Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Piranha

Poisson Téléostéen d’eau douce, de l’ordre des Cypriniformes, de la famille des Characidés, caractérisé par sa denture extrêmement acérée et renommé pour sa voracité.


Les Piranhas vivent dans les eaux douces du Brésil et du nord de l’Amérique du Sud, aussi bien dans les grands fleuves que dans les lacs et les petits cours d’eau. Il leur faut une eau dont la température soit comprise entre 23 et 26 °C environ, et on les rencontre aussi bien dans les régions boueuses que dans les eaux claires.

Seize espèces distinctes correspondent à ce nom commun ; elles appartiennent aux genres Pygocentrus, Pygopristis et surtout au genre Serrasalmo. Leur taille varie de 15 à 40 cm environ. Les plus gros des Piranhas, qui sont les plus dangereux, pèsent jusqu’à 3 kg. Ce sont des Poissons qui vivent en bancs et qui ont des mœurs extrêmement carnassières. Ils s’attaquent aux autres Poissons quand ils sont affaiblis, y compris ceux de leur propre espèce, ainsi qu’aux animaux terrestres blessés et tombés à l’eau. L’odeur du sang les attire en effet fortement, et la présence d’un grand nombre d’individus au même endroit entraîne souvent une issue fatale pour la victime. Mais on a fortement exagéré le caractère sanguinaire de ces Poissons. Leur présence n’empêche nullement les indigènes de se baigner, et les cas de morsure, sans être rares, sont généralement sans conséquence grave pour l’Homme. Il est impossible de les prendre au filet, qu’ils mettent en pièces sans difficulté d’un coup de dents ; on les pêche donc à la ligne, et les indigènes ont coutume de les mettre hors d’état de nuire en les mordant à l’arrière de la tête. Ces Poissons sont des hôtes recherchés des grands aquariums, mais il faut leur donner suffisamment d’espace... et de nourriture, pour éviter qu’ils ne s’attaquent les uns les autres.

On connaît mal la reproduction des Piranhas. On a pu constater toutefois que les parents pondent leurs œufs dans les herbes aquatiques et qu’ils montent une garde vigilante pour les protéger. Après l’éclosion, c’est le mâle qui s’occupe des alevins.

La famille des Characidés comporte environ 500 espèces, qui possèdent en général, comme caractères, une seconde dorsale adipeuse et une carène ventrale en dents de scie. La denture est extrêmement variable et peut être mise en relation avec le régime alimentaire. Il existe en effet, parmi les Characidés, des espèces herbivores aux dents coupantes, des espèces carnivores aux dents pointues et des espèces conchyliophages — se nourrissant de coquillages — aux dents broyeuses. On trouve ces Poissons en Amérique centrale et méridionale ainsi qu’en Afrique tropicale. Le géant de la famille est Hydrocyon goliath, ou Chien du Congo, qui peut atteindre 1,50 m et dépasser 50 kg. C’est un prédateur redouté, capable de sectionner les fils d’acier. C’est le chef de file d’une série de carnassiers africains et américains, dont les mœurs ont été comparées à celles du Brochet ou du Gavial. La plupart sont de taille moyenne ou petite. À côté de ces carnassiers, on trouve des espèces omnivores ou même franchement herbivores, aux dents coupantes, et des espèces qui se nourrissent de proies minuscules et ont des dents très fines et très nombreuses. Les espèces conchyliophages sont sud-américaines ; les noms de genre — Myletes, Mylesinus, etc. — font tous allusion à leurs dents molariformes disposées en meule, qui leur permettent de casser les coquilles de Mollusques.

Parmi les Characidés, deux genres méritent en outre un intérêt particulier. Il s’agit d’Erythrinus d’une part, forme carnivore d’Amérique, capable de respirer l’air grâce à la nature alvéolaire et à la forte irrigation sanguine de sa vessie natatoire, et de Gasteropelecus d’autre part, carnivore américain lui aussi, à la carène ventrale très prononcée, qui lui a valu le nom de Poisson-Hachette. Sur cette carène sont insérés des muscles pectoraux puissants permettant au Poisson d’effectuer des vols battus et de s’élever au-dessus de l’eau pour échapper à ses poursuivants.

R. B.

 L. Bertin et C. Arambourg, « Super-ordre des Téléostéens » dans Traité de zoologie, sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIII, fasc. 3. (Masson, 1957).

Pisanello (il)

Peintre et médailleur italien (? av. 1395 - ? apr. 1450).


Né d’un père pisan, Antonio Pisano (dit « il Pisanello ») se forme dans le milieu de Vérone, où, avec Turone et Altichiero, s’est constituée dans la seconde moitié du xive s. une école de peinture. Son maître est certainement Stefano da Verona (ou « da Zevio », 1374 ou 1375 - apr. 1438), l’un des représentants du style « gothique* international ».

La Madone à la caille, du musée du Castelvecchio à Vérone, est la première œuvre que l’on connaisse de lui. Le Irait rapide et fluide, le fond fleuri renvoient au monde abstrait et paradisiaque de Stefano, mais la disposition des fleurs et des oiseaux met déjà en évidence ce sentiment de la nature dont sera empreinte toute l’œuvre du peintre. Entre 1419 et 1422, il peint au palais ducal de Venise des fresques qui marquent son association avec Gentile da Fabriano (v. 1370-1427) ; aujourd’hui détruites, on en trouve le reflet dans des dessins conservés à Londres et à Paris.

Peintre courtois qui incarne l’idéal esthétique et spirituel de son époque, Pisanello est réclamé dans toutes les cours princières. On le trouvera à Mantoue, à Rome (et il passera presque inévitablement par Florence pour s’y rendre), à Ferrare, à Naples, etc. Entre 1424 et 1426, dans l’église San Fermo Maggiore de Vérone, il peint une fresque de l’Annonciation au-dessus du monument funéraire de la chapelle Brenzoni. Si la recherche du modelé y découle de Gentile da Fabriano, le trait est celui de Stefano ; mais, plus hardi et plus assuré, il se développe avec virtuosité dans les architectures légères et aériennes ornées de branches fleuries. De la même époque datent des fresques, qui ont disparu, pour le palais ducal de Mantoue et pour le château de Pavie. En 1431-32, Pisanello est à Rome et termine à Saint-Jean-de-Latran les fresques commencées par Gentile da Fabriano. Elles aussi ont été détruites au cours de transformations : il ne nous en reste que le relevé effectué par Borromini.