vrai

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin verus.

Philosophie Générale, Logique

Valeur que prennent des propositions ou des corps théoriques lorsque leur contenu est jugé consistant d'une part et adéquat aux choses d'autre part.

Dans la logique aristotélicienne, qui a fixé pour l'histoire de la philosophie classique la valeur classique des parties du discours, le vrai est une propriété des jugements et d'eux seuls(1). Les jugements, composés par un sujet, une copule d'attribution et un prédicat, sont des propositions particulières en ce sens qu'ils répondent au principe de non contradiction : ils sont soit vrais, soit faux. Cette dichotomie est tranchée soit en fonction de la consistance interne du raisonnement (dans le cas du syllogisme), soit en fonction d'une connaissance déterminée de l'univers dans lequel les propositions concernées prennent place. « Bouc-cerf » n'est ni vrai ni faux, mais peut entrer dans un logos apophantikos, une proposition susceptible d'être vraie. En revanche aucun univers connu n'offre aux sens la possibilité de saisir un tel être, qui ne peut dès lors être valide au regard d'un raisonnement syllogistique en usage dans la physique aristotélicienne. Dans cette distinction nous reconnaissons toute la différence qui existe entre l'apophantique formelle et le syllogisme scientifique, où chaque terme doit être validé par la sensation ou par la référence aux notions communes (koina ennoia). Cette valeur de vérité, qui doit être validée soit par la déduction formelle, soit par l'évidence d'une expérience adéquate à l'objet jugé comme « vrai », est le socle de la logique classique – Hegel(2) dirait : des pensées abstraites d'entendement.

Le vrai est dans une relation simple de négation par rapport au faux et toute la logique qui dérive de ce rapport fondamental est dite classique, par opposition aux logiques non-standard dans lesquelles un coefficient de probabilité peut se substituer aux valeurs binaires que peuvent prendre les jugements dans le calcul des propositions ou dans celui des prédicats.

Fabien Chareix

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Aristote, De l'interprétation, Organon, Trad. Tricot, Paris, Vrin, 1995.
  • 2 ↑ G.W.F. Hegel, Préface à la Phénoménologie de l'esprit, Paris, Aubier, 1946.

→ apophantique, faux, syllogisme, vérité