Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Orthoptères (suite)

Les Criquets, inaptes à se grégariser et dont les pullulations n’entraînent que la formation de foules non cohérentes, forment la grande majorité des espèces. Leur multiplication « effrénée » (parfois observée dans les régions arides ou semi-arides) aboutit purement et simplement à un accroissement de leur nombre, la concentration des individus n’étant pas nécessairement modifiée ; les dégâts qu’ils occasionnent à la végétation et aux pâturages sont de nature « abrasive », rappelant la coupe uniforme d’une tondeuse sur de vastes étendues.

Les Locustes sont les Acridiens aptes à se grégariser. Elles groupent une dizaine d’espèces de grands « voiliers » (Locustes pèlerine, migratrice, nomade, etc.) qui apparaissent en nuages immenses, se déplaçant sur des milliers de kilomètres et dévastant des continents entiers. Elles occasionnent une destruction « à l’emporte-pièce » : les grégaires concentrent leurs efforts sur des points déterminés. Les Acridiens « grégariaptes » sont des espèces polymorphes, qui possèdent l’aptitude à réagir aux modifications du milieu en prenant des formes, des couleurs, des caractères physiologiques et un comportement très différents. Ces formes, ou phases, constituent une série continue, les phases extrêmes solitaire et grégaire étant réunies par des formes intermédiaires (théorie des phases, énoncée par sir Boris Uvarov en 1921) [v. groupe (effet de)]. C’est l’« opportunisme écologique » qui marque de son empreinte le polymorphisme phasaire. La grande malléabilité physiologique des Acridiens grégariaptes leur permet en effet de faire face à tout moment à l’instabilité des conditions du milieu, de s’adapter à des conditions écologiques diamétralement opposées. Solitaire, la Locuste mène une vie essentiellement sédentaire et végétative, exploitant les richesses immédiatement disponibles d’un biotope normalement généreux. Relativement immobile, le solitaire fait corps avec son habitat ; il ne se déplace qu’à l’intérieur du biotope habituel et suit tous les déplacements de ce dernier ; son activité essentielle porte sur la reproduction. En groupe, la Locuste s’adapte aux biotopes les plus austères, par suite de la résistance et de la mobilité qu’elle acquiert. La survie des grégaires est en effet conditionnée par leur mobilité, celle-ci dépendant essentiellement de la cohésion des effectifs et de l’intensité de la stimulation mutuelle. La vie en groupe permet donc de coloniser de façon passagère un biotope interdit aux isolés. S’il n’existait que deux castes bien tranchées, la caste solitaire et la caste grégaire, les Insectes n’arriveraient sans doute pas à survivre lors d’une modification brusque des conditions écologiques. La grégarisation constitue une réponse, parmi d’autres, à l’instabilité du milieu et, notamment, à l’instabilité provoquée par l’Homme, qui exploite la terre et perturbe les habitats naturels. Des vols massifs d’Acridiens ont en effet lieu de nos jours chez des espèces jusqu’alors non reconnues aptes à se grégariser.

F. O. A.

➙ Grillons / Sauterelles.

 P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. IX (Masson, 1949 ; nouv. éd., 1965). / F. O. Albrecht, Polymorphisme phasaire et biologie des acridiens migrateurs (Masson, 1967).

os

Organe dur constitutif du squelette.


D’une structure histologique particulière, l’os est essentiellement formé par une matière protéique plus ou moins fibrillaire, imprégnée de composés phosphocalciques, base de sa dureté caractéristique.


La substance osseuse

L’os est constitué d’une substance fondamentale sur laquelle se déposent des sels calcaires. La substance fondamentale est une glyco-protéine, d’importance capitale, dont le groupement prosthétique est constitué par l’acide chondroïtine-sulfurique. Elle ne diffère des protéines de tous les tissus conjonctifs que par son affinité pour le calcium : c’est sur elle que se déposent les sels de calcaire et non sur les fibrilles. Les sels calcaires sont essentiellement le phosphate tricalcique, qui représente 60 p. 100 environ de la matière minérale, et le carbonate de calcium, qui en représente de 6 à 7 p. 100. Les autres sels sont des phosphates trimagnésiens, des chlorures et fluorures alcalins et alcalino-terreux. Les fibrilles forment une trame continue qui joue un rôle important dans la solidité du tissu. Au sein de tous ces constituants se trouvent les cellules de l’os. Ce sont : les ostéocytes, les ostéoblastes, les ostéoclastes. Les ostéocytes sont les cellules de la substance osseuse adulte. Ils sont logés dans des cavités lenticulaires nommées ostéoplastes. Leur cytoplasme est prolongé par des filaments qui s’anastomosent entre eux. Ces cellules adultes ne présentent pas de signes cytologiques de sécrétion. Les ostéoblastes sont les cellules qui interviennent dans la formation de la substance osseuse. Leur cytoplasme est uni par de nombreux prolongements aux ostéoblastes voisins. Il est le siège d’une activité métabolique intense. En effet, ces cellules président à l’édification de l’osséine, ou substance préosseuse. Les ostéoclastes interviennent dans la destruction de la matière osseuse. Ils sécrètent des substances lytiques à l’égard des os et des cartilages.

Le caractère fondamental de la substance osseuse est d’être en perpétuel remaniement. Il y a intrication de deux processus : formation d’os et résorption, que nous retrouvons à tout instant de la vie osseuse normale et pathologique. La formation de l’os débute par un remaniement des fibrilles, qui se multiplient et s’orientent en dessinant les lignes des futures travées osseuses. Un œdème apparaît, ainsi que des ostéoblastes. Puis les sels de calcaire se déposent, d’un seul coup, sans phase intermédiaire, sans surcharge progressive. En même temps, on note une grande activité enzymatique, en particulier phosphatasique. À cette élaboration osseuse participent des hormones, telle la folliculine, et des vitamines, telle la vitamine D. La résorption osseuse, qui s’équilibre avec la construction osseuse, comprend les phénomènes d’ostéolyse et d’ostéoclasie. L’ostéolyse est un phénomène purement chimique. L’os fond littéralement. L’ostéoclasie est la destruction de l’os, lente, par les ostéoclastes. À la résorption osseuse participe la parathormone (hormone parathyroïde).