indexicaux

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin index, « celui qui montre, qui indique ».

Linguistique, Philosophie de l'Esprit

Termes dont la référence dépend du contexte de renonciation des phrases dans lesquelles ils figurent.

Ainsi, les termes « je » et « tu » sont des indexicaux en français. La phrase « j'ai raison et tu as tort », dans laquelle ils apparaissent, exprime des propositions contradictoires selon qu'elle est énoncée par Jean s'adressant à Jacques, ou qu'elle est énoncée par Jacques s'adressant à Jean. C'est A. Burks qui inaugure en 1949 la réflexion sur les indexicaux(1). En s'inspirant de la tripartition peircéenne des icônes, des indices et des symboles, Burks analyse les différentes propriétés d'un énoncé contenant des indexicaux. Lorsqu'on considère un tel énoncé, il faut au moins distinguer entre l'occurrence particulière des signes indexicaux, qui a lieu à un certain moment, dans un certain contexte, et le type linguistique auquel chacun appartient. Au type se trouve associée conventionnellement une signification linguistique qui détermine la référence de l'occurrence en fonction de relations que cette occurrence entretient avec le contexte. Ainsi, une règle linguistique associée à « je » conçu comme un signe d'un certain type indique que la référence de toute occurrence du symbole n'est autre que le locuteur de la phrase dans laquelle il apparaît. Burks distingue d'autre part entre la signification linguistique associée aux types d'indexicaux et la contribution que chaque occurrence de ces signes apporte en contexte à l'information véhiculée par les énoncés. D. Kaplan opère une distinction semblable dans sa logique des indexicaux(2). Il souligne que des phrases exprimant des propositions identiques, comme « Je suis ici maintenant » énoncée par Kaplan à New York le 12 / 04 / 89, et « David Kaplan était à New York le 12 / 04 / 89 » possèdent des propriétés épistémiques très différentes. La première semble trivialement vraie, au moins du point de vue du locuteur, contrairement à la seconde. La distinction entre la signification conventionnelle associée au type et l'information propositionnelle créée par l'utilisation du signe dans un contexte permet d'apporter une solution à ce problème : les deux phrases possèdent des significations linguistiques différentes, que Kaplan nomme des caractères, et peuvent donc jouer des rôles distincts dans la pensée, bien qu'elles possèdent en contexte les mêmes conditions de vérité. L'importance du phénomène de l'indexicalité pour des problèmes tels que celui de la première personne, ou des relations entre pensée, perception et action, est reconnue depuis les travaux de D. Lewis(3) et de J. Perry(4).

Pascal Ludwig

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Burks, A., « Icon, Index and Symbol », Philosophical and Phenomenological Research, 9, (4), 673-89, 1949.
  • 2 ↑ Kaplan, D., « Demonstratives », in Almog, J., Perry, J. et Wettstein, H., (dir.), Themes from Kaplan, New York, Oxford University Press, 1989.
  • 3 ↑ Lewis, D., « Attitudes de dicto and de se », The Philosophical Review, 88, 513-43, 1979.
  • 4 ↑ Perry, J., The Problem of the Essential Indexical, New York, Oxford University Press, 1993.

→ contexte, pragmatique, sémantique