Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Paris (école de) (suite)

Telle est cette première école de Paris, à laquelle on pourrait associer bien d’autres musiciens étrangers ayant vécu à Paris à cette époque, de Stravinski et Prokofiev* à Enesco et Villa-Lobos*. Mais surtout, le terme garde toute son actualité aujourd’hui, et il existe une nouvelle école de Paris, peut-être plus brillante encore que l’ancienne, illustrée par le Grec Yannis Xenakis*, le Yougoslave Ivo Malec, le Bulgare André Boucourechliev* et, parmi les plus jeunes, les Roumains Mihai Mitrea-Celarianu, Costin Miereanu et Horatio Radulescu, les Grecs Georges Couroupos, Kyriacos Sfetsas et Georges Aperghis, les Japonais Tamba Akira et Taïra Yoshihisa, les Vietnamiens Dao et Ton-That-Thiet, la Polonaise Joanna Bruzdowicz, l’Argentin Carlos Roqué Alsina, les Suisses Pierre Mariétan, et Giuseppe Englert, et bien d’autres encore. La présence de ces compositeurs en France résulte d’un choix délibéré : certains de leurs compatriotes ont préféré l’Allemagne, avec laquelle ils se sentaient davantage d’affinités. Qu’il s’agisse de musique postsérielle, aléatoire, électro-acoustique ou stochastique, Paris demeure le carrefour de toutes les libertés et de tous les choix en matière d’art. S’il est trop tôt pour faire un bilan de la production des plus jeunes d’entre ces compositeurs, les aînés sont d’ores et déjà des maîtres reconnus dans le monde entier : la gloire de Xenakis rivalise avec celles de Boulez*, de Berio* ou de Stockhausen*. André Boucourechliev*, l’un des pionniers les plus hardis de la forme ouverte, s’est affirmé comme un poète des sons d’une séduction et d’un raffinement rares dans la série de ses Archipels. Quant à Ivo Malec (né en 1925), c’est un tempérament puissamment lyrique, au rayonnement solaire, qui a enrichi son langage grâce à la maîtrise des moyens électro-acoustiques : il est l’un des membres les plus éminents du G. R. M. (Groupe de recherches musicales de l’O. R. T. F.). Il a été nommé professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique en 1973.

H. H.

➙ Boucourechliev (A.) / Martinů (B.) / Xenakis (Y.).

 W. Reich, Alexandre Tcherepnine (Richard-Masse, 1962).

Paris (libération de) [19-25 août 1944]

Exploitant avec une étonnante rapidité la percée du front allemand d’Avranches (31 juill.) (v. Normandie [bataille de]), la IIIe armée américaine du général Patton* atteint en moins de vingt jours la région de Chartres et de Dreux.


Cette avance des Alliés est l’occasion de l’insurrection de la capitale, déclenchée le 19 août par le Conseil national de la Résistance* et le Comité parisien de libération, qui placent à Paris tous les éléments des Forces françaises de l’intérieur aux ordres du colonel Henri Roi-Tanguy (né en 1908). Dans la journée se produisent les premières réactions des troupes allemandes que commande de son P. C. de l’hôtel Meurice le général Dietrich von Choltitz (1894-1966). Elles sont marquées notamment par l’intervention de chars aux environs du Châtelet et de la Préfecture de police. Celle-ci est occupée par les agents, que les Allemands ont voulu désarmer et qui se sont mis en grève dès le 15 août. Le 19, tandis que Choltitz reçoit de Hitler l’ordre de transformer Paris en un champ de ruines, Raoul Nordling (1882-1962), consul général de Suède, obtient du général allemand la libération des prisonniers politiques détenus par la Wehrmacht* ; un accord de trêve est alors annoncé le lendemain par haut-parleurs dans les rues de la capitale. Ce jour-là, 20 août, Charles Luizet (1903-1947), nommé préfet de police par le général de Gaulle, s’installe à l’Hôtel de Ville ; le métro est en grève, mais son réseau téléphonique est utilisé par les F. F. I. du colonel Roi-Tanguy, qui a installé son P. C. à Denfert-Rochereau et fait occuper toutes les mairies de Paris. Le 21, le Conseil de la Résistance refuse la trêve et ordonne que dès le lendemain Paris se couvre de barricades pour paralyser le mouvement des Allemands, qui s’organisent en de solides points d’appui.

Pour les Alliés, la libération de Paris pose de graves problèmes d’ordre politique autant que militaire. Aussi le général Eisenhower* décide-t-il de contourner la capitale par le nord et par le sud quand il reçoit, le 21 août, la visite du général de Gaulle* lui demandant avec insistance de charger la 2e division blindée française du général Leclerc de marcher sur Paris. Le même jour, Leclerc — dont les troupes, relevant de la IIIe armée Patton, combattent alors dans la région d’Argentan — prend sur lui d’envoyer en direction de Rambouillet et de Paris un détachement léger de reconnaissance aux ordres du lieutenant colonel Jacques de Guillebon (né en 1909). Cette initiative est d’abord très mal appréciée du commandement américain, et c’est seulement le 22 au soir que, sur les instances de De Gaulle, le général Bradley*, avec l’accord d’Eisenhower, donne à Leclerc l’ordre de marcher sur Paris Notre-Dame ; il fait appuyer son mouvement par la 4e division américaine, qui s’avancera aux lisières est de la capitale.

Le 22 à minuit, Leclerc lance ses ordres. À l’ouest, le groupement Langlade foncera sur Rambouillet (où Leclerc le rejoint le 23), Chevreuse, Châteaufort, Jouy-en-Josas et Villacoublay : il parviendra au pont de Sèvres le 24 août au soir. Au sud, les groupements Billotte et Dio feront effort sur la route d’Orléans à Paris par Arpajon et Longjumeau ; leur avant-garde atteint la Croix-de-Berny le 24 vers 19 h 30. Leclerc, qui les y a rejoints, lance alors un élément de reconnaissance (capitaine Raymond Dronne) sur la place d’Italie, lequel, avec trois chars, parvient à l’Hôtel de Ville un peu avant minuit. Une heure plus tard, toutes les cloches des églises de Paris annoncent à la population sa délivrance ! Partout la liaison s’établit avec les Forces de l’intérieur, et tout est prêt désormais pour l’entrée de la 2e D. B. dans la capitale. Elle a lieu le 25 août, lorsque s’effectue en plein centre de Paris (Concorde, Invalides, École militaire) la jonction entre les colonnes venues de la porte de Saint-Cloud et celles qui débouchent des portes d’Orléans et de Gentilly.