Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Ostie

En ital. Ostia, site archéologique et bourgade d’Italie, dans le Latium. L’antique Ostie était le port de Rome*, à l’embouchure du Tibre. Celui-ci ayant accru son delta, les ruines se situent aujourd’hui à une appréciable distance du littoral.


Des salines existaient dans la région depuis l’époque la plus reculée, et il en subsista jusqu’en 1875. On a fait remonter la fondation d’Ostie soit au débarquement légendaire d’Enée, soit à l’époque, guère moins légendaire, du roi Ancus Martius (viie s. av. J.-C.), qui en aurait fait la première colonie militaire de Rome. En réalité, les plus anciens vestiges, restes d’une citadelle bâtie en tuf, ne remontent qu’aux alentours de 338 av. J.-C. Dès le iiie s. av. J.-C., ce fut le port d’attache d’une flotte militaire. C’était aussi le lieu de débarquement d’une partie des blés destinés au ravitaillement de Rome. Aussi, la mainmise sur Ostie était un précieux avantage, un atout, en temps de guerre civile : elle fut saccagée par Marius (87 av. J.-C.) et restaurée par Sulla. Celui-ci lui donna une enceinte de remparts. Le port, fluvial, était médiocre, mal abrité. Il était d’usage d’alléger ici les bateaux qui remontaient ensuite le Tibre jusqu’à Rome. Encombré par les alluvions, le port fut accru d’un bassin artificiel, aménagé à quelques kilomètres au nord à partir de 42 par l’empereur Claude, par l’établissement de deux grandes digues dans la mer. Il devait constituer un avant-port pour le bassin hexagonal que Trajan allait ensuite creuser (100-106). L’ensemble, qui était relié au Tibre par un canal, prit le nom de Portus. Il a donné son nom au lieu-dit actuel de Porto, au milieu d’une plaine, où les travaux de Trajan ont à peu près seuls survécu sous la forme d’un petit lac. À proximité se voit le cimetière antique de l’Isola sacra, vaste nécropole des habitants du Portus (iie-ive s. apr. J.-C.), étalée en direction d’Ostie, et séparée d’elle par le Tibre ; le tracé de celui-ci a changé depuis l’Antiquité.

Ostie elle-même demeura prospère durant plusieurs siècles, tout au long de l’Empire. Il en reste 100 ha de ruines. Les monuments fouillés évoquent à la fois les activités commerciales et le cosmopolitisme. La grande place des corporations est entourée de dizaines de bureaux d’armateurs de tous pays, de bateliers, de calfats, cordiers, tanneurs, mesureurs de blé. Les entrepôts sont vastes, tels ceux, privés, d’Epagathianus. Les inscriptions évoquent la variété des corporations. Elles nous apprennent aussi que vivaient là plus d’affranchis de Grèce et d’Orient que d’Italie. Tandis que les divinités traditionnelles étaient les Dioscures, patrons des marins, et surtout Vulcain, de nombreux cultes confirment le caractère mêlé de la population : on a retrouvé plusieurs mithraea, un petit temple de Sabazios, un serapeum, un temple de la Grande Mère, un autre consacré à la Bonne Déesse, une synagogue du ier s., aux traces recouvertes par une autre, du ive s., une basilique chrétienne du ive s. et un oratoire consacré à la mémoire de martyrs. Le christianisme devait s’être implanté de fort bonne heure, bien que l’existence du siège épiscopal ne soit attestée qu’en 313. Ce siège, supprimé en 1150, a été restauré en 1914 au profit du doyen du collège des cardinaux. Autres édifices notables : le phare antique, sur la base duquel a été édifiée au xiiie s. la tour Bovacciana, les thermes (plusieurs), le théâtre, daté d’Agrippa et restauré plusieurs fois, un grand forum avec un capitole du iie s., la basilique, la curie, le temple de Rome et d’Auguste (ier s.), la caserne des vigiles, qui renferme un édicule de culte impérial.

Médiocrement fortifiée, de plus en plus démunie des ressources de l’activité portuaire, Ostie déclina à partir du ive s. La malaria la rendait insalubre, et les incursions des pirates contribuèrent à son abandon. Elle était en ruine, lorsque le pape Grégoire IV (827-844) y établit un petit poste fortifié qui est à l’origine du bourg moderne. Le Tibre s’était réduit à une lagune, avant de changer complètement de cours au xvie s.

Après avoir été longtemps pillée par les amateurs de colonnes, de statues et de pierres, Ostie fut l’objet de fouilles régulières à dater du pontificat de Pie VII. Ces fouilles n’ont pris toute leur ampleur qu’au xxe s. Elles ont permis de découvrir mieux qu’ailleurs certains aspects du décor urbain antique, comme les immeubles de rapport à étages.

R. H.

 J. Carcopino, Ostie (Laurens, 1930). / Scavi di Ostia (Rome, 1953-1961 ; 5 vol.). / R. Colza, Ostia (Florence, 1959). / R. Meiggs, Roman Ostia (Oxford, 1960).

Ostrava

Ville de Tchécoslovaquie, capit. de la province de la Moravie du Nord ; 280 000 hab.


L’un des plus gros centres industriels de la République tchécoslovaque, Ostrava est le principal noyau d’une agglomération fondée sur l’exploitation d’un bassin houiller de qualité (charbons cokéfiables), mis en valeur dès la première moitié du xixe s. L’extraction précoce, menée sous l’égide de sociétés autrichiennes et de propriétaires fonciers de la région, allait de pair avec celle du minerai de fer dans les Beskides. La production du coke et la sidérurgie ont commencé très tôt dans la seconde moitié du siècle, mais le gisement est loin d’être épuisé. Il renferme encore des réserves estimées à plus de 10 000 Mt jusqu’à une profondeur de 1 300 m. L’extraction se poursuit vers le sud en s’approfondissant. La production annuelle s’élève à 25 Mt (90 p. 100 du charbon cokéfiable de la Tchécoslovaquie).

Des cokeries géantes sont implantées sur place. Du charbon est en outre expédié vers les cokeries de Kladno, près de Prague, et de Košice, en Slovaquie-Orientale. Le coke est consommé sur place dans trois combinats sidérurgiques à cycle complet : l’ancien complexe de Vitkovice comprend six hauts fourneaux et une aciérie ; celui de Kunčice (Nowa Huta, « Nouvelle Usine ») a été construit à partir de 1949 en plusieurs étapes. Un troisième est en voie d’achèvement. La capacité totale s’élève déjà à 4 ou 5 Mt d’acier par an. Les gaz des hauts fourneaux sont brûlés dans des centrales thermiques dont la plus importante est Třebovice. D’autres usines chimiques (ammoniaque, engrais, goudrons) traitent le charbon extrait.