Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

péritoine

Membrane séreuse annexée au tube digestif abdominal et à certains organes génito-urinaires qu’elle enveloppe ou recouvre.


Le péritoine est composé d’un feuillet pariétal qui tapisse la face interne de la paroi abdominale et d’un feuillet viscéral qui enveloppe les organes. La continuité entre ces deux feuillets se réalise au niveau des mésos.


Embryologie

Aux premiers stades du développement embryonnaire, le tube digestif est rectiligne, flottant dans la cavité abdominale. Il est situé en avant de l’aorte, dont il reçoit ses vaisseaux : le péritoine pariétal se réfléchit au niveau de ces vaisseaux et vient entourer le tube digestif par son feuillet viscéral : ainsi ces vaisseaux sont contenus dans un double feuillet péritonéal ; ce feuillet est un méso, qui attache le tube digestif à la paroi postérieure.

Par la suite, le développement du tube digestif (allongement, enroulement, torsion, rotation) au cours de la vie fœtale modifie cette disposition simple : le méso initial, sagittal, s’oriente de diverses façons. Il va par endroits s’accoler à la paroi postérieure, formant des « fascias » d’accolement, d’une importance considérable en chirurgie abdominale.

De même se forment des ligaments qui relient certains organes à la paroi (foie, utérus) et des épiploons, replis péritonéaux tendus entre deux organes intra-abdominaux.


Anatomie

Les deux feuillets péritonéaux (pariétal et viscéral), les mésos, les épiploons et les ligaments sont les parties d’une même membrane, partout continue, qui limite une cavité virtuelle, la cavité péritonéale : celle-ci ne contient rien, en temps normal, les feuillets étant au contact l’un de l’autre ; elle ne devient une cavité réelle qu’à la condition qu’on y fasse pénétrer de l’air (incision chirurgicale, laparoscopie).

Entre le péritoine pariétal et les parois de l’abdomen s’interpose un tissu conjonctif, riche en lymphatiques. En arrière, ce tissu conjonctif constitue l’espace rétropéritonéal, devant la paroi abdominale postérieure.


Principales formations péritonéales intra-abdominales

Le côlon transverse (v. intestin) et son méso (mésocôlon transverse) barrent la cavité abdominale et la divisent en deux étages, sus- et sous-mésocolique.

• L’étape sus-mésocolique est occupé par l’estomac, le premier duodénum (bulbe), le foie et la rate : l’estomac est relié au foie par le petit épiploon, celui-ci se terminant sous le foie par un bord libre qui va du hile du foie au duodénum et qui contient le pédicule hépatique.
— L’épiploon gastro-splénique relie l’estomac à la rate.
— Le grand épiploon (ou ligament gastro-colique) est tendu entre l’estomac et le côlon transverse.

La majeure partie du grand épiploon pend en « tablier » devant le côlon transverse et la masse des anses grêles.

En arrière de l’estomac, l’arrière-cavité des épiploons est un vaste recessus de la grande cavité péritonéale : la porte d’entrée de ce recessus est située en arrière du bord libre du petit épiploon, c’est le hiatus de Winslow.

La plus grande partie du duodénum et du pancréas est rétropéritonéale, en raison d’accolements durant la vie embryonnaire. Seule la queue du pancréas est libre, contenue dans l’épiploon pancréatico-splénique qui la relie à la rate.

• L’étage sous-mésocolique renferme l’intestin grêle (jéjuno-iléon), flottant dans la cavité péritonéale, attaché à la paroi postérieure par le mésentère.

Le côlon droit lui fait suite ; presque totalement « accolé » à la paroi postérieure (sauf au niveau du cæcum), il se poursuit par le côlon transverse, mobile, transversal, relié à la paroi postérieure par le mésocôlon transverse. Le côlon descendant, ou gauche, est lui aussi « accolé » à la paroi postérieure. Le côlon est de nouveau mobile au niveau de l’anse sigmoïde, attachée à la paroi postérieure par le mésosigmoïde.

Au niveau de la 3e vertèbre sacrée commence le rectum, qui est dans sa plus grande partie sous-péritonéal, sauf à sa partie supérieure. Le péritoine des faces antérolatérales du côlon sigmoïde se poursuit sur les premiers centimètres du rectum avant de se réfléchir latéralement sur les parois du petit bassin. En avant, la réflexion péritonéale, située plus bas, se fait sur la vessie chez l’homme, sur le vagin chez la femme. Le cul-de-sac ainsi formé est le cul-de-sac de Douglas, point déclive de la grande cavité péritonéale, où viennent se collecter les sécrétions anormales (sang, pus, ascite [épanchement clair du péritoine]).

Chez la femme, le péritoine recouvre, dans la cavité pelvienne, les organes génitaux. Il tapisse les faces et le fond de l’utérus et s’étend sur les côtés jusqu’à la paroi pelvienne latérale en formant de chaque côté de l’utérus les ligaments larges. De même, en arrière, les ligaments utéro-sacrés relient le col utérin au sacrum, en coutournant latéralement le rectum. En avant, les deux ligaments ronds sont tendus des angles latéraux de l’utérus à la région inguino-pubienne.

L’ovaire n’est pas recouvert de péritoine, contrairement à tous les organes de la grande cavité ; il est attaché de chaque côté au ligament large par un court méso péritonéal, le mésovarien, qui s’arrête le long du bord antérieur de l’ovaire. Ainsi, l’ovaire est le seul organe réellement intrapéritonéal : les ovules « tombent » dans la cavité péritonéale et sont dirigés vers le pavillon de la trompe. La cavité péritonéale communique donc avec l’extérieur chez la femme par l’intermédiaire du tractus génital (trompes - cavité utérine).


Physiologie du péritoine

Le péritoine est la séreuse la plus vaste de l’organisme : sa surface est évaluée à un mètre carré et demi environ. Il sécrète un liquide visqueux, en quantité variable. Il facilite le glissement des organes les uns contre les autres et les mouvements péristaltiques de l’intestin. Le péritoine se comporte comme une membrane semi-perméable soumise aux lois de l’osmose : il est capable d’absorption (ou résorption) et de sécrétion (ou excrétion).