Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Palmiers ou Palmales (suite)

Les genres peuvent se grouper en quatre tribus : celles des Coryphoïdées (Phœnix, Trachycarpus, Sabal, Chamærops, Pritchardia) ; des Borassoïdées, avec entre autres les Borassus (Roniers) et les Hyphænea ; des Céroxyloïdées avec comme genres principaux Areca elæis, Cocos, Jubæa, Chamædorea, Ceroxylon ; enfin des Lépidocarpioïdées, où il faut surtout retenir les genres Raphia, Calamus et Metroxylon.


Utilisation de quelques Palmiers

Le genre Phœnix, et en particulier P. dactylifera, cultivée depuis la plus haute antiquité (Palmiers du Fayoum, célèbres pour la qualité de leurs produits), est probablement originaire d’Afrique, la Phénicie étant son pays d’élection. Les troncs simples peuvent atteindre de 20 à 30 m de haut (Palmier dattier), mais sont souvent groupés à leur base. Le Dattier peut vivre jusqu’à 200 ans, en donnant une récolte abondante pendant très longtemps ; les feuilles composées pennées de 2 à 3 m de long forment une couronne très élégante au sommet des troncs. L’inflorescence, de près de 50 cm chez le Palmier dattier, sort du milieu des feuilles et à maturité pend le long du tronc. Dans les oasis où est pratiquée la culture, la fécondation artificielle est très fréquente et, il y a peu d’années encore, on pouvait entendre les chants rituels des indigènes qui se répondaient d’arbre en arbre quand ils secouaient les étamines sur les inflorescences femelles, les plantes étant dioïques. Le fruit, la datte, est suivant les variétés de taille plus ou moins grande ; on distingue les variétés sucrées, qui servent en confiserie et qui sont les plus recherchées pour l’exportation, mais il y a aussi les farineuses, qui sont utilisées pour l’alimentation courante dans les pays d’Afrique du Nord. Cette plante, abondante dans toutes les oasis de la Mésopotamie à l’Atlantique, ne se retrouve pas en Europe, sauf en deux endroits : en Crète orientale et dans la palmeraie d’Elche (Espagne), où, la température étant suffisante, il y a maturation des fruits.

Les Trachycarpus, qui vivent dans l’Himālaya et au Japon, sont surtout connus par l’espèce T. excelsa, originaire de Chine, dont le tronc assez épais, au maximum 10 m de haut, est protégé par un feutrage de fibres provenant des restes des bases pétiolaires ; au Japon, il a été employé comme crin végétal. Les feuilles sont palmées, à folioles bidentées, les pétioles fortement armés sur les bords. Cet arbre résiste à des froids de – 10 °C et peut donc vivre dans la région parisienne si le bourgeon terminal est protégé de la neige. Les inflorescences, massives, sont jaunes avec une spathe fauve apparaissant entre les bases des feuilles.

Les Sabals, originaires de l’Amérique tropicale, seraient un des genres d’Angiospermes les plus anciens. À l’état jeune, la croissance du tronc lisse ne se fait pas verticalement, mais d’abord obliquement dans le sol, puis la tige se redresse lorsque la rosette foliaire a atteint la taille adulte. Les feuilles (fibres) servent encore parfois dans la confection de chapeaux de paille au Mexique. C’est un genre qui vit très bien sur la Côte d’Azur, où il fleurit et fructifie.

Le genre Chamærops ne possède qu’une seule espèce ; il vit sur le pourtour du bassin méditerranéen occidental. Très abondant dans toute l’Amérique du Nord, c’est le seul Palmier qui était indigène en France sur la Côte d’Azur ; malheureusement, les constructions, le développement du tourisme ont fait disparaître ses dernières stations naturelles. C’est un petit Palmier à feuilles palmées, à folioles rayonnantes uninervées et à pétiole épineux ; les troncs, qui exceptionnellement atteignent de 2 à 3 m de haut, sont recouverts de fibres provenant de la désagrégation des gaines foliaires. Il est très employé pour la décoration des jardins de la Côte d’Azur. Il fournit la matière première du crin végétal en Afrique du Nord et en Espagne, où l’on faisait des chapeaux à partir des feuilles de cette espèce.

Les Pritchardia vivent en Amérique du Nord (Californie), dans les îles Hawaii et dans les Fidji ; leurs feuilles sont palmées et portées par un long pétiole inerme. À côté de ce genre et souvent confondus avec lui se trouvent les Washingtonia (originaires de Californie), dont une espèce, W. filifera, cultivée sur la Côte d’Azur, est remarquable par l’énorme feutrage qui entoure la partie supérieure des troncs.

Les Borassus, et en particulier B. flabellifera de l’Afrique tropicale (Ronier), sont de très grands arbres à feuilles composées palmées avec des pétioles possédant de gros aiguillons. Les fruits sont consommés par les indigènes. Comme pour beaucoup d’autres Palmiers, le bourgeon terminal est employé comme légume (chou palmiste), mais ce n’est pas la meilleure espèce, et, comme cette pratique tue la plante, sa récolte est très réglementée. La sève (fournie surtout par les pieds mâles) est très riche en saccharose ; fermentée, elle donne une boisson alcoolisée (sangara) fort appréciée au Soudan. On extrait des fibres de l’inflorescence (vannerie), et son bois, imputrescible, très lourd, sert dans les travaux de construction du bord des eaux (digues).

Les Hyphænea, originaires d’Afrique, sont parmi les Palmiers les seuls qui possèdent des troncs ramifiés, ordinairement une seule fois (dichotomie vraie chez H. thebaica, ou Palmier Doum) ; leur bois est très dur, et leurs feuilles sont composées palmées et servent parfois en vanneries ; les fruits, comestibles, ont été retrouvés dans les tombes égyptiennes.

Les fruits du Palmier aréquier (Areca catechu), de la grosseur d’un œuf, sont la matière première du masticatoire bien connu de toute l’Asie (chique de Bétel, ou cachou) qui noircit les dents ; à la fin de sa vie, on récolte le bourgeon terminal de cet arbre, qui donne une variété de chou palmiste prisée en Extrême-Orient.

Le Palmier à huile (Elæis guineensis) a ses fruits groupés en une dizaine de régimes de plus de 1 000 chacun, ce sont des drupes de la taille d’une prune ; ils contiennent dans leur pulpe (mésocarpe) des substances grasses abondantes. C’est une des richesses de l’Afrique équatoriale, chaque arbre pouvant donner deux récoltes annuellement, au total une centaine de kilogrammes (25 litres d’huile) ; l’huile de palme est rouge, elle sert soit sur place, soit dans les pays tempérés en savonnerie et pour fabriquer les graisses végétales commercialisées sous diverses appellations. L’huile de palmiste provient des amandes et est employée principalement pour la confection des savons de toilette. À côté de cette production d’huile si importante, il faut signaler celle du « vin de palme » qui est obtenu par incision de la base des régimes ; il fermente facilement et donne alors une boisson alcoolisée.