abduction

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin abducere, « tirer », et de l'anglais abduction.

Philosophie Cognitive, Logique

Terme introduit par C. S. Peirce pour désigner le processus de formation des hypothèses.

Peirce(1) appelle « abduction » un processus créatif de formation des hypothèses, par des raisonnements du type : le fait surprenant C est observé ; mais si A était vrai, C irait de soi ; il y a donc des raisons de soupçonner que A est vrai. L'abduction se distingue de la déduction et de l'induction quantitative, qui généralise à partir du particulier, mais elle est proche de l'induction qualitative, qui comporte un élément de « devinette » (guessing). C'est une inférence « ampliative », qui augmente notre connaissance, une des espèces de l'épagôgè aristotélicienne. Inférence logique, l'abduction est aussi liée à l'instinct : elle permet de deviner, et de deviner juste. Introduisant à des idées nouvelles, elle a valeur explicative, d'où son importance, aux côtés de la déduction et de l'induction auto-correctrice, dans l'économie (réaliste) de la recherche et de la connaissance, qui reste foncièrement conjecturale et faillible.

En philosophie des sciences, Popper(2) a repris la notion d'abduction comme élément essentiel de la logique de la découverte scientifique. On la désigne souvent sous le nom d' « inférence à la meilleure explication ». Ce type de raisonnement a été particulièrement étudié en Intelligence artificielle, où il sert en particulier aux méthodes d'inférences à partir de diagnostics.

Claudine Tiercelin

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Peirce, C. S., Collected Paper, (8 vol.), Harvard University Press, 1931-1958.
  • 2 ↑ Popper, K., Conjectures et réfutations, trad. Complexe, 1986.
  • Voir aussi : Charniak, E., et McDermott, D., Artificial Intelligence, Addison Wesley, New York, 1985.

→ confirmation (théorie de la), conjecture, hypothèse, induction