium 238.
Les développements effectués dans le domaine des réacteurs surrégénérateurs à neutrons rapides n’ont pas encore atteint (à la fin de 1972) le degré de maturité technologique suffisant en vue de leur utilisation sur le plan industriel.
En France, des études ont été faites à Cadarache (Rapsodie, Phénix), et l’on prévoit la mise en service des premiers réacteurs rapides vers 1980.
Plutonium 238
Le plutonium 238 — obtenu par irradiation du neptunium 237 — est utilisé comme source de neutrons et de rayons alpha dans des appareils de prospection géologique et comme source d’énergie pour certains types de pompes ou de simulateurs cardiaques et dans les générateurs isotopiques.
Il existe en France deux usines de fabrication de plutonium : Marcoule et le cap de La Hague. Le centre de Marcoule (UP1) comprend deux réacteurs G2 et G3, qui totalisent une puissance électrique de 80 MW, et une usine chimique traite l’uranium irradié dans ces deux réacteurs. Le centre de La Hague (UP2) traite les combustibles irradiés dans les centrales de l’E. D. F. du Val de Loire.
Il est difficile d’évaluer avec précision la production de plutonium sur le plan national, de même que sur le plan mondial, les chiffres étant tenus secrets ; on admet qu’un réacteur plutonigène fournit approximativement 1 g de Pu par jour et par mégawatt de puissance thermique.
Dangers du plutonium
Le plutonium est très toxique ; son activité est environ 1 000 fois supérieure à celle de l’uranium très enrichi (90 p. 100) et 100 000 fois supérieure à celle de l’uranium naturel, il n’est pratiquement pas absorbé par voie digestive, mais par voie pulmonaire. Les normes de sécurité sont de 2.10–12 Ci, soit 3.10–8 mg par mètre cube d’air, la quantité admissible dans l’organisme devant être inférieure à 10–6 g.
Aux dangers proprement nucléaires il faut ajouter les risques d’incendie ; c’est pourquoi il faut, quand on manipule le plutonium sous forme pulvérulente, opérer dans des boîtes à gants en atmosphère d’argon.
Ph. R.
➙ Nucléaire (énergie).