Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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photopériodisme (suite)

Dans certaines espèces, c’est l’allongement des nuits qui aide la floraison (cette période d’obscurité doit toujours être inférieure à seize heures, car il faut respecter les huit heures obligatoires de photosynthèse minimum trophique) ; on nomme de tels végétaux nyctipériodiques. Certains Tabacs, les Topinambours, quelques Chrysanthèmes sont nyctipériodiques absolus, tandis que d’autres Chrysanthèmes et des Euphorbes sont seulement préférants.


Mécanisme du phénomène

On a remarqué que la photopériode favorable à l’espèce ne doit être fournie que pendant un certain temps, parfois bref et ne doit pas forcément se poursuivre jusqu’à la floraison. On en conclut donc que les transformations ainsi induites dans le végétal se maintiennent et que le stimulus de la mise à fleur a un effet durable même si l’excitant disparaît. Le lieu de perception est la feuille : si on les supprime sur une Lampourde, la photopériode favorable à la floraison, à laquelle est soumise la plante, reste sans effet sur les bourgeons, qui demeurent végétatifs. Il apparaît ici que le stimulus est transporté d’un organe (feuille) vers un autre (bourgeon). On pense, dès lors, que le stimulus considéré est de nature hormonale, substance chimique formée au niveau des feuilles et transportée vers des organes qui, s’ils sont réceptifs, se transforment en ébauche florale ; le bourgeon terminal des plantes pérennantes est insensible à cette action.

Il apparaît que des éclairements très faibles sont suffisants pour induire l’apparition des fleurs, alors que les mêmes doses seraient inefficaces pour la photosynthèse. Lorsque, dans un phytotron, on désire réaliser de telles expériences, on allonge le jour par une lumière d’appoint trop faible pour modifier la nutrition et suffisante en fait pour jouer sur la floraison. On pense que le clair de lune pourrait être efficace dans certains cas. De même, on a pu, en fournissant des lumières d’appoint monochromatiques, montrer que les diverses longueurs d’ondes n’ont pas toutes le même effet. Les spectres ainsi constitués ne sont pas identiques pour les diverses espèces, mais sont toujours différents de celui de l’absorption de la chlorophylle. Le pigment sensible (vraisemblablement phytochrome) serait une substance photosensible, qui est une protéine pigmentée par une chaîne tétrapyrollique ouverte ; il fonctionne comme une enzyme ; sa forme inactive P 665 absorbe les radiations rouge clair et se transforme en P 730, qui redonne le précédent par irradiation rouge sombre ; mais le phénomène n’est pas uniquement de type photochimique, la température, l’âge et l’état de nutrition de la feuille intervenant aussi. S’il ne reste qu’une feuille sur la plante, il pourra y avoir action sur de nombreux bourgeons situés à l’aisselle de la feuille, au-dessus ou au-dessous.

La substance élaborée dans la feuille n’est pas spécifique, car, en greffant par approche deux plants de Lampourde, l’un étant mis dans des conditions favorables, l’autre non, on obtient la floraison sur les deux individus, ce qui vérifie encore le caractère hormonal de cette action. Cette substance, à laquelle on a donné le nom d’hormone de floraison ou d’anthocaline, ou encore de florigène, est transmise par le liber (une décortication annulaire supprime la migration). Ses concentrations sont très faibles. Sa formule chimique n’est pas exactement connue, et l’on n’a pas encore réussi à l’isoler de façon certaine. Il semble, cependant, qu’elle soit de nature stérolique. Des stérols pulvérisés favorisent en effet la floraison ; les Fraisiers en fleur contiennent des gouttelettes lipidiques que ne possèdent pas les formes végétatives, et les inhibiteurs de synthèse stéroliques empêchent la floraison des Lampourdes.

D’autre part, il apparaît que la substance formée à la lumière, favorable à la floraison chez les plantes héméropériodiques, est contrebalancée par des substances fabriquées la nuit qui servent d’inhibiteur (dormine) ; l’hormone de floraison serait spécifique de ce type d’action, alors que son inhibiteur joue un rôle dans diverses autres fonctions.

Les variations dans la longueur des périodes de jour et de nuit favorables à la floraison viendraient du fait que les espèces n’ont pas toutes la même sensibilité aux concentrations de la substance active ; cette substance n’est capable d’induire la floraison qu’entre deux taux de concentration ; en dessous, elle est trop diluée, et la floraison est inhibée lorsqu’elle est trop concentrée.

Il apparaît, en conclusion, que la mise à fleur est un phénomène très complexe, dont les modalités dépendent d’ailleurs du type végétal. Les recherches se poursuivent activement, favorisées par les installations hautement spécialisées des phytotrons, qui permettent de ne faire varier qu’un seul des facteurs en même temps ; elles ont pour objet de découvrir les interactions entre tous les phénomènes qui ont été évoqués ici. Il apparaît également, dès maintenant, que ni l’hiver, aux jours courts, ni la nuit ne sont pour la plante des périodes inutiles.

Déjà, on a pu tirer de ces recherches des conséquences pratiques pour l’horticulture (floraison des Chrysanthèmes en toute saison) et l’agriculture en trouvant des méthodes favorisant le développement et la mise à fleur des végétaux.

J.-M. T. et F. T.

➙ Fleur / Floraison.

 C. C. Mathon et M. Stroun, Lumière et floraison (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1960).

photosynthèse

Phénomène propre aux végétaux verts (plantes autotrophes) exposés à la lumière qui a pour effet l’élaboration de matières organiques à partir du gaz carbonique et de l’eau, substances minérales, et qui, de ce fait, assure la nutrition carbonée du végétal vert. (Syn. assimilation chlorophyllienne.)



Mise en évidence

Une feuille verte partiellement masquée par un cache noir reste exposée à la lumière un temps assez long ; après décoloration des tissus à l’alcool bouillant et action de l’eau iodée, les parties exposées à la lumière apparaissent bleues et la partie protégée devient jaune (couleur de l’eau iodée). Cela montre que le tissu vert, en présence de l’air atmosphérique et soumis à la lumière, a pu former de l’amidon* (C6H10O5)n, substance riche en carbone. La même expérience peut être faite sur des plantes panachées : là où la chlorophylle* manque, le parenchyme ne se colore pas en bleu, la synthèse ne pouvant se faire ; cela confirme la nécessité du pigment vert chlorophyllien pour l’élaboration du glucide. Les végétaux qui ne contiennent pas de chlorophylle sont hétérotrophes, obligés de se procurer leur nourriture organique à partir d’autres êtres vivants ou de leurs déchets ; ils sont alors parasites ou symbiotes, ou encore saprophytes.