Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Oural (suite)

Les trois Oural

• Dans l’Oural du Nord (du 68e au 61e parallèle), les formes structurales ont été estompées et disséquées par le travail d’une forte glaciation et des processus périglaciaires. Quelques glaciers de cirque subsistent, ainsi que de nombreux névés. La taïga ne se présente que sous la forme d’essences naines ou de mélèzes sibériens. La région n’est peuplée que de Komis et de Nenets (Samoyèdes), éleveurs de rennes et chasseurs.

• L’Oural moyen ou central (du 61e au 55e parallèle) est recouvert de la taïga épaisse jusqu’à 800 à 1 000 m. Il est traversé par les voies de communication. Cette région, la plus anciennement peuplée, est actuellement la plus dynamique. L’agriculture y est possible. Les grandes villes se sont développées sur le passage de la voie ferrée (Sverdlovsk) ou à proximité des mines (Magnitogorsk).

• L’Oural du Sud se présente comme une île de taïga au milieu de la steppe et, à ce titre, joue le rôle d’un modeste château d’eau. Les terres noires montent jusqu’à 400 m, les chênes, mêlés aux pins et aux mélèzes, couvrent les pentes jusqu’à 1 000 m ; au-dessus s’étendent des prés-bois et une pelouse. L’agriculture s’est étendue avec le défrichement des « terres vierges ».


La région économique

La définition de la région (raïon) économique a pris en considération les parties les plus peuplées et exploitées de l’Oural moyen et de l’Oural du Sud. La région comprend des « provinces » (oblast) s’étendant sur les deux versants (Perm, Orenbourg, Tcheliabinsk, Kourgan, Sverdlovsk) et la République autonome des Oudmourtes, ancien peuple pasteur de la steppe. Elle s’étend ainsi sur une surface plus grande que la France (680 000 km2), mais est peuplée seulement de 15 180 000 habitants, les deux tiers de cette population vivant dans les villes.

La région est essentiellement industrielle (mines et industries lourdes). Elle représente la deuxième « base sidérurgique » de l’U. R. S. S. Ses origines remontent au xviiie s. La montagne offrait aux Russes de la Volga un terrain idéal de colonisation et de prospection sur les chemins menant à la Sibérie. La première colonisation prend des formes sauvages (serfs chassés, transfuges, vieux-croyants, cosaques, vagabonds) ou ordonnées (les premiers maîtres de forge découvrant et exploitant les minerais de fer installent dans la forêt des serfs de leur domaine). Ainsi l’Oural devient un limes, un vaste champ militaire, une frange pionnière et un arsenal. Auprès des usines se développent les fortins, les villages de vallées.

Une deuxième phase commence au début du xxe s. avec l’afflux de capitaux étrangers. La construction de hauts fourneaux modernes entraîne un accroissement sensible de la production, 1 Mt de fonte et d’acier avant 1914. Mais l’Oural contemporain est l’œuvre des premiers plans quinquennaux, qui fondent l’U. K. K. (combinat Oural-Kouznetsk), développent les industries mécaniques et font de la région le symbole de la priorité à l’industrie lourde en même temps que l’arsenal de l’armée rouge (recevant durant la guerre les usines transférées des régions menacées). Ainsi, de frange pionnière, l’Oural, par la continuité des zones occupées, la densité des réseaux de communications, la stabilité de la population, la formation de grandes cités, devient une grande région industrielle, l’une des premières du monde, comparable aux grands foyers industriels de l’Europe.

L’Oural est avant tout un réservoir exceptionnel de matières premières : minerai de fer (dont les réserves représentent le cinquième de celles de l’U. R. S. S., permettant une extraction annuelle de plusieurs dizaines de millions de tonnes) ; minerai de cuivre (second rang dans l’Union), réparti en trois grands bassins ; bauxite, nickel, magnésite. En revanche, les ressources houillères sont insuffisantes, et la région doit importer de l’énergie sous forme d’électricité d’origine hydraulique (de la Volga et de Sibérie), de pétrole et de gaz naturel (le gazoduc venant de Gazli dans l’Ouzbékistan ravitaille les villes et les usines du Sud et du Centre).

L’Oural est un énorme foyer sidérurgique. La production d’acier dépasse 30 Mt, fournis par quatre gigantesques combinats. L’industrie lourde a provoqué la polarisation de nombreuses autres branches : la mécanique lourde (pour l’industrie extractive et l’équipement de gros combinats) ; l’équipement électrique ; les moyens de transport. L’industrie chimique est liée à l’origine à la carbochimie, à la métallurgie de non-ferreux et au sel extrait dans la région de Perm (Solikamsk) ainsi qu’à la potasse. Elle doit se développer avec l’arrivée des hydrocarbures du Second-Bakou (à l’ouest) et du Troisième-Bakou (en Sibérie occidentale), régions avec lesquelles l’Oural est relié par un réseau déjà dense d’oléoducs et de gazoducs.

Dans la production globale de l’Union, l’Oural représente presque le tiers pour l’acier et la mécanique lourde ; le quart de la production d’engrais potassiques, ammoniaques et phosphatés (40 p. 100 de la soude) ; 15 p. 100 du matériel électrique ; plus du dixième des industries du bois.

Enfin, l’Oural présente les agglomérations urbaines les plus dynamiques. Sverdlovsk dépasse le million d’habitants (augmentation de près d’un tiers de 1959 à 1970), et la moitié de la valeur de la production industrielle est assurée par la construction de machines. C’est le plus grand centre culturel et scientifique de la région. Tcheliabinsk, avec 874 000 habitants, a accru sa population de plus d’un quart de 1959 à 1970. L’usine sidérurgique livre des aciers de qualité et des tubes. Les tracteurs, les automobiles, le matériel d’équipement constituent les branches les plus actives d’une agglomération autour de laquelle gravitent des centres miniers, comme Kopeïsk et Korkino, et des villes-dortoirs où se sont développées les premières grandes industries de transformation (textiles, usines agricoles et alimentaires). Enfin, Magnitogorsk, qui, avec 364 000 habitants, demeure le symbole de l’industrie ouralienne, n’a accru sa population que du sixième de 1959 à 1970 (les centres d’industries de transformation l’emportent sur les combinats de l’industrie lourde). La ville est le siège du combinat le plus puissant de l’Union, exploitant le minerai de la montagne dite « Magnétique » recevant 10 Mt de houille cokéfiable du Kouzbass* et produisant plus de 10 Mt d’acier.

A. B.