plancton (suite)
Quant aux dimensions, la classification proposée par J. M. Pérès et L. Devèze (1963), généralement admise dans les milieux océanographiques français, distingue :
— le macroplancton (taille [ou diamètre] supérieure à 5 mm) ;
— le mésoplancton (taille comprise entre 5 et 1 mm) ;
— le microplancton (taille comprise entre 1 mm et 50 µ) ;
— le nanoplancton (taille comprise entre 50 et 5 µ) ;
— l’ultraplancton (taille inférieure à 5 µ).
Macroplancton et mésoplancton comportent uniquement des formes animales (adultes et larvaires). Le microplancton est souvent divisé en deux sous-ensembles (R. S. Wimpenny, 1966) constitués, dans leur grande majorité, le premier (de 1 mm à 500 µ) de formes animales, le second (de 500 à 50 µ) de formes végétales. Abstraction faite de la notion de Protiste, le nanoplancton et l’ultraplancton sont des phytoplanctons. C’est à l’ultraplancton que se rattachent les Bactéries.
On notera, caractéristique importante sous l’angle de l’exploitation, que le plancton comprend :
— des constituants essentiellement animaux au-dessus de 500 µ ;
— des constituants essentiellement végétaux au-dessous de 500 µ.
Des considérations d’ordre physicochimique conduisent à découper les océans en couches horizontales, auxquelles on donne de haut en bas les noms de couches épi-, méso- et bathypélagiques. Les planctons qui en proviennent sont tout naturellement appelés épi-, méso- et bathyplanctons ; d’où une confusion possible entre mésoplancton (plancton de taille moyenne) et mésoplancton (plancton des horizons moyens).
Il est évident qu’en dehors de la zone de pénétration de la lumière il ne peut plus y avoir de phytoplancton, puisque le mécanisme chlorophyllien est annihilé. L’épaisseur de cette zone est de l’ordre d’une cinquantaine de mètres dans nos régions et de l’ordre d’une centaine de mètres en régions tropicales. L’épiplanclon, qui s’y trouve concentré, rassemble donc la totalité du phytoplancton et aussi, pour des raisons trophiques (satisfaction des besoins alimentaires), au moins les neuf dixièmes du zooplancton. Les planctons sous-jacents, méso- et bathyplanctons, sont entièrement animaux et de moins en moins denses au fur et à mesure que l’on s’enfonce. En ce qui concerne la répartition en surface, les planctologistes (ils ne veulent plus être appelés planctonologistes) prennent comme référence la distance à la côte et reconnaissent le plancton néritique et le plancton océanique.
Le plancton néritique, est cantonné dans les eaux côtières (plateau continental). Le méroplancton y est particulièrement bien représenté, en raison de la proximité des fonds et de la richesse habituelle de leurs peuplements en Invertébrés à larves pélagiques. Ce plancton néritique possède un autre trait caractéristique : les grosses fluctuations qualitatives et quantitatives auxquelles il est soumis par suite du caractère saisonnier de la reproduction chez ces mêmes Invertébrés.
Le plancton océanique vit dans les eaux du large. Il est essentiellement composé de formes holoplanctoniques et, par là même, il est beaucoup plus homogène.
La coupure entre plancton néritique et plancton océanique n’est pas absolument tranchée. Il existe, bien entendu, une bande de recouvrement où l’on trouve à la fois des représentants des deux communautés. Cependant, d’une façon générale — et cela est surtout vrai pour le zooplancton —, les formes néritiques entraînées dans le domaine océanique meurent assez rapidement, et, réciproquement, les formes océaniques entraînées dans le domaine néritique parviennent rarement à survivre. Ainsi se trouve maintenue, malgré la continuité apparente du milieu, une double originalité biogéographique.
E. P.
J. M. Pérès et L. Devèze, Océanographie biologique et biologie marine, t. II : la Vie pélagique (P. U. F., 1963). / J. E. G. Raymont, Plankton and Productivity in the Oceans (Oxford, 1963). / R. S. Wimpenny, The Plankton of the Sea (Londres, 1966). / P. Bougis, Écologie de plancton marin (Masson, 1974 ; 2 vol.).