Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

photographie (suite)

stéréoscopie, vision du sujet en relief. Nos yeux voient les images sous des angles un peu différents, ce qui leur permet d’apprécier le relief. En réalisant un couple de photographies décalées de la même manière et en les regardant dans un appareil permettant à chaque œil de voir seulement l’image qui lui correspond, on restitue l’impression de relief. Des appareils de prise de vue à deux objectifs ont été conçus à cet usage, ainsi que des appareils pour l’observation binoculaire des couples ainsi obtenus.

strioscopie, enregistrement photographique des projectiles ou subjectiles se déplaçant dans l’espace à grande vitesse, qui utilise le fait que la lumière se déplace plus lentement dans les couches denses de l’air que dans les couches moins denses. Ce procédé, dû à Schlieren et qui porte parfois son nom, est combiné avec l’emploi de filtres et de méthodes d’interférence pour la visualisation, en noir ou en couleurs arbitraires, des courants d’air formés par exemple autour d’un avion en vol.

stroboscopie, mode d’obtention, au moyen d’éclairs, d’une suite de photographies jalonnant les phases successives d’un mouvement en étude.

thermographie, procédé d’enregistrement photographique de l’émission infrarouge d’un corps chaud. Ce procédé s’est développé dans le domaine médical pour l’examen du corps humain par son émission thermique, que l’on capte et que l’on amplifie de façon à pouvoir la reproduire sur un film photographique ou sur un écran de télévision, qui peut lui-même être photographié. Les thermographies sont souvent transcrites en zones arbitraires de couleurs, ce qui facilite leur interprétation.

tomographie, association de la photostéréosynthèse à la radiographie.

virages, opérations ayant pour objet de transformer une image en noir et blanc colorée monochrome, en remplaçant tout ou partie du sel d’argent noir par un sel métallique différent et coloré.

viseur, accessoire disposé sur ou dans le boîtier de l’appareil et permettant de voir distinctement l’image telle qu’elle sera enregistrée.

xérographie, procédé d’électrographie qui remplace le procédé photochimique classique par un procédé électrique. On utilise une plaque photosensible chargée électriquement. Son enduit électrostatique, isolant dans l’obscurité, devient conducteur par insolation et inscrit une image latente. On projette à sec sur cette plaque une poudre qui se fixe sélectivement sur les parties chargées pour transformer cette image en une image visible que l’on peut fixer. Les poudres utilisées sont, par exemple, du noir de fumée, des résines colorées, une poudre de lycopode, qui sont chargées négativement. On les fixe par collage en pulvérisant une eau gommée ou par chauffage.

M. D.


Les grands courants de la photographie


Les pionniers

Près de quatre siècles se sont écoulés entre la description de la chambre obscure par Léonard de Vinci et l’invention de la photographie par Niepce*.

Daguerre* perfectionne rapidement le procédé inventé par Nicéphore Niepce : la pose devient moins longue ; l’image obtenue est d’une parfaite netteté, mais elle reste unique. On ne décèle alors encore aucun souci d’interprétation. Le daguerréotype se répand dans le monde entier : un atelier de daguerréotypie est ouvert à Calcutta en 1840, un autre en Australie en 1841, alors que l’Américain Mathew Brady (1823-1896) réalise d’innombrables portraits et des photographies de la guerre de Sécession. Plusieurs genres sont particulièrement en vogue : des vues de villes et de paysages — des photographes accompagneront les voyageurs au Moyen-Orient —, quelques reportages, mais surtout le portrait. Le daguerréotype démocratise ce dernier, qui n’est plus un privilège de gens aisés commandant un souvenir aux artistes peintres. Beaucoup parmi les pionniers de la photographie ont été peintres avant d’être photographes et ont subi l’influence du réalisme pictural. Si, en France, Nadar reste l’un des plus célèbres photographes de son temps, il ne faut pas oublier Étienne Carjat (1828-1906), qui photographie ses amis, Baudelaire, Rossini, Gauguin, Verlaine et tant d’autres. Les œuvres de l’un et de l’autre témoignent d’un sens psychologique aigu.

C’est à l’âge de vingt-deux ans que Gaspard Félix Tournachon (1820-1910) prend le pseudonyme de Nadar et devient journaliste. Humoriste perspicace, il réalise des dessins et d’excellentes caricatures. En 1849, il fonde la Revue comique et alimente à la fois le Journal pour rire et le Charivari. C’est en 1853 qu’il ouvre un atelier de photographie, qui connaît vite un grand succès. En 1854, il commence, sous le nom de Panthéon Nadar, la publication d’une galerie de célébrités contemporaines. Contrairement à A. E. Disderi (1819-1890) attaché à l’apparence et au détail, Nadar étudie la lumière, attend la pose naturelle, recherche le caractère et l’expression de son modèle. Le portrait de Gustave Doré qu’il réalise est d’un naturel étonnant. Attiré par l’aérostation, il fait plusieurs ascensions en ballon avec les frères Godard. En 1858, véritable reporter, il réussit la première photographie aérienne et pense immédiatement à la possibilité de relevés topographiques. Propagandiste de l’idée du plus lourd que l’air, il fait construire, en 1863, un ballon de 6 000 m3, le Géant, avec lequel il réalise plusieurs ascensions, dont Daumier nous laisse un souvenir plein de verve. Chef d’une patrouille d’aérostiers, il exécute de nombreuses photographies du siège de Paris et des mouvements des troupes ennemies. Son imagination fertile l’avait amené, en 1860, dans les catacombes de Paris ; il y avait installé un éclairage au bec Bunsen permettant les quinze minutes de pose indispensables. D’un genre tout différent sont les portraits d’Antony Samuel Adam-Salomon (1811-1881), ancien sculpteur ; tout un décor de draperies, de velours encadre ses modèles.