Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Paris (suite)

Consommation et approvisionnement

L’agglomération exige des approvisionnements considérables, principalement en énergie, en eau, en produits alimentaires, ce qui, joint à la nécessité d’évacuer un volume de plus en plus important de déchets de la vie urbaine, pose des problèmes techniques difficiles en particulier pour l’utilisation d’un sous-sol de plus en plus encombré.

L’énergie consommée par l’agglomération est à la mesure de sa population et de ses activités. Elle augmente avec l’accroissement de la consommation individuelle, due au progrès du confort, celui de la consommation collective et industrielle et en raison de l’augmentation de la population.

Comme il n’existe aucune source sur place, l’énergie doit être, sous une forme ou sous une autre, entièrement amenée de l’extérieur. D’où la multiplication des problèmes : organisation des transports énergétiques (charbon, pétrole, électricité, gaz), augmentation de la capacité de stockage, accroissement du potentiel des centrales thermiques, interconnexion et adaptation à des besoins qui présentent des phénomènes de pointe accentués, développement du réseau de distribution pour les besoins domestiques et industriels.

Pour l’approvisionnement énergétique de Paris, on a construit des oléoducs (Le Havre-Paris a été triplé, et sa capacité atteint 10,5 Mt) et des gazoducs qui amènent le gaz de Lacq et des Pays-Bas. On a aussi créé des raffineries non loin de Paris.

La nécessité de faire face aussi à des besoins accrus d’électricité, dont on prévoit qu’ils tripleront en vingt ans, exige l’installation de nouvelles centrales. Les centrales thermiques sont appelées à occuper une place croissante dans la fourniture d’énergie à l’agglomération parisienne. Déjà existent non loin de l’agglomération vers le nord et l’ouest les usines de Creil, Porcheville, Champagne-sur-Oise et Beautor, au sud Montereau, à l’est Vaires-sur-Marne, près de Lagny. Les centrales s’écartent de plus en plus de l’agglomération. En effet, elles exigent de la place, surtout pour les installations de stockage, une bonne desserte par fer et par eau ainsi que la proximité immédiate de débits d’eau importants. Enfin, malgré toutes les précautions, l’émission de poussières et d’anhydrides sulfureux par les centrales exige aussi leur éloignement de l’agglomération.

La consommation totale d’énergie primaire de la région est de l’ordre de 35 Mt d’équivalent-charbon, dont 75 p. 100 proviennent du pétrole, 15 p. 100 du charbon et 10 p. 100 du gaz.

L’examen de la part des industries dans la consommation régionale montre qu’elles y participent avant tout sous la forme d’électricité (75 p. 100 de la consommation régionale), puis sous la forme de produits pétroliers (32 p. 100). Leur consommation directe de charbon et de gaz compte moins à côté de celle des foyers domestiques. Au total, les industries emploient environ 35 p. 100 de l’énergie consommée dans la région.

Parmi les sources de cette énergie utilisée par les industries viennent en tête les produits pétroliers pour plus de 50 p. 100, puis l’électricité pour 35 p. 100. Au total, plus de 70 p. 100 de l’énergie industrielle vient du pétrole. C’est dire l’importance, pour les industries parisiennes et pour la consommation énergétique de la région, du flux des hydrocarbures, qui empruntent pour moitié les oléoducs entre Le Havre, Rouen et Paris, et pour moitié la Seine (peu la route sur le même trajet). Du point de vue énergétique, il s’agit du cordon ombilical de la région.

Le problème de l’eau se pose pour toutes les grandes agglomérations. La consommation journalière individuelle est en moyenne actuellement de 200 à 260 litres, plus élevée à Paris qu’en banlieue. Pour toute l’agglomération, la seule eau potable représente près de 3 milliards de litres par jour, sans parler des pointes d’été. Il s’y ajoute les besoins du réseau d’eau brute des services publics et des industries, soit environ 70 p. 100 des précédents. Dans Paris seulement, les deux réseaux totalisent 3 300 km de canalisation, et les trois réservoirs de Saint-Cloud, de Montsouris et de Ménilmontant ont une capacité totale de 700 000 m3. Les eaux de sources amenées par des aqueducs, surtout du sud-est du Bassin parisien, ne fournissent plus qu’un tiers de l’eau potable ; les deux tiers proviennent des eaux de la Seine et de la Marne, filtrées et traitées, surtout à Ivry, à Choisy, à Orly, à Saint-Maur, à Neuilly-sur-Marne et à Méry-sur-Oise. Les pointes sont devenues critiques.

Les besoins progressent chaque année de 4 à 6 p. 100 pour plusieurs raisons : croissance de la population, multiplication des installations sanitaires, progrès de l’hygiène. Ils sont évalués à 8 millions de mètres cubes pour l’an 2000.

La construction de barrages sur la Seine, la Marne, l’Oise et leurs affluents offre divers avantages : régularisation du débit, ce qui permet de lutter contre les inondations et d’améliorer la navigation ; réserves d’eau pour les pointes de consommation d’été au moment des étiages.

Les trois utilisations du fleuve pour l’eau potable, pour les centrales, pour l’absorption et la régénération des eaux usées entrent dans une certaine mesure en conflit, ainsi qu’avec les mêmes besoins des villes situées en amont et en aval sur la Seine.

Les consommations des Parisiens sont à l’échelle de l’agglomération, d’autant plus qu’il s’agit d’une population à niveau de vie relativement élevé, à fort pourcentage de jeunes adultes et dont le genre de vie exige des aliments élaborés, rapidement consommables. De plus, par un effet de masse, l’agglomération attire plus encore que la région urbaine ne consomme, et certaines denrées viennent transiter par Paris pour être redistribuées en province. Ce marché, par son volume, détermine souvent les prix pour toute la France.

Quelques chiffres donnent une idée des tonnages manipulés. La consommation annuelle de l’agglomération est par exemple de 1,5 milliard de litres de vin, de 600 000 t de légumes verts et d’autant de pain, de 500 000 t de viande, de 450 000 t de fruits et de 400 000 t de lait.

Le transfert des Halles à Rungis a donné incontestablement à l’agglomération un instrument très moderne de commercialisation des produits alimentaires, qui couvre 600 ha (au lieu de 25).

En outre, une zone urbaine située entre le marché-gare et le cimetière de Thiais comprendra des logements, des bureaux, des commerces, tandis qu’au sud-ouest est prévue une zone industrielle de 70 ha. Le doublement de l’autoroute du Sud depuis la porte de Gentilly améliore les relations avec Paris.

Le tonnage annuel manipulé est d’environ 2,3 Mt, l’approvisionnement s’effectuant 60 p. 100 par route et 40 p. 100 par fer. Il vient pour 75 p. 100 du sud de la France, pour 15 p. 100 de l’ouest, pour 10 p. 100 du nord et de l’est.

La concentration de 9 millions de personnes pose aussi des problèmes difficiles pour l’évacuation des déchets de toutes sortes de la vie humaine.