usage / mention

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».

Linguistique

Distinction entre deux modes d'apparition des signes linguistiques dans le discours, selon qu'ils contribuent à un acte de langage par leur signification (usage), ou qu'ils exemplifient certaines de leurs propriétés comme signes (mention).

Ainsi, le nom propre « Paris » se trouve utilisé dans la phrase « Paris est la capitale de la France », puisqu'il contribue par sa référence au contenu de l'assertion. Il est en revanche mentionné dans la phrase « “Paris” est un mot de cinq lettres ». Dans cette phrase, le nom n'apparaît pas pour référer à la ville de Paris, mais pour exemplifier certaines de ses propriétés. Cette distinction reflète la nature duale des signes. Il n'y a signe que s'il existe une chose qui représente, une chose représentée, et un rapport de représentation entre ces deux choses. Le signe peut donc renvoyer dans certaines occurrences à ce qu'il représente (usage), et apparaître comme chose qui représente dans d'autres occurrences (mention). Les empiristes logiques ont utilisé cette distinction pour tenter de dissiper ce qu'ils considéraient comme de faux problèmes. Pour Carnap(1), il convient ainsi de réinterpréter certaines phrases dans lesquelles les signes semblent utilisés comme des phrases dans lesquelles ils se trouvent en fait mentionnés. Ainsi, l'énoncé « 7 est un nombre » doit être analysé comme voulant dire rigoureusement « le signe “7” est une expression numérique ». De la sorte, l'analyste se guérit de l'illusion selon laquelle un tel énoncé exprimerait un fait portant sur de mystérieuses entités numériques, et du faux problème qui l'accompagne, à savoir : comment de tels faits pourraient-ils être connus indépendamment de l'expérience ?

Pascal Ludwig

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Carnap, R., The Logical Syntax of Language, Londres, Routledge, 1964 (6e éd.).

→ citation, référence