exotérique

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


De l'adjectif grec exoterikos, « du dehors, extérieur ».

Philosophie Antique

Dans la philosophie aristotélicienne, qualification attribuée principalement à un écrit ou un enseignement destiné à un public large.

Le qualificatif « exotérique » peut renvoyer, chez Aristote, aux dialogues publiés, par opposition à l'enseignement ou aux écrits acroamatiques, les premiers relevant plutôt du genre rhétorique, contrairement aux seconds, de nature démonstrative. Mais le terme peut aussi faire référence à un type d'enseignement non sélectif au sein de l'École – par opposition à celui qui est réservé aux disciples confirmés –, et même à des conceptions extérieures à l'École.

Cicéron qualifie d'« exotériques » des livres destinés au public, par opposition à des écrits plus approfondis, laissés à l'état de notes(1), et ce fut longtemps l'interprétation la plus répandue du terme. La diversité de ces occurrences dans les écrits d'Aristote empêche cependant de lui assigner cette seule signification. Il peut faire référence à des écrits d'Aristote destinés au public extérieur(2), mais aussi à des débats ou à des écrits extérieurs au Lycée(3) ; signifier « extérieur à la question »(4) ; désigner à un type précis d'argumentation qui se fonde sur l'opinion(5). Aulu-Gelle appelle « exotériques » des auditions destinées, dans le cadre du Lycée, à un public non sélectionné(6) ; il les oppose aux exercices « acroatiques », s'adressant à des disciples choisis. Jamblique utilise le terme « exotériques » pour désigner « les gens de l'extérieur » vis-à-vis desquels les disciples de Pythagore doivent conserver secret l'enseignement du maître(7).

Annie Hourcade

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Cicéron, De finibus, V, 5, 12, « Des termes extrêmes des biens et des maux », tr. J. Martha (1930), Les Belles Lettres, Paris, 1999, vol. II.
  • 2 ↑ Aristote, Politique, III, 1278 b 31, tr. J. Aubonnet, Les Belles Lettres, Paris, 1971, vol. II, 1.
  • 3 ↑ Aristote, Éthique à Nicomaque, I, 13, 1102 a 26, tr. J. Defradas, Pocket, Paris, 1992.
  • 4 ↑ Aristote, Politique, I, 1254 a 33, op. cit., vol. I.
  • 5 ↑ Aristote, Physique, IV, 217 b 30, tr. H. Carteron (1926), Les Belles Lettres, Paris, 1996, vol. I.
  • 6 ↑ Aulu-Gelle, Nuits attiques, XX, 5, tr. Y. Julien, Les Belles Lettres, Paris, 1998, vol. IV.
  • 7 ↑ Jamblique, Vie de Pythagore, 32. 226.

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