politeia

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Substantif grec signifiant « citoyenneté », « ensemble des citoyens », « politique », « constitution », « république », de polis, « ville », « cité », « État ». Le latin a recours à deux termes : civitas et respublica, afin de restituer les différents sens de politeia.

Philosophie Antique, Politique

Notion concernant l'individu dans son rapport au collectif, en tant donc qu'il est membre de la polis ou aspire à l'être. Elle peut désigner en ce sens le droit de cité ou même la nationalité ; l'ensemble des droits et devoirs du citoyen ; sa vie même, en tant que citoyen, au sein de la cité. Mais le terme désigne aussi l'ensemble des citoyens qui constituent une ville ou un État. Politeia au sens de politique désigne la participation aux affaires de l'état, la constitution d'un état, un type de régime politique et, plus particulièrement, le gouvernement des citoyens par eux-mêmes, qu'il s'agisse d'une démocratie(1) ou, de manière plus large, d'une république.

Le terme grec politeia revêt une importance particulière, non seulement en raison de l'ampleur de son registre sémantique, mais aussi et surtout en raison du respect quasi religieux dont il fait l'objet dans l'Antiquité classique.

Il apparaît chez Hérodote avec le sens individuel de « droit de cité », que ce droit soit conféré par la naissance ou obtenu par décret(2). Il implique non seulement l'appartenance à une communauté, mais aussi la participation active aux affaires de la cité. Dans l'oraison funèbre qu'il prononce à la mémoire des premières victimes de la guerre du Péloponnèse, Périclès fait avant tout l'éloge de la politeia des Athéniens, désignant ainsi leur constitution politique spécifique : la démocratie(3). Le terme politeia, au sens large de constitution ou gouvernement, est au centre des réflexions théoriques sur le politique, tantôt sous la forme d'élaboration de constitutions – Protagoras, législateur de la colonie grecque de Thurioi, aurait écrit un ouvrage, Peri politeias(4) ; sous le titre de Politeia (la République), Platon décrit une cité idéale –, tantôt sous la forme de recensement méthodique des constitutions existantes – tâche, dit-on, réalisée par Aristote et ses élèves –, tantôt, enfin, sous la forme d'une interrogation sur l'essence même de la politeia, mise en œuvre par Platon, mais aussi par Aristote, notamment au livre III de la Politique, qui, après avoir défini la cité et le citoyen, pose la question de la nature même de la politeia et de l'excellence politique.

Annie Hourcade

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Aristote, Politique, III, 7, 1279 a 37-39.
  • 2 ↑ Hérodote, L'Enquête, IX, 33-34, Gallimard, La Pléiade, Paris, 1964.
  • 3 ↑ Thucydide, Guerre du Péloponnèse, II, 37, Gallimard, La Pléiade, Paris, 1964.
  • 4 ↑ Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, IX, 55, trad. sous la direction de M.-O. Goulet-Cazé, Le Livre de Poche, « La Pochothèque », Paris, 1999.
  • Voir aussi : Aubenque, P., (dir.), Tordesillas, A. (éd.), in Aristote politique, Études sur la Politique d'Aristote, PUF, Paris, 1993.
  • Bodéüs, R., le Philosophe et la Cité, Les Belles Lettres, Paris, 1982.
  • Bordes, J., Politeia dans la pensée grecque jusqu'à Aristote, Les Belles Lettres, Paris, 1982.
  • Rodrigo, P., « D'une excellente constitution. Note sur politeia chez Aristote », in Revue de philosophie ancienne, no 5, 1987, pp. 71-93.

→ démocratie, politique