vitalisme

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


De « vital », qui a rapport à la vie.


Entre l'explication du vivant par un seul principe, l'âme, et l'explication mécaniste de l'animal machine, émerge le vitalisme, philosophie modérée, n'ignorant pas les deux précédentes, imprégnée de physique newtonienne, érigeant en principe une force vitale.

Biologie

Doctrine des vitalistes.

Th. de Bordeu (1722-1776), médecin de Montpellier, dote les glandes d'une vie propre, et leur admet la sensibilité et la motilité, la vie se traduisant par l'ensemble des sécrétions glandulaires.

P.-J. Barthez (1734-1806) récuse les multiples vies de Bordeu et fait du principe vital un principe unique régissant la vie animale.

X. Bichat (1771-1801), disciple du précédent, développe le vitalisme en le fondant sur des observations et expériences qui l'amènent à structurer l'organisme en unités élémentaires : les tissus. Pour Bichat, la vie, décomposée en organique et animale, « est l'ensemble des fonctions qui s'opposent à la mort ».

La vie organique, ou végétative, régit l'organisation par la nutrition (composition) et par l'excrétion (décomposition) ; tandis que la vie animale, ou de relation, est le domaine de l'intellect (sensibilité extérieure, mouvement volontaire et propriétés intellectuelles) grâce à la sensibilité et à la motricité.

Le cœur est le centre de la vie organique, et le cerveau, celui de la vie animale, mais le principe vital est partout dans le corps.

L'« anatomie générale » confère aux tissus les propriétés vitales, il fonde ainsi l'histologie (de histos, « tissu »).

Le vitalisme connut un franc succès, certainement par sa position modérée face aux perspectives mécanistes (cartésiennes) et animistes (stahliennes).

La critique de Lamarck (1744-1829), attribuant la vie à des phénomènes physico-chimiques, est masquée par son transformisme. Magendie (1783-1855) et Bernard (1813-1878) opposeront vitalisme et méthode expérimentale, celle-ci étant la seule qui permet la mise au jour de la physiologie.

Certains travaux de cytologie et d'histologie du début du xxe s. laissent apparaître les notions de matière vivante et d'énergie vitale, et font de la cellule le siège d'une activité vitale ; ils rejoignent en cela le « néovitalisme » de l'embryologiste allemand Driesch (1867-1941).

Cédric Crémière

Notes bibliographiques

  • Bichat, X., Recherches physiologiques sur la vie et la mort (première partie) (1800), Garnier-Flammarion, Paris, 1994.
  • Cimino, G., Duscheneau, F. (dir.), Vitalism. From Haller to the Cell Theory, Colloque de Sarrogosse, Firenze, Leo S. Olschki, 1997.
  • Rey, R., « Naissance et développement du vitalisme en France, de la seconde moitié du xviiie s. à la fin du premier Empire », thèse de doctorat (histoire), université de Paris-I, 1987.
  • Roger, J., les Sciences de la vie dans la pensée française au xviiie s. (1963), Albin Michel, Paris, 1993.

→ âme, irritabilité, mécanisme, mort, sensualisme