présupposition

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin prae, « avant », et supponere, « mettre dessous », « faire une hypothèse ».

Linguistique

Proposition associée à un énoncé, qui doit être vraie pour que ce qui est dit par l'énoncé puisse être évalué comme vrai ou faux.

Frege a été le premier à remarquer que la présupposition d'un énoncé reste fixe même lorsqu'on nie l'énoncé : les présuppositions des énoncés (1) « Kepler est mort dans la misère » et (2) « Kepler n'est pas mort dans la misère » sont les mêmes, à savoir qu'il existe un individu nommé Kepler. Frege soutient qu'il est nécessaire de distinguer le contenu présupposé par une phrase du contenu asserté, en raison du comportement particulier de la présupposition relativement à la négation(1). Selon lui, (1) n'est pas fausse si la présupposition n'est pas satisfaite ; elle est comme (2) dénuée de valeur de vérité dans une telle situation. Russell développe dans sa théorie des descriptions une approche alternative à celle de Frege(2). Selon lui, l'énoncé (3) « l'actuel roi de France est chauve » n'est pas dénué de valeur de vérité, mais bel et bien faux s'il n'existe pas de roi de France actuellement. Sa négation est vraie s'il n'existe pas de roi de France actuellement, ou bien s'il en existe un qui n'est pas chauve.

Pascal Ludwig

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Frege, G. (1882), Écrits logiques et philosophiques, trad. C. Imbert, Seuil, Paris, 1971.
  • 2 ↑ Russell, B., « On denoting », Mind (1905), repr. in Écrits de logique philosophique, trad. J.-M. Roy, PUF, Paris, 1989.

→ implicature, pragmatique