Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

pêche maritime (suite)

La pêche maritime en France

Au 1er janvier 1972, environ 35 000 marins-pêcheurs ou assimilés étaient immatriculés en France métropolitaine, dont environ 68 p. 100 travaillent à la pêche côtière, 27 p. 100 à la pêche hauturière et 5 p. 100 seulement à la grande pêche. Les demandes d’emploi dans la profession sont en baisse continue. Également constatée dans d’autres pays à niveau de vie élevé, cette désaffection est due à la comparaison qui s’établit entre le régime de travail des salariés à terre et celui des marins-pêcheurs : caractère pénible du métier, surtout à la mauvaise saison, éloignement souvent prolongé des familles, élévation du niveau des connaissances techniques exigées, montant aléatoire des rémunérations. Celles-ci sont, en effet, calculées le plus souvent à la part dans la pêche artisanale, chacun touchant dans la répartition du produit de la pêche une part calculée en fonction de son rôle à bord. À la pêche industrielle, un salaire minimal est garanti à chacun, un supplément étant éventuellement attribué suivant le résultat de la campagne.

Lorsque les navires de pêche étaient de dimensions modestes et dotés d’équipements simples, une formation rudimentaire des marins, acquise par la pratique, suffisait, mais, les unités modernes étant dotées d’appareils complexes (moteurs Diesel de forte puissance, radars, sonars, etc.), les membres des équipages doivent posséder une formation technique plus poussée. Celle-ci est donnée par les écoles d’apprentissage maritime, qui préparent au certificat d’aptitude spécial de marin-pêcheur ou de motoriste, ainsi qu’aux diplômes de lieutenant ou de patron de pêche. Celui de capitaine de pêche, exigible pour la grande pêche, est préparé à l’École nationale de la Marine marchande de Nantes.

D’autre part, les marins-pêcheurs bénéficient d’un régime social analogue à celui des marins du commerce. Son application est suivie par l’Administration des affaires maritimes, qui est représentée dans la plupart des ports de pêche et contrôle également les mesures de sécurité réglementaires ainsi que les conditions du travail. La Marine nationale intervient de son côté par ses patrouilleurs, qui font, éventuellement, respecter les zones de pêches réservées, mais ont surtout un rôle général d’assistance (courrier, soins médicaux, aides diverses, etc.).

Les patrons-pêcheurs et les petites entreprises de la pêche artisanale ont reconnu la nécessité de s’unir dans des coopératives et en groupements de gestion, surtout dans le Sud-Finistère et le Morbihan. Des armements plus importants existent dans les principaux ports de pêche, notamment à Boulogne, à Fécamp, à Lorient, etc. Ils ont généralement un caractère familial, mais l’ampleur des investissements exigés par les unités modernes de tonnage croissant et techniquement de plus en plus élaborées provoque l’intervention de capitaux extérieurs. Une tendance se manifeste, d’ailleurs, dans le sens d’une concentration de ces entreprises.

Dans les principaux ports de pêche existent des comités locaux comprenant des représentants des différents groupes professionnels intéressés (armateurs et équipages). Leurs attributions comportent, notamment sur le plan local, la mise en œuvre de diverses initiatives propres à la défense des intérêts de la profession. D’autre part ont été créés des comités interprofessionnels spécialisés pour une catégorie de poissons (harengs, sardines, thons). Des représentants des pêcheurs, des armateurs et des conserveurs se groupent en un Comité central des pêches maritimes au sein duquel la liaison s’établit avec les représentants de la Direction des pêches maritimes du secrétariat général à la Marine marchande. Sur le plan patronal, les armateurs à la pêche hauturière et à la grande pêche constituent divers syndicats locaux et régionaux qui se groupent dans l’Union des armateurs à la pêche de France.

H. C.


Les limites de pêche

Plus de 90 p. 100 de la production proviennent des mers qui recouvrent le plateau continental et son talus. Or, ces zones ne représentent même pas 8 p. 100 de l’étendue des océans, et 70 p. 100 d’entre elles sont situés dans l’hémisphère Nord. Les États riverains de celles-ci, tirant de la pêche une part importante de leur revenu national, cherchent à se réserver l’exploitation de ces richesses. C’est le cas, notamment, de l’Islande, de la Norvège et du Canada. La venue d’importantes flottes de grands chalutiers, de thoniers congélateurs et de navires-usines à proximité de leurs côtes a incité un certain nombre de pays à étendre unilatéralement les limites de leur pêche réservée. Plusieurs pays de l’Amérique latine ont étendu leur zone réservée à 200 milles. Le Sénégal a fixé la sienne à 110 milles, et celle de l’Islande est passée de 12 à 50 milles. Pour la France, la limite est de 12 milles.


La surexploitation et les accords internationaux

En principe, la pêche est libre en haute mer, mais la modernisation des navires et des procédés de pêche ainsi que l’accroissement des flottes de certains pays font apparaître le danger d’épuisement des réserves des océans en poissons, crustacés et mollusques. Des accords internationaux sont intervenus pour réglementer l’accès aux lieux de pêche et protéger les fonds.

Parmi ces accords, la convention de Londres dite de l’« overfishing », intervenue en 1964, groupe quatorze pays dont la France. Une autre convention vise particulièrement l’Atlantique du Nord-Ouest (1949). Les textes de ces accords énumèrent généralement les espèces à protéger ainsi que les tonnages de capture à ne pas dépasser, stipulant l’interdiction de pêche des poissons n’ayant pas atteint l’âge adulte. Des ententes internationales de caractère scientifique sont, aussi, intervenues. C’est ainsi que furent créés en 1902 le Conseil international pour l’exploitation de la mer et en 1941 le Conseil général des pêches pour la Méditerranée.

D’autre part, certains pays se sont préoccupés des conséquences qu’aurait sur les ressources des mers la pollution* des eaux par des accidents analogues à celui du pétrolier Torrey Canyon.