Aung San Suu Kyi

Aung San Suu Kyi
Aung San Suu Kyi

Femme politique birmane (Rangoon 1945).

Fille de Aung San, héros de l'indépendance birmane assassiné en 1947, elle est élevée en Birmanie puis en Inde et poursuit ses études à Oxford. Elle est diplômée de philosophie, de sciences politiques et d’économie. De retour dans son pays (1988), elle s'engage dans la lutte pour la démocratie et participe, avec quelques amis, à la création, en septembre 1988, de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), dont elle devient la secrétaire générale.

1. Lutte non violente et première victoire de la LND

Influencée par la philosophie et les idées du Mahatma Gandhi et de Martin Luther King, plébiscitée par la population, l'opposante birmane prône la non-violence pour renverser le régime en place et propose des réformes pour installer durablement la démocratie en Birmanie. Arrêtée en juillet 1989, elle est placée en résidence surveillée. Lors des élections législatives de mai 1990, la LND remporte une victoire écrasante (plus de 80 % des voix, soit 392 sièges sur 485) mais la junte militaire refuse le scrutin et annule les résultats.

Lauréate du Prix Sakharov pour la liberté de pensée et du Prix Rafto des droits de l’homme (1990), elle reçoit l'année suivante le Prix Nobel de la Paix pour ses actions non-violentes en faveur de la démocratie.

2. L’assignation à résidence

Libérée en 1995, Aung San Suu Kyi reste soumise à l'étroit contrôle des autorités : assignée en résidence surveillée de 2000 à 2002 et depuis 2003, date à partir de laquelle elle est également maintenue en quasi-isolement. Bien qu'elle bénéficie d'un important soutien international (l'opposante est autorisée à rencontrer à deux reprises, en 2004 et en 2006, des envoyés spéciaux des Nations unies), la junte militaire rejette toute demande de sa libération.

Transférée en mai 2009 à la prison d'Insein, au nord de Rangoun, et jugée à huis clos à la suite de la brève intrusion d’un citoyen américain au sein de sa résidence, Aung San Suu Kyi est condamnée par la junte à 3 ans d'emprisonnement et de travaux forcés, peine commuée en 18 mois de détention à son domicile. Son appel ayant été rejeté, elle demeure de facto exclue de la scène politique pour les élections générales de novembre 2010.

3. Vers la libéralisation du régime militaire

Pour avoir refusé de se plier aux exigences de la junte et décidé de boycotter ces élections, la LND est officiellement dissoute mais certains de ses dirigeants la quittent pour fonder la Force démocratique nationale, qui se présente au scrutin. Les militaires ayant gardé la haute main sur cette consultation et sur l’évolution du régime après l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2008, Aung San Suu Kyi est libérée le 13 novembre 2010. Prenant acte de la timide ouverture politique dont fait preuve le nouveau gouvernement « civil » formé en mars 2011, elle décide, de même que la LND, de réintégrer la vie politique dans l’espoir de contribuer à la libéralisation du régime. Alors que son parti remporte largement les élections législatives partielles d’avril 2012, elle est ainsi élue députée dans la région de Yangon. (Prix Nobel de la paix 1991.)

4. La seconde victoire de la LND

En novembre 2015, à la suite de la progressive ouverture du régime, qui a entraîné la levée des sanctions internationales, son parti remporte largement les élections législatives. Étant veuve de l’historien Michael Aris et ayant deux fils de citoyenneté britannique, elle ne peut briguer la présidence, faute d’une suppression de la clause spéciale de l’article 59 de la Constitution interdisant à un Birman marié à un étranger ou ayant des enfants étrangers d’accéder à la magistrature suprême. Elle laisse ainsi l’un de ses plus proches compagnons de lutte, Htin Kyaw, accéder à cette fonction en mars 2016.

Pour en savoir plus, voir l'article Birmanie.

Aung San Suu Kyi
Aung San Suu Kyi
  • 1990 En Birmanie, les militaires gardent le pouvoir malgré la victoire de l'opposition aux élections.
  • 2012 Aung San Suu Kyi, élue députée, réintègre progressivement le jeu politique (1er avril).