Acte par lequel un sujet connaît l’information transmise par les messages sensoriels consécutifs à une excitation dont l’origine est aussi bien dans notre environnement que dans notre organisme.
L’acte perceptif fournit : 1o des informations qui sont utilisées dans toute élaboration intellectuelle ; 2o des signaux nécessaires à l’action.
La perception est une connaissance dépendante d’une stimulation actuelle.
Pour se débarrasser de l’empirisme naïf qui croit que nos perceptions sont un simple décalque ou une image de la réalité, il a fallu passer par la réflexion critique qui va de Platon à Kant.
De la sensation à la perception
Philosophes et psychologues ont eu beaucoup de difficultés à distinguer et à unir sensation* et perception.
Pour les associationnistes, les sensations seraient les données immédiates et la perception le fruit d’associations de sensations, d’images et de concepts. La coexistence spatiale ou temporelle de plusieurs stimulations, d’images ou même d’actions expliquerait les complexes perceptifs à partir des sensations élémentaires.
Le développement de la psychologie de la forme (Gestalt) a mis en cause cette analyse. Nous vivons dans un univers de formes dont on ne peut rendre compte par l’association de sensations élémentaires. Le tout n’est pas la somme des parties, mais une structure sui generis qui s’expliquerait par un isomorphisme entre les structures physiques et les structures physiologiques dont les perceptions seraient un parallèle. Les gestaltistes ont mis en évidence de véritables lois phénoménales de la perception, dont nous retiendrons beaucoup d’aspects, mais l’interprétation par l’isomorphisme est tombée en désuétude.
Cependant, associationnistes et gestaltistes se contentaient de faire appel à l’expérience immédiate des sujets. Le béhaviorisme a déplacé le problème. Il admet que nous ayons des expériences perceptives, mais il nie la valeur scientifique de l’introspection. Il y a d’un côté des stimuli, de l’autre des réactions. Nous pouvons savoir qu’un sujet a une perception différente des stimulations A et B parce qu’il peut donner des réponses différentes à A et B.
Ce point de vue méthodologique a été largement accepté, mais l’homme a un répertoire de réponses plus large que celui de l’animal. Il peut, en particulier, reconnaître verbalement un stimulus, l’identifier en le dénommant, le décrire et décider par exemple de son identité ou de sa différence avec un autre stimulus. Une fois établi le statut des réponses verbales, les oppositions introspection-comportement, expérience immédiate-réponse perdent leur sens. La nature et l’énergie des stimulations engendrent une expérience qui ne peut être explicitée qu’à travers un système de réponses qui ne traduit nécessairement qu’un aspect du donné perceptif. Dans la perception, il y a une impression indéfinissable, mais en outre une catégorisation de la stimulation qui peut se référer à une qualité simple (un son, un éclair) ou à une forme, un objet, une personne, etc. La perception apparaît, en définitive, comme un processus cognitif. Si la psychologie actuelle étudie méthodologiquement la perception en termes de stimuli et de réponses, son intérêt essentiel se porte sur le sujet qui élabore l’information sensorielle pour l’intégrer dans son système d’information.
Les indices de la perception
La perception nous est révélée à partir des réactions qui en dépendent. Elle est étudiée à partir de plusieurs types de réponses.
• La détection. Il y a perception d’une présence ou d’une absence d’une stimulation simple ou complexe.
• La discrimination. Si à deux stimulations on peut faire correspondre d’une manière régulière deux réactions verbales ou motrices différentes, on peut affirmer qu’elles sont discriminables.
• L’identification. Le chien qui reconnaît son maître, l’enfant qui reconnaît son biberon ou un jouet identifient une stimulation. Chez l’homme, l’identification se décèle surtout par la liaison d’un signe à un stimulus, en particulier par la dénomination verbale en général (mais aussi gestuelle).
Les processus a, b, c ne sont pas équivalents. L’aveugle-né qui vient d’être opéré peut détecter la présence d’un objet, le distinguer d’un autre et être cependant incapable de l’identifier.