Pise (suite)
La chaire du baptistère inspire celle que Giovanni Pisano termina vers 1310 pour la cathédrale, où l’animation et le sens dramatique des scènes de l’Évangile atteignent une étonnante tension, en contrepoint avec la fermeté architectonique de l’édicule dans son ensemble. L’histoire de la sculpture pisane se poursuit au xive s. avec Andrea* et Nino Pisano. Des sculptures de Nino sont notamment conservées à l’église de Santa Caterina, qui marque le passage du roman au gothique dans l’architecture de Pise. D’autres sculptures dues aux ateliers locaux participent à l’exubérant décor gothique des parties hautes de la petite église Santa Maria della Spina.
Le campanile de la piazza dei Miracoli fut entrepris, avec la participation de l’architecte et sculpteur Bonanno Pisano, en 1174. La construction fut interrompue par un affaissement du sol, qui, malgré une légère correction dans la suite des travaux, repris et terminés pour l’essentiel par Giovanni di Simone à partir de 1275, donna à l’édifice son inclination célèbre et aujourd’hui préoccupante. Tour de marbre cylindrique, l’édifice reprend les dispositions de la cathédrale : un premier niveau d’arcades pleines au tympan orné d’un losange évidé et marqueté, au-dessus duquel s’élèvent des étages de galeries à petites arcatures sur colonnettes. L’étage des cloches porte l’ensemble à une hauteur de 54 m.
Au nord de la cathédrale, le Camposanto offre, autour de son aire de sépulture, une très vaste galerie rectangulaire (129,5 × 44,5 m) commencée par Giovanni di Simone en 1278 et agrandie au xive s. Couverte d’une charpente, elle comporte un mur d’enceinte à hautes arcatures aveugles vers l’extérieur, revêtu de fresques à l’intérieur, tandis qu’elle s’ouvre sur l’espace interne par de grandes baies qui ont reçu au xve s. leur organisation à quatre lancettes gothiques. Détériorées par un incendie en 1944, détachées et réparées depuis, les fresques constituent un ensemble exceptionnel, confié dans la seconde moitié du xive s. à des artistes pour la plupart étrangers à Pise. La plus célèbre de ces œuvres, d’attribution discutée, est l’allégorie du Triomphe de la Mort, qui enchaîne ses épisodes avec une puissance expressive soutenue par le sens naturaliste, la vigueur du dessin et de la couleur. Le cycle du Jugement universel, de l’Enfer et du Paradis revient peut-être au Pisan Francesco Traini ; l’Histoire de Job est due à Taddeo Gaddi, celle de saint Rainier, patron de la ville, à Andrea da Firenze et à Antonio Veneziano ; etc. Au xve s., enfin, Benozzo Gozzoli* exécuta de nombreuses scènes de l’Ancien Testament, dont subsistent, altérées, les Vendanges et l’ivresse de Noé ainsi que la Tour de Babel.
Le quattrocento voit la ruine de Pise au profit de Florence. Au xvie s. se dessine un redressement : les Florentins enrichissent la cathédrale d’œuvres d’art (peintures d’Andrea del Sarto et du Sodoma, bronzes de Giambologna*, lampe en bronze dite « de Galilée »), et Vasari* collabore à la parure architecturale de la piazza dei Cavalieri, centre de la vieille ville. L’âge baroque a peu touché celle-ci.
E. M. et G. G.