Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

architecture (suite)

Après une courte période de formation (1122-1144) [Saint-Martin-des-Champs de Paris, Saint-Denis*, Sens*], le développement se poursuit pendant la seconde moitié du siècle : les cathédrales* auront en commun de vastes dimensions, une élévation intérieure à quatre étages (grandes arcades, tribunes, triforium ou oculus, fenêtres hautes), des voûtes sexpartites (branche d’ogive supplémentaire), un déambulatoire à chapelles rayonnantes, la variété apparaissant dans la conception du plan et l’équilibre des masses (forme du transept, plantation des clochers, etc.). On citera principalement les cathédrales de Noyon, de Laon* et de Paris*.

La cathédrale de Chartres* (1194-1260) ouvre la période de maturité. Le plan barlong (rectangulaire) remplace celui des voûtes sexpartites ; l’élévation passe de quatre à trois niveaux par suppression des tribunes, ce qui entraîne l’élévation des collatéraux et des grandes arcades, et permet d’agrandir les fenêtres ; le support devient la pile ronde cantonnée de quatre colonnes ; l’arc-boutant est prévu dès le départ.

Vers 1250, l’architecture gothique va chercher à se dépasser ; la virtuosité s’alliera à l’efflorescence du décor, qui finira par se détacher de la structure. Le gothique rayonnant (jusqu’à la fin du xive s.) verra s’accroître le percement des murs par de grandes baies et d’immenses roses ; le remplacement du trumeau en assise par un meneau en délit (raidisseur) va substituer la tension à l’élasticité des édifices du xiiie s. Le chef-d’œuvre qui prépare cette période est certainement la Sainte-Chapelle de Paris (consacrée en 1248), véritable lanterne où l’organisation savante des nerfs de pierre et le jeu des forces obligent à prévoir d’importants contreforts.

Dans la dernière période de l’architecture gothique, la technique tend de plus en plus à l’exceptionnel ; le décor « flamboyant » se surcharge, se complique de contre-courbes et devient indépendant de la structure (gables) ; la recherche du pittoresque conduit à l’irréalisme (Saint-Maclou de Rouen*).

L’architecture gothique connut une expansion considérable ; sortie de l’Île-de-France et de la Champagne, elle se répandit en Normandie, en Anjou, en Bourgogne, dans le sud-ouest de la France et aussi en Angleterre, dans le nord de l’Italie, dans la péninsule Ibérique, dans de nombreuses régions d’Europe centrale, dans les Pays-Bas, etc.


L’habitation médiévale

Certains types d’édifices n’évoluèrent presque pas (monastères [v. bénédictin (art) et cistercien (art)], logis ruraux), d’autres peu (maisons de ville), d’autres sensiblement (palais, châteaux*) ; l’évolution des châteaux forts est dictée par celle des armes.

Les palais germaniques ou les manoirs anglais ont en commun d’être la résidence d’un seigneur exploitant ses terres (Goslar, Wartburg, en Allemagne ; Oakham, en Grande-Bretagne) ; un trait constant et d’ailleurs ancien est la grand-salle (« curia », « aula », « hall »). À partir du xiie s., les bâtiments distincts en bordure de la cour vont tendre au groupement dans un bâtiment unique plus ou moins complexe. Ce parti unitaire était apparu bien avant dans les villes, où la place était mesurée (parcellaire médiéval caractéristique : rectangle avec le côté étroit sur la rue). Les maisons comportaient, outre la salle, des chambres, une cuisine, un cellier, des latrines et un puits lorsque c’était possible ; l’échoppe (marchands) ou l’« estude » (gens de robe et d’affaires) s’ouvrait sur rue ; la « voûte » servait à renfermer les objets précieux (dans une tour pour les maisons nobles).

Un nombre considérable de maisons du Moyen Âge possédaient une structure « active » en bois, avec remplissage inerte. Tout le système repose sur l’alliance de poteaux et de sablières avec des pièces maintenues indéformables et en équilibre, travaillant en extension et en compression, y compris la charpente de toiture. Ce « pan de bois » était rempli, suivant les ressources, par du torchis, des briques, des moellons, ou enrobé de planches (pays Scandinaves, Russie). Dans les villes médiévales, les étages s’encorbelleront ; le manque de lumière conduira à multiplier les logettes en saillie, et le manque de place à aménager le grenier en « retroussant l’entrait ».


La Renaissance (1425-1600)

La Renaissance* se manifesta en architecture (d’abord en Italie) par l’interprétation de l’Antiquité, les érudits humanistes ayant « retrouvé » le traité de l’architecte romain Vitruve*.

La découverte de la perspective, capitale pour les arts plastiques, modifia la conception des « effets », notamment par des jeux de trompe-l’œil. Parmi les emprunts à l’Antiquité, le plus important est celui des ordres*, en général librement interprétés. L’influence antique s’exerça d’abord sur le décor, avant que des traités ne prennent en compte à la fois Platon et les lois mathématiques.

Ce qui est original, au moment où l’on plaque des ordres classiques sur des structures médiévales, c’est une nouvelle conception du volume intérieur, qui va se développer horizontalement (différence avec le Moyen Âge) ; c’est le traitement des murs, dont le nu retrouvera une valeur négligée avec de nouveaux modelés de la surface ; c’est le remplacement des flèches aiguës par des dômes massifs. Ce qui est capital, c’est que, du traité de Vitruve, Alberti*, Vignole*, Palladio* et d’autres aient déduit un système qui fait apparaître les relations modulaires, auxquelles s’ajoutent les relations arithmétiques et les tracés géométriques. De plus, la pratique constante des modèles en bois facilitera le maniement des volumes.


Italie

La création des formes se produit dans la première moitié du xve s. : l’hôpital des Innocents de Brunelleschi*, à Florence*, est la première grande œuvre de la Renaissance.

L’aspect de forteresse des palais florentins s’amenuise du palais Pitti (Brunelleschi) au palais Riccardi (Michelozzo, 1396-1472) et disparaît au palais Rucellai (Alberti). L’application d’un arc de triomphe à une façade (temple des Malatesta à Rimini, par Alberti) crée une ordonnance nouvelle, que, désormais, l’on retrouvera.