Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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parasitisme (suite)

D’autres helminthes (larves de Nématodes ou de Trématodes) habituellement non parasites de l’Homme peuvent déterminer chez lui des dermatites bénignes très prurigineuses. Les Trichines (Trichinella spiralis) adultes provoquent une inflammation catarrhale intense de tout le tube digestif des Rongeurs (Cobayes, Rats, Lapins), qui peut amener la mort par suite de l’abondance des hémorragies.


Importance pathologique des parasites

Tout ce qui précède montre que les parasites peuvent amener des troubles plus ou moins graves chez leurs hôtes. L’Homme, qui en héberge un nombre très important, n’a pas échappé à leur atteinte. Parmi les principales maladies parasitaires humaines, il faut citer le paludisme*, l’amibiase*, les trypanosomiases* (maladie du sommeil, maladie de Chagas) et la toxoplasmose, qui sont dus à des Protozoaires, les helminthiases, occasionnées par des Vers (Ascaris, Oxyure, Trichocéphale, Ankylostome, Anguillule, Trichine, Filaires, Douves, Bilharzies, Ténias, etc.).

Le typhus exanthématique, provoqué par des microbes particuliers (Rickettsies), est transmis par les Poux, tandis que la peste, maladie bactérienne, est transmise par les Puces, et la fièvre jaune, affection virale, par certains Moustiques.

Les animaux domestiques (Mammifères, Oiseaux) sont également sujets à diverses maladies parasitaires (paludisme, trypanosomiases helminthiases, etc.).


Réactions de l’hôte aux parasites


Réactions tissulaires

C’est surtout dans le cas des endoparasites, qui sont en contact avec les tissus de l’hôte, que l’on peut mettre en évidence chez ce dernier des réactions au parasitisme. D’une façon générale, la présence d’un parasite dans une cellule provoque une hypertrophie de celle-ci, qu’il s’agisse de parasites animaux (Protozoaires, helminthes) ou végétaux (Bactéries, Champignons). Parfois, la fusion entre le parasite et la cellule hôte est si totale qu’il est très difficile de reconnaître ce qui appartient à l’un et à l’autre. De telles associations sont appelées complexes xéno-parasitaires et s’observent surtout dans des cas de parasitisme par des Protozoaires sporozoaires.

Parfois, le parasite provoque une prolifération cellulaire chez l’hôte, amenant la production de nouveaux tissus (hyperplasie) et la formation de tumeurs bénignes (adénomes). On observe de telles réactions dans des cas de parasitisme par Protozoaires (Coccidies) ou par helminthes (Trématodes, Nématodes). Les tumeurs provoquées par certains de ces derniers (par exemple Gongylonema neoplasticum du Rat) ont été assimilées à des carcinomes véritables, ce qui a contribué à donner une importance injustifiée à la prétendue origine parasitaire de certains cancers et valu à Johannes Fibiger (1867-1928) un prix Nobel de médecine (1927), le seul peut-être immérité. (On sait, aujourd’hui, que les tumeurs observées chez le Rat par Fibiger étaient dues non pas aux Nématodes, mais à un manque de vitamine A.)

Dans des cas de parasitisme de la cavité cœlomique de Vertébrés ou d’Invertébrés par les helminthes larvaires (Cestodes, Nématodes), on observe souvent la formation de capsules de tissu conjonctif de l’hôte autour des parasites. De même, les perles produites par plusieurs Mollusques lamellibranches (Anodontes, Moules, Huîtres perlières) constituent une réaction de l’épithélium palléal à la présence d’un corps étranger enrobé par de la nacre et qui est souvent un parasite (larve de Trématode ou de Cestode).

Une autre réaction tissulaire importante de l’hôte aux parasites est l’éosinophilie, qui touche la formule sanguine (augmentation du nombre de polynucléaires éosinophiles). Chez l’Homme normal, la proportion de ces leucocytes est de 1 à 3 p. 100 leucocytes. On dit qu’il y a leucocytose éosinophile ou, plus simplement, éosinophilie lorsque le pourcentage est supérieur à ces chiffres. Celui-ci varie de 5 à 20 chez des porteurs d’ascarides, de 10 à 75 dans des cas d’ankylostomose et de 25 à 85 dans des cas d’anguillulose. Il est également élevé dans les parasitoses à Trématodes (bilharziose, distomatose, etc.).


Réactions humorales

Les endoparasites, tout comme les microbes (Bactéries, Virus), agissent dans l’organisme de l’hôte comme des antigènes et provoquent la formation d’anticorps. Ces antigènes peuvent être de deux natures différentes ; de structure ou somatiques, c’est-à-dire présents dans la cuticule ou les organes du parasite ; exogènes ou métaboliques, c’est-à-dire constitués par les sécrétions ou les excrétions.

Les réactions immunitaires de l’hôte varient suivant la localisation des parasites. S’il s’agit de parasites intestinaux (Protozoaires, helminthes), la quantité d’anticorps élaborés est toujours réduite. Au contraire, dans le cas d’une localisation tissulaire (et notamment dans le sang), la réponse immunitaire de l’hôte est assez forte, avec production d’anticorps plus ou moins spécialisés. C’est le cas des infestations par Trypanosomes, Leishmania, larves de Cestodes, Filaires, etc.

Dans le cas de parasites effectuant des migrations dans l’hôte, la réaction immunitaire est intermédiaire entre les deux précédentes, c’est-à-dire que les anticorps élaborés sont différents selon les stades évolutifs des parasites. C’est le cas avec divers Nématodes de l’Homme (Ascaris, Ankylostome, Anguillule, Trichine) et autres helminthes. Comme dans le cas des infections microbiennes, certains animaux présentent une immunité naturelle (absolue ou relative) contre l’infestation par tel ou tel parasite. C’est ainsi que le Cobaye est réfractaire envers Plasmodium Berghei. De même, les Mollusques, hôtes intermédiaires de Trématodes larvaires, semblent être, dans la plupart des cas, immunisés contre ceux-ci. Parfois, la présence d’un parasite produit un état d’immunité contre des espèces voisines. C’est le cas des Oiseaux guéris d’une infestation par une espèce de Plasmodium et qui sont immunisés contre d’autres espèces de ce genre. L’âge de l’hôte peut aussi intervenir, les stades jeunes étant plus sensibles que le stade adulte.