Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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photographie (suite)

• Le nouveau réalisme en Europe et les recherches abstraites. L’école américaine, et principalement Paul Strand, a prôné le nouveau réalisme ; en Allemagne, Albert Renger-Patzsch (1897-1966) est le chef de file d’un mouvement qu’il intitule nouvelle objectivité. À l’affût de la perfection, il travaille le plus souvent avec un appareil de format 9 × 12 cm et un trépied. À la même époque, la « neue Sachlichkeit » triomphe en peinture avec George Grosz et Otto Dix. Photographie et peinture s’influencent mutuellement.

C’est l’impressionnisme qui crée la réaction de ces peintres, et le pictorialisme photographique celle des photographes.

Deux voies s’ouvrent désormais à la photographie : le nouveau réalisme, c’est-à-dire la photographie « concernée » et la création pure, abstraite, dépourvue de toute anecdote, dont Stieglitz a ouvert la voie avec la série des « Équivalents ».

Dans les années 20, en Allemagne, des artistes peintres se servent du réalisme photographique pour transfigurer le quotidien (collages de l’Autrichien Raoul Haussmann [né en 1886]). Les travaux de Moholy-Nagy* sont à l’origine de la section photographique du Bauhaus. Moholy-Nagy part souvent d’images objectives d’une grande pureté de lignes et réalise ensuite des photomontages (v. assemblage). Ses « photogrammes » exécutés sans caméra, sortes de peintures lumineuses, sont encore une source d’inspiration pour les artistes cinétistes de nos jours. En 1937, Moholy-Nagy fonde à Chicago le New Bauhaus qui deviendra, deux ans plus tard, The Chicago Institute of Design. Ses théories ne seront pas sans influencer la carrière de Harry Callahan (né en 1912), qui, cependant, se reconnaît Adams et Stieglitz pour maîtres.

Pour de nombreux artistes contemporains, tels les adeptes du pop* art, de l’« hyperréalisme » (v. réalisme) ou ceux de la nouvelle figuration*, la photographie reste le grand intercesseur.

L’Allemand Otto Steinert (né en 1915) tient particulièrement au terme de photosubjectif. Il considère la technique indispensable ainsi que les manipulations de laboratoire. Le Belge Pierre Cordier (né en 1933) travaille quelques mois sous sa direction. Ses œuvres deviennent des « chimigrammes » ; Cordier utilise tout à la fois la photographie et la chimie, mais aussi, dans une certaine mesure, le hasard, espérant trouver ce que Magritte appelait « d’inattendues images de l’inconnu ». La Française Dominique Sarraute réalise d’étonnantes compositions où la matière picturale se mêle habilement à la rigueur photographique de la réalité. Jean-Pierre Sudre (né en 1921) est un des virtuoses de la chimigraphie. Fasciné par les cristaux, il découvre leur monde ignoré de l’œil humain. Partisan des tirages uniques, il place l’épreuve photographique sur le même plan que la réalisation picturale ; il déclare du reste : « [L’épreuve] naît à la fin d’un combat gestuel avec la lumière et des réactions physico-chimiques contrôlées qui la révèle. »

Cent cinquante années ont suffi à l’homme pour trouver dans la photographie l’un des principaux auxiliaires de la science et un indispensable élément de la vie quotidienne. Mais la photographie reste aussi l’un des moyens artistiques de notre époque, fixant pour l’éternité l’instant éphémère à jamais disparu.

A. B.


Les principaux inventeurs


Frederick Scott Archer,

sculpteur et photographe anglais (1813-1857). Il inventa le procédé au collodion humide, qui allait supplanter le calotype. Le procédé qu’il décrivit en 1851 consistait à étendre le collodion, dans lequel était dissous de l’iodure de potassium, sur une plaque de verre. On plongeait ensuite cette plaque dans une solution de nitrate d’argent et on l’utilisait encore humide. On développait après la prise de vue au pyrogallol et l’on détachait la pellicule de collodion du verre. On fixait et on séchait. Archer avait conçu un négatif, mais il avait aussi envisagé le tirage en positifs. Son procédé eut, malgré ses difficultés d’emploi, un large succès.


Oskar Barnack,

inventeur allemand (1879-1936). Mécanicien du service des usines Ernst Leitz à Wetzlar et photographe amateur, il réalisa, à partir de recherches sur la vision des images, un appareil utilisant le film cinéma. Ainsi naquit en 1913 le premier appareil de petit format, qui devait aboutir au premier modèle de la gamme des Leica.


Hippolyte Bayard,

inventeur français (1801-1887). Il vit un jour son père obtenir des silhouettes en plaçant des caches sur des pommes pendant leur mûrissement. Il réalisa, avant les publications de Talbot et de Daguerre, des images sur papier imprégné de chlorure d’argent, qu’il appelait dessins photogénés. La découverte de Daguerre et la mauvaise foi d’Arago à son égard laissèrent Bayard dans l’ombre. Il fut pourtant l’un de ceux qui surent rendre pratique la photographie. Après ses images photogénées de 1839-1845, il utilisa avec art le daguerréotype.


Édouard Belin,

inventeur français (1876-1963). Il imagina les procédés de transferts à distance de photographies par lignes téléphoniques et télégraphiques, puis par radio (bélinographes). Il fut président de la Société française de photographie.


Louis Désiré Blanquart-Évrard,

inventeur français (1802-1872). Industriel lillois, il s’attacha à perfectionner le procédé de Talbot pour obtenir des épreuves sur papier. En 1847, il présenta son procédé à l’Académie des sciences. En 1851, il l’appliqua à l’héliogravure. Il fonda avec Hippolyte Fockedey une imprimerie photographique et fit paraître en 1851 l’Album photographique de l’artiste et de l’amateur, présentant des reproductions d’œuvres d’art de qualité, puis des photographies rapportées d’Égypte et de Palestine par Maxime Du Camp. En 1870, il chercha à exploiter le procédé en couleurs de Ducos du Hauron, mais il mourut en avril 1872 sans avoir réalisé ce projet.


Charles Cros,

savant et poète français (1842-1888). Il découvrit, en même temps que Louis Ducos du Hauron et sans le connaître, le procédé de photographie en couleurs par trichromie.


Louis Jacques Mandé Daguerre.

V. l’article.


Louis Ducos du Hauron,