Pétrarque (suite)
Par ailleurs, l’entreprise la plus ambitieuse de Pétrarque en langue vulgaire est le poème allégorique des Trionfi, entrepris vers 1354 et poursuivi presque jusqu’à la fin de sa vie, écrit en « terzine » (l’unité métrique de la Divine Comédie) et dans lequel Pétrarque ordonne son autobiographie spirituelle en une succession de cycles symboliques culminant dans le triomphe, tour à tour, du Désir, de la Chasteté, de la Mort, de la Gloire, du Temps et de l’Eternité.
L’œuvre latine de Pétraque comprend :
— les neuf livres de l’Africa (inachevés, malgré plusieurs rédactions postérieures à celle de 1341), exaltant la gloire de Rome à travers la grande figure de Scipion l’Africain, non sans remonter à la fois jusqu’aux origines de l’Urbs et jusqu’à l’époque contemporaine par l’artifice d’un rêve prémonitoire du héros ;
— le De viris illustribus, dont le projet primitif prévoyait une série de biographies allant de Romulus à Titus (interrompu à Caton le Censeur, le cycle est ensuite élargi à tous les héros de l’humanité, d’Adam aux Temps modernes, puis de nouveau abandonné ; dans la dernière rédaction, les vies de Scipion et de César se signalent par leur ampleur et leur qualité historique) ;
— les quatre livres de Rerum memorandarum (commencés en 1344), recueil thématique d’« exempla », d’anecdotes et d’épisodes historiques ;
— le Secretum (1342-43 et 1353-1358), dialogue, de structure cicéronienne et d’inspiration religieuse, entre Pétrarque et saint Augustin, qui, inspiré par la Vérité (témoin muet de leur entretien), s’efforce de surmonter les conflits intérieurs du poète (à chacun des trois livres correspond une journée du dialogue) ;
— les traités De vita solitaria et De otio religioso (1346-47 tous deux remaniés par la suite), éloges de la retraite et de l’étude, selon l’idéal classique et la règle monastique ;
— les Psalmi penitentiales (v. 1347), où le poète implore la rémission divine ;
— le De remediis utriusque fortunae, traité entrepris vers 1354, divisé en deux séries de 122 et de 132 brefs dialogues entre la Raison et la Joie et l’Espérance, et entre la Raison et la Douleur et la Crainte, selon une casuistique érudite qui emprunte à toute la réflexion morale médiévale ;
— les quatre livres de l’Invective contra medicum (1352-1355) et le De sui ipsius et multorum ignorantia (1367-1370), où Pétraque défend la dignité et l’utilité des études littéraires contre l’encyclopédisme, l’abstraction, le formalisme et la vaine subtilité de la philosophie et de la science contemporaines ;
— l’Invectiva contra eum qui maledixit Italiae (dite aussi Apologia contra Gallum, 1373), réfutation de la thèse favorable au maintien du siège pontifical à Avignon ;
— quatre recueils d’épîtres en prose (24 livres de Familiari, 17 de Senili, 3 de Varie et 4 de Sine nomine [ou Sine titulo]) ;
— un recueil, en trois livres, de soixante-quatre épîtres en vers composées pour la plupart avant 1350, les Epistolae metricae, qui s’apparentent, par leur inspiration autobiographique, aux églogues du Bucolicum Carmen (composées vers 1346 et revues en 1357).
J.-M. G.
P. de Nolhac, Pétrarque et l’humanisme (Champion, 1892 ; nouv. éd., 1907, 2 vol.). / H. Hauvette, les Poésies lyriques de Pétrarque (Malfère, 1932). / C. Calcaterra, Nella selva del Petrarca (Bologne, 1942). / G. De Robertis, Studi (Florence, 1944). / U. Bosco, Francesco Petrarca (Turin, 1946 ; 2e éd., Bari, 1961). / E. Bigi, Dal Petrarca al Leopardi (Milan et Naples, 1954). / E. Carra, Studi petrarcheschi ed altri scritti (Turin, 1959). / R. Bacchelli, Saggi critici (Milan, 1962). / A. Noferi, L’Esperienza poetica del Petrarca (Florence, 1962). / B. Curato, Introduzione a Petrarca (Crémone, 1963). E. H. Witkins, Vita del Petrarca e la formazione del « Canzoniere » (Milan, 1964). / N. Sapegno, « Francesco Petrarca », dans Storia della letteratura italiana, t. II (Milan, 1965). E. Raimondi, Metafora e storia. Studi su Dante e Petrarca (Milan, 1970). / G. Contini, Varianti e altra linguistica (Milan, 1971). / A. Michel, Pétrarque et la pensée latine (Aubanel, 1975).