Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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parasitisme (suite)

Le diagnostic clinique et épidémiologique s’applique du vivant de l’animal. C’est la confrontation des principaux symptômes et d’éléments recueillis sur les circonstances d’apparition et d’évolution de la maladie qui permet au praticien vétérinaire d’identifier sûrement une parasitose (quelques parasitoses, comme les teignes, les gales, les piroplasmoses, ont une symptomatologie souvent pathognomonique) ou, dans beaucoup de cas, notamment s’il s’agit d’helminthoses, de présumer seulement une maladie.

Le diagnostic parasitologique visera à compléter, s’il le faut, les lacunes de l’examen clinique. Il consiste à mettre en évidence le parasite soit directement, soit indirectement.

Les méthodes directes doivent mener à la découverte et à l’identification du parasite lui-même ou de ses éléments de dissémination. Dans le cas de parasites externes, les prélèvements sont aisés, même s’il convient parfois d’utiliser le microscope pour reconnaître dans des produits de raclage cutané des formes de petite taille (spores des Dermatophytes, Champignons responsables des teignes ; Acariens sarcoptidés ou psoroptidés, agents des gales). Les parasites internes sont plus difficiles à découvrir ; c’est l’examen des excréments et celui du sang qui apporteront les renseignements les plus fructueux. La coprologie parasitaire permet, en effet, d’identifier des Protozoaires (Coccidies), des œufs et des larves d’helminthes vivant normalement dans le tube digestif, mais aussi habitant le système biliaire (Fasciola, Dicrocœlium), l’arbre respiratoire (Dictyocaulus, Protostrongylidés), voire le ventricule cardiaque droit et l’artère pulmonaire (Angiostrongylus du Chien), car ces Vers rejettent des larves qui remontent les voies aérifères, sont dégluties et transitent dans le tube digestif avant d’être éliminées avec les fèces. En plus d’être qualitatif, l’examen coproscopique est quantitatif : le dénombrement des éléments parasitaires permet, dans une certaine mesure, d’apprécier l’importance du parasitisme et, par conséquent, la gravité de la maladie correspondante. L’hématologie parasitaire a pour but de reconnaître certains parasites extracellulaires (Trypanosomes, Microfilaires) ou intracellulaires (Piroplasmes vivant dans les globules rouges) souvent rencontrés en pathologie animale.

Les méthodes indirectes consistent à révéler les modifications humorales qu’entraînent les parasites. Pratiquement, il s’agit, à travers des épreuves sérologiques dans la plupart des cas, de rechercher la présence d’anticorps spécifiques témoins d’une sollicitation parasitaire bien déterminée. Ces méthodes immunologiques sont appliquées plus souvent en médecine humaine qu’en médecine vétérinaire : c’est que leur prix de revient interdit encore de les utiliser sur une grande échelle chez l’animal. Néanmoins, des techniques comme celles de la fixation du complément sont utilisées pour dépister chez les Équidés, par exemple, les infestés latents de piroplasmose, celles par immunofluorescence pour diagnostiquer la toxoplasmose et la leishmaniose du Chien, la fasciolose d’herbivores, chez qui cette helminthose a une symptomatologie fruste (Équidés).

Le diagnostic nécropsique assure le plus souvent assez facilement l’identification d’une parasitose. L’observation de lésions quelquefois caractéristiques et la mise en évidence de parasites internes dans leurs foyers électifs permettent, sur le cadavre, de préciser le diagnostic. Ces méthodes, plus sûres et plus rapides que d’autres, sont couramment utilisées dans les élevages de groupes, où la valeur d’un seul individu n’est guère prise en considération (volailles, Porcs, Moutons). Elles permettent, en transposant à l’ensemble de la collectivité animale les résultats recueillis à l’autopsie de quelques sujets, d’appliquer un traitement et une prophylaxie rationnels.


Traitement et prophylaxie

La thérapeutique des parasitoses animales est presque exclusivement médicale. Si la chirurgie est parfois utilisée (exérèse de nodules œsophagiens dus aux Spirures chez le Chien, par exemple) ou la rœntgenthérapie (irradiation de lésions d’habronémose chez le Cheval), c’est bien la chimiothérapie qui assure la guérison d’un grand nombre de maladies parasitaires. Les substances applicables pour détruire les parasites ou bloquer leur développement sont très nombreuses. La dernière décennie a vu un arsenal thérapeutique déjà bien garni s’enrichir de substances hautement actives et relativement bien tolérées. Les protozooses sont curables pour la plupart. Les coccidioses bénéficient de l’administration de diverses sulfamides potentialisées ou non avec des antimalariques (pyriméthamine) ou de substances d’action plus spécifique, comme un dérivé du piccolinium, l’amprolium. Histonomose et trichomonose ont vu leur pronostic s’améliorer considérablement depuis l’utilisation du dimétridazole. Les piroplasmoses sont traitées avec des dérivés des diamidines ou de l’urée symétrique.

Les helminthoses sont moins redoutables depuis l’emploi de nombreuses substances comme la phénothiazine et, plus récemment, les dérivés du benzimidazole (thiabendazole, parbendazole), de l’imidothiazole (tétramisole), de la pyrimidine (pyrantel), pour éliminer les Nématodes du tractus gastro-intestinal et les principaux Vers ronds de l’appareil respiratoire, ou comme les dérivés du salicylanilide (oxyclozanide, rafoxanide), du nitrophénol (nitroxynil), du dichlorophénol, pour tuer les Grandes Douves (Fasciola hepatica). Pour chasser les Cestodes adultes, comme Moniezia, il existe aujourd’hui d’autres médications que le sulfate de cuivre, longtemps utilisé : l’une des plus largement appliquées est un autre dérivé du salicylanilide, la niclosamide. Remarquons que les larves de Cestodes (Cysticerques, Cénures, Échinocoques) demeurent encore insensibles à un anthelminthique d’utilisation pratique. Malgré les progrès accomplis, il reste donc que certaines espèces sont difficilement atteintes et que l’anthelminthique idéal, polyvalent et également actif sur toutes formes évolutives d’un Ver, n’existe pas.