Phinée

Persée présente le bouclier à tête de Méduse à Phinée et ses hommes.
Persée présente le bouclier à tête de Méduse à Phinée et ses hommes.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

1. Rival malheureux de Persée auprès d'Andromède.

Fils de Bélos et d'Anchinoé, Phinée, ou Agénor, est amoureux de sa nièce Andromède, qui du reste, lui a été promise en mariage. Mais après que la jeune fille est arrachée à la mort par Persée, c'est avec ce dernier qu'elle célèbre ses noces. Phinée, jaloux, attaque son rival. Mais lui et ses hommes, après un combat qui tourne pourtant en leur faveur, sont pétrifiés par la tête de Méduse brandie par Persée.

Voir aussi : Persée

2. Devin, conseiller des Argonautes.

Fils du roi de Phénicie Agénor, ou de Poséidon, le devin Phinée est lui-même souverain de Salmydessos, en Thrace. Il épouse la fille de Borée, Cléopâtra, qui lui donne deux enfants : Plexippos et Pandion. Après la mort de Cléopâtra, il épouse Idœa, qui ne peut supporter ses beaux-fils ; aussi imagine-t-elle de raconter à son mari qu'ils ont essayé de la violer. Phinée, incapable de tolérer un affront pareil, crève les yeux de ses enfants. Zeus, qui veut le châtier, lui offre de choisir entre mourir et perdre la vue. Phinée veut vivre. Ce choix déplaît à Hélios ; il se venge de Phinée en lui dépêchant les Harpyes, qui se mettent dès lors à souiller ses plats. Quant aux enfants, Asclépios leur redonne la vue mais il est lui-même, pour cet acte, foudroyé par Zeus.

Voir aussi : Pandion (Variante 3)

À l'arrivée des Argonautes, Phinée se doute que la fin de ses épreuves est proche. Après avoir écouté la liste de ses malheurs, s'être assurés qu'ils n'encourront pas le courroux des dieux, Zétès et Calaïs le délivrent des Harpyes ; en retour, Phinée met à la disposition des compagnons de Jason ses dons de prophétie ; il leur dévoile les aventures qui attendent l'expédition, leur montre en autres comment dépasser les Symplégades (défilé des Cyanées) en lançant une colombe : il leur conseille de faire voler l'oiseau au milieu des rochers ; s'ils la voient traverser saine et sauve, alors eux aussi peuvent se risquer à passer. Mais si elle échoue, il est préférable d'éviter toute tentative. Sachant cela, les Argonautes reprennent la mer. Et quand ils sont en vue des Symplégades, de la proue ils libèrent la colombe ; elle réussit à voler jusque de l'autre côté, ne laissant pincer, quand les deux rochers se referment, que l'extrémité de sa queue. Alors les Argonautes attendent que les Symplégades s'ouvrent à nouveau, puis, en ramant de toutes leurs forces (avec l'aide d'Héra), ils franchissent le défilé avant qu'il se resserre de nouveau : seule l'extrémité de l'aplustre est endommagée. Depuis lors, les Symplégades sont immobiles : c'était en effet le destin que, si un navire réussissait à les franchir, ces rochers ne bougeraient plus.

Variantes

I. Quand les Argonautes (parmi lesquels figure Héraclès) font escale en Thrace, ils rencontrent deux jeunes hommes qui ont été chassés de leur patrie ; leur corps, alourdi de chaînes, porte encore les marques des coups de fouet qu'ils ont reçus. Ces jeunes gens sont les fils de Phinée et de Cléopâtra. Mais Phinée s'est remarié avec Idæa, la fille de Dardanos, le roi des Scythes ; et il est si amoureux de sa nouvelle épouse qu'il lui est entièrement soumis. Elle le persuade que, pour faire plaisir à leur mère encore vivante, ils ont cherché à la violer. Phinée, dès lors, punit avec rudesse ses deux enfants. Quand ces derniers aperçoivent les Argonautes, ils les invoquent comme des dieux, les suppliant de les débarrasser de leur misère. Mais Phinée accourt alors, sommant les étrangers de se mêler de leurs affaires, ajoutant que le châtiment qu'il a infligé à ses enfants équivaut au forfait dont ils se sont rendus coupables. Or, parmi les Argonautes, il y a Zétès et Calaïs, et ils sont les frères de Cléopâtra. Aussi secourent-ils aussitôt ces deux jeunes gens qui sont leurs parents. Ils les délivrent de leurs chaînes, tuant tous ceux qui cherchent à s'opposer à cette délivrance. Phinée prend alors les armes contre les Argonautes et un grand nombre de Thraces se joignent à lui. Héraclès fait un carnage et tue Phinée. S'étant ensuite rendu maître de la cité, il libère Cléopâtra qu'il rend à ses enfants ; puis, à ceux-ci, il donne le royaume de leur père. Comme les enfants de Phinée veulent mettre à mort Idæa leur belle-mère, Héraclès les convainc de n'en rien faire, de la renvoyer en Scythie, chez son père, auquel ils demanderont de la punir pour les crimes qu'elle a commis. Les enfants suivent le conseil d'Héraclès, et Dardanos condamne sa fille à mourir.

II. Le don de prévoir l'avenir est accordé à Phinée par Apollon. Et c'est parce qu'il révèle aux mortels les secrets de Zeus que ce dernier, irrité, le condamne à une éternelle vieillesse, le prive de la vue et fait en sorte qu'il ne puisse jamais se rassasier d'aucun mets.

III. Phinée devient aveugle pour avoir aidé Phrixos à échapper à Ino qui désire sa mort ; ou bien encore pour avoir préféré la cécité à la mort.

IV. Zétès et Calaïs rendent la vue aux enfants et aveuglent leur père pour le châtier. Borée se charge ensuite de l'exiler : il le prend dans les tourbillons de ses tempêtes, le fait rouler au plus fort des forêts de Bistonie pour qu'il y accomplisse son destin et qu'il meure.

V. Sans en préciser la raison, Apollodore mentionne une source qui fait des Argonautes les complices des Boréades quant à l'outrage commis sur Phinée.

VI. Les deux enfants de Phinée s'appellent Polymède et Clytios. Lorsqu'ils égorgent Phrygia, la nouvelle femme de Phinée, Cléopâtra ne peut s'empêcher d'applaudir à ce châtiment mérité.

VII. Les fils de Phinée s'appellent Térymbas et Aspondos, et sa deuxième femme Idothée ; c'est elle qui leur crève les yeux, ou Cléopâtra elle-même que le second mariage de son époux a rendue furieuse de jalousie.

VIII. Phinée règne sur la Péonie. Il perd la vue en devenant vieux et ses fils meurent. Deux filles lui restent, Érasia et Harpyrie ; elle se montrent si dépensières qu'elles finissent par réduire à néant le patrimoine de leur père. Les gens disent alors : « Pauvre Phinée ! les Harpyes dissipent ses richesses ! » Ses voisins, Zétès et Calaïs, le prennent en pitié ; ce sont les enfants de Borée – qui est un homme et non un vent. Ils chassent les filles de la ville et confient la santé du roi à un médecin thrace.

Voir aussi : Harpyes, Harpyrie

Persée présente le bouclier à tête de Méduse à Phinée et ses hommes.
Persée présente le bouclier à tête de Méduse à Phinée et ses hommes.