Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Papavéracées (suite)

Résédacées

Cette famille, d’une dizaine de genres et de 100 espèces environ réparties autour de la Méditerranée et en Asie centrale, comprend des plantes herbacées à feuilles alternes et stipulées. Les fleurs, petites, blanchâtres, bâties sur le type cinq ou six, sont réunies en grappes ou en épis terminaux.

Les Résédas (80 espèces), principalement méditerranéens, constituent de beaucoup le genre le plus important. Le Réséda odorant, ou Mignonette d’Égypte, a fait l’objet de nombreuses sélections qui ont porté sur son aspect général et la couleur de ses fleurs : il est très apprécié pour ses fleurs au parfum délicat.

J.-M. T. et F. T.

➙ Opium.

papier

Feuille sèche et mince faite de toutes sortes de substances végétales réduites en pâte et utilisée pour écrire, imprimer, envelopper, etc.



Historique

Pour communiquer avec ses semblables, l’homme se servit d’abord de tablettes d’argile ou de planchettes enduites de cire, puis de peaux de bêtes spécialement traitées appelées parchemin. En Égypte, on eut l’idée d’utiliser l’écorce d’un gros roseau dénommé papyrus qui poussait sur les bords du Nil. Il était découpé en lanières assez larges sur lesquelles étaient collées perpendiculairement d’autres lanières, comme une sorte de contre-plaqué. Beaucoup d’exemplaires de papyrus ont été trouvés dans les fouilles égyptiennes. Il en a été exporté jusqu’à Rome dès les derniers siècles avant notre ère.

C’est en Chine, probablement au iie s. apr. J.-C., qu’un mandarin nommé Cailum (Ts’ai-louen) fit fabriquer du vrai papier, c’est-à-dire une sorte de feutre de fibres diverses et en particulier de bambou. Ces fibres étaient séparées, lavées, lessivées à la chaux et transformées en pâte que les premiers Chinois égouttaient sur un tamis pour en faire des feuilles. Ces feuilles étaient ensuite séchées, pressées. Après quelques modifications, cette technique a été utilisée jusqu’à la fin du xviiie s.

Longtemps, ce papier de Chine est resté à usage local, puis il a peu à peu pénétré jusqu’au Turkestan, où, à Samarkand, s’est établi un marché important de papier fabriqué par des Chinois faits prisonniers par les Arabes.

Il a ensuite gagné l’islām, puis l’Europe, où il est arrivé par l’Afrique du Nord, à la fois en Espagne et en Sicile, au commencement du xiie s. L’un des premiers écrits européens sur papier que l’on possède est un document de 1109 provenant de la chancellerie de Roger de Sicile.

Les Arabes apportèrent le papier en Espagne en 1150. C’était à l’époque du papier de fibre de coton, très rare en Europe. Cette fibre fut remplacée par des chiffons de lin et de chanvre. Une des premières papeteries espagnoles fut installée à Játiva. De Sicile, le papier fut introduit en Italie, où l’une des premières papeteries fut installée à Fabriano en 1276.

Le papier pénétra en France grâce aux croisades de Louis IX. On utilisa d’abord des papiers importés d’islām (le plus ancien document est une lettre de Joinville à Louis X, de juin 1315). Puis un premier moulin à papier fut installé près de Troyes en 1348, d’autres à Essonne en 1398 et à Arches en 1492, enfin vers 1500 dans la région d’Angoulême. À cette époque, les chiffons étaient mis à pourrir dans l’eau, puis battus et déchiquetés par des maillets de bois mus par une chute d’eau, d’où le nom de moulin à papier donné aux anciennes papeteries. La pâte très diluée que l’on obtenait ainsi était mise dans une cuve. On l’y reprenait dans des formes, tamis rectangulaires faits de fils très fins soutenus par des baguettes, ou verges, plus épaisses, appelées tranche-fils. Maintenue horizontale, la forme était secouée à la main ; l’eau s’égouttait et il restait une feuille humide et molle que l’on déposait sur un feutre bien sec. Les feutres étaient empilés et pressés, puis les feuilles reprises une à une, généralement collées dans un bain de gélatine, ou colle d’os. Elles étaient ensuite repressées, puis mises à sécher sur des étendoirs et parfois satinées par passage dans un laminoir entre deux feuilles de métal. Le papier, celui qu’aujourd’hui on appelle vergé, était alors prêt pour l’écriture. Cette fabrication artisanale, qui s’est perpétuée jusqu’au début du xixe s., demandait beaucoup de main-d’œuvre, mais une bonne équipe de papetiers faisait à la main de 400 à 5 000 feuilles par jour.

Au xve s., l’invention de l’imprimerie provoqua un développement rapide de la production. La France, qui avait d’abord importé son papier de Hollande, d’Italie ou d’islām, fabriqua peu à peu au-delà même de ses besoins propres, puisque, en 1658, elle exportait pour plus de 2 millions de livres tournois de papiers divers en Allemagne, en Hollande et en Angleterre. Mais, après la révocation de l’édit de Nantes, des papetiers protestants émigrèrent vers l’Angleterre, qui devint à son tour un pays producteur important.

Lorsqu’à Lyon on sut faire des fils de cuivre assez fins, on put remplacer les formes vergées par des toiles fil à fil de ce métal qui permirent de faire des papiers dits vélins, plus faciles à imprimer. Ces premiers vélins furent fabriqués à Annonay vers 1777 par les frères Joseph (1740-1810) et Étienne (1745-1799) de Montgolfier.

Vers 1800, un ouvrier papetier d’Essonne, Nicolas Louis Robert (1761-1828), eut l’idée d’une machine permettant la fabrication industrielle du papier. La forme à la main était remplacée par une toile de cuivre continue animée d’un mouvement longitudinal, d’une part, et d’un branlement transversal d’autre part, sur laquelle la pâte venant d’une cuve appelée caisse de tête se répandait en nappe mince et s’égouttait comme sur la forme. Au bout de cette toile longue de quelques mètres, une presse rotative recevait la feuille, qui était reprise sur un feutre et ensuite repressée comme autrefois. Peu après, on eut l’idée de faire passer le feutre sur de gros rouleaux de 1 m de diamètre environ, chauffés à la vapeur, ce qui permit de sortir au bout de la machine du papier en bobines dont le format était déterminé par la largeur de la machine. Nicolas Louis Robert céda son invention à Léger Didot (1767-1829), qui fit construire 2 machines en Angleterre. La première machine industrielle ne fut montée en France, à Sorel-Moussel, qu’en 1811. D’autres suivirent à Essonne et dans d’autres anciens moulins, qui se transformèrent rapidement. À cette époque, les papeteries se trouvent sur les bords de cours d’eau pouvant fournir une eau propre et abondante, et autant que possible près de centres riches en chiffons ou de centres de grosse consommation.