Palatinat (suite)
Le déclin politique
L’effort de relèvement et de colonisation va être interrompu pendant un quart de siècle par la politique française : une partie du plat pays est dévastée lors de la guerre de Hollande (1672-1678) ou annexée en vertu des réunions. L’extinction de la branche de Simmern (1685) entraîne l’avènement de la branche catholique de Neuburg, qui va favoriser le catholicisme, notamment au moyen d’une clause du traité de Ryswick (1697) qui prévoit le maintien du culte catholique partout où il a été introduit de force par l’occupation française. Les progrès catholiques suscitent quelques troubles et provoquent une intervention prussienne en 1705. Louis XIV* a contesté la succession des Neuburg et occupé le Palatinat de 1688 à 1697 pour affirmer les droits de sa belle-sœur la princesse Palatine. L’Électorat a connu de graves ravages, et la ville de Heidelberg fut détruite (1693).
Au xviiie s., la dynastie tente, en raison d’une base territoriale plus large, de jouer de nouveau un rôle sur la scène européenne. Elle est d’abord alliée à la maison d’Autriche (1701-1714) pour essayer de retrouver les pertes de 1648, puis elle se réconcilie avec les cousins de Bavière dans une union dirigée contre l’empereur et favorable à la France. Elle intervient dans la guerre de la Succession d’Autriche* aux côtés du roi de Prusse. Sur le plan intérieur, tous les contentieux territoriaux avec les voisins sont apurés, et la résidence est transférée en 1720 à Mannheim dans un château monumental. Sous Charles Théodore de Sulzbach (1742-1799) se produit un remarquable essor culturel et artistique. La cour est une des plus brillantes de l’Empire et favorise d’importants instituts de culture : une académie des arts et des sciences, l’école de musique de Mannheim, un théâtre aulique et national, qui voit la création des Brigands de Schiller (1782). Mais la fin du règne de Charles Théodore est assombrie : en 1778 lui échoit la succession de Bavière. Comme il ne veut pas quitter Mannheim pour Munich, il est prêt à céder aux pressions autrichiennes, que seule une intervention militaire prussienne fait reculer. Mais des négociations favorables à un échange de la Bavière contre la Belgique et le titre de roi se poursuivent jusqu’au soulèvement belge de 1788.
Si l’union du Palatinat et de la Bavière renforce l’assise territoriale de la dynastie, par contre le Palatinat se voit peu à peu rabaissé au rang d’une province, et la partie située sur la rive gauche du Rhin est intégrée en 1801 à la France. En 1799, la succession passe au duc de Deux-Ponts — Birkenfeld, Maximilien Ier Joseph. Jusque-là cette branche ne jouait qu’un rôle politique secondaire, sauf entre 1654 et 1720, où elle occupait le trône de Suède. Mais, en 1803, le Palatinat situé sur la rive droite du Rhin disparaît à son tour en s’intégrant au Bade.
En 1815 est reconstitué une province du Palatinat à l’ouest du Rhin (le Palatinat bavarois), composée d’anciens territoires palatins, bipontins et de quarante seigneuries diverses avec Spire pour capitale. Elle partage désormais les destinées du royaume de Bavière. L’influence des idées républicaines et libérales françaises demeure longtemps assez forte et se traduit par la manifestation de Hambach (mai 1832) et un soulèvement républicain (1849). En 1919, une petite fraction du territoire passe à la Sarre, et, en 1946, le Palatinat est intégré comme cercle dans le Land de Rhénanie-Palatinat, dans lequel il garde une assez forte individualité.
B. V.
➙ Rhénanie-Palatinat.