chambre chinoise (argument de la)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».

Philosophie de l'Esprit, Sciences Cognitives

Argument visant à montrer les limitations du modèle computationnel de l'esprit, et spécifiquement à réfuter certaines prétentions de l'intelligence artificielle.

Cet argument, dû à J. Searle(1), doit son nom à une parabole mettant en scène un individu ne parlant pas chinois, qui est enfermé dans une pièce, et qui a pour tâche de manipuler des ensembles de symboles chinois en suivant des règles définissant un programme de questions et réponses en chinois. Searle souligne que même si pour un observateur extérieur les performances de ce système sont indistinguables de celles d'un authentique locuteur du chinois, l'individu enfermé qui manipule les symboles en fonction seulement de leur forme ne comprend pas le chinois. Si le comportement des programmes d'ordinateurs est déterminé par leurs seules propriétés formelles ou syntaxiques, l'esprit a lui des propriétés sémantiques. Par cette parabole, Searle veut illustrer le fait que la syntaxe ne suffit pas à la sémantique. Il entend ainsi réfuter la thèse de l'intelligence artificielle « forte », qui soutient que l'esprit est un programme informatique implémenté par le cerveau.

Élisabeth Pacherie

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Searle, J., « Esprit, cerveaux et programmes », in D. Hofstadter et D. Dennett (éd.), Vues de l'esprit, trad. J. Henry, InterÉditions, Paris, 1987, pp. 354-373.

→ fonctionnalisme, intelligence artificielle, sémantique