Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pinnipèdes (suite)

Cela peut s’expliquer par la rapidité de la plongée et par une remontée beaucoup plus lente en raison de l’effort physique considérable que les organismes ont alors à fournir. Il est très probable que les plongées profondes doivent s’effectuer en expiration, l’air étant totalement chassé des poumons. La pression qui règne en profondeur comprime les viscères, qui sont refoulés vers le diaphragme, comprimant ainsi les poumons, dont l’air résiduel est chassé dans les bronches et la trachée. Le peu d’air qui resterait ne céderait alors au sang qu’une infime quantité d’azote, ce qui éviterait le bullage à la remontée.

La nourriture des Pinnipèdes comporte, outre du Poisson, d’autres animaux marins tels que Mollusques et Crustacés. Phoques et Otaries sont surtout piscivores ; les Éléphants de mer mangent aussi des Poulpes ; les Morses détachent du fond de la mer et des rochers les Mollusques dont ils sont friands. Ils ne dédaignent pas bébés Phoques et jeunes Narvals qu’ils rencontrent. Le Léopard des mers (Hydrurga leptonyx) est plus féroce encore ; il rôde sur les plages pour y attraper des Phoques, des Manchots, Goélands et autres Oiseaux. Le Phoque crabier (Lobodon carcinophagus) se nourrit de crevettes. Tous ces animaux ajoutent des végétaux à leur régime carnivore : phytoplancton et Algues, comme le prouve l’anatomie de leur intestin, différent de celui des carnivores stricts par sa longueur. Leur intestin atteint en effet 20 fois la longueur du corps, alors que chez le Chien il n’est que de 6 fois cette longueur.

Les Pinnipèdes, à de rares exceptions près, vivent en sociétés plus ou moins importantes. Les Phoques sont en petits groupes, l’Éléphant de mer (Mirounga leonina) vit en groupes importants sur les plages des mers antarctiques (Kerguelen). Les Otaries se groupent et effectuent d’importantes migrations au moment de la reproduction. Les Morses forment des troupeaux de 20 à 50 individus.

L’Otarie à fourrure (Callorhinus ursinus), chassée pour sa fourrure, qui en pelleterie est appelée loutre de mer ou sealskin, fait des migrations saisonnières. Elle vit normalement sur les côtes du Mexique et de la Californie (où elle est strictement protégée). C’est dans le nord que se pratique la chasse des Otaries à fourrure : elle est en ce moment très réglementée, et chaque année les chasseurs ont un contingent de fourrures qui est parfaitement respecté.

Les jeunes Phoques ont des fourrures qui, hélas, sont très appréciées. Quant aux Morses, ils sont la proie des Esquimaux, qui utilisent tout l’animal : lard, viande ; peau pour fabriquer des traîneaux. Même le contenu stomacal (de Crustacés et Mollusques) sert de nourriture.

Beaucoup de Pinnipèdes habitent les régions les plus froides du globe. Aussi passent-ils leurs hivers sous la glace, où il fait beaucoup moins froid. Mais, comme ils sont obligés de respirer, ils doivent maintenir en permanence des trous d’air. C’est avec leurs canines et leurs incisives qu’ils brisent la glace quand elle vient boucher de nouveau leur trou d’aération. D’autres recherchent des poches d’air sous la banquise, ce qui leur épargnera la remontée en surface, qui est toujours dangereuse, au moment de la respiration ; c’est alors que les Ours blancs capturent les Phoques, dont ils sont très friands.

D’une façon générale, les mers polaires sont beaucoup plus riches en espèces que les mers tempérées.

P. B.

 M. A. Degerbøl et P. Freuchen, Mammals (Copenhague, 1935). / R. Hainard, Mammifères sauvages d’Europe (Delachaux et Niestlé, 1949 ; nouv. éd., 1961 ; 2 vol.). / P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. XVII : Mammifères (Masson, 1955 ; 2 vol.). / V. B. Scheffer, Seals, Sea Lions and Walruses (Stanford, 1958). / E. R. Hall et K. R. Kelson, The Mammals of North America (New York, 1959 ; 2 vol.). / E. P. Walker, Mammals of the World (Baltimore, 1964 ; 3 vol.).

Pintade

Oiseau de la famille des Phasianidés, de l’ordre des Gallinacés.


La Pintade est originaire d’Afrique, où elle est encore largement répandue à l’état sauvage. Sa domestication est très ancienne, et, parmi de nombreux oiseaux du groupe qui ont retenu l’attention pour leur aspect ornemental, l’espèce Numida meleagris est désormais l’objet d’une exploitation en pleine expansion.

Localisée avant 1955 dans les régions sèches, chaudes et ensoleillées du sud de la France, la production se faisait à partir de quelques unités (un mâle pour quatre ou cinq femelles) mêlées aux autres oiseaux de la basse-cour et n’intéressait que les marchés locaux.

Bénéficiant du développement des techniques modernes et des faveurs d’aviculteurs déçus par la faiblesse des cours du poulet, la production de pintades commença à se développer rapidement sur le mode industriel dès 1965 (élevage en claustration tout au long de l’année). En 1970, la Pintade représentait un peu plus de 4 p. 100 de la production française de viande de volaille mais la consommation de ce produit, d’un coût élevé, s’apparente plus à celle du gibier qu’à celle du poulet.

La production italienne n’a pas suivi le même rythme de développement. La Belgique, la Pologne, la Hongrie, l’U. R. S. S. ont une production limitée.

La Pintade reste appréciée sur les grands marchés de consommation de l’Europe du Nord.

Sur le plan zootechnique, l’espèce apparaît monomorphe, seule la tête permettant une différenciation des sexes.

La Pintade est rustique, a un bon rendement en viande ; le goût de sa chair attire les amateurs, mais c’est un Oiseau bruyant au tempérament sauvage. Son indice de consommation est élevé. Les naissances ont lieu normalement entre avril et septembre (120 œufs par sujet). L’impossibilité d’obtenir en hiver un taux de fertilité convenable en vue d’une production étalée sur toute l’année amena certains éleveurs à recourir à l’insémination artificielle et donc à l’élevage des reproducteurs en cages.

Les animaux sont sacrifiés à 6 semaines, à un poids de 500 à 600 g, et jusqu’à 12, 13 semaines, à un poids de 1 200 g. Ils sont alors presque adultes, le pintadeau abandonnant son plumage marron fauve dès l’âge de 10 semaines pour adopter la livrée de l’adulte, plumage gris-noir parsemé de taches blanches que l’on appelle perles.

Le sacrifice se fait traditionnellement par étouffement ou pendaison, ce qui demeure exigé par le règlement des productions garanties par label, mais aussi par saignée.

J. B.

 J. C. Cauchard, la Pintade (Éd. Peladan, Uzès, 1971).